Des salariés, personnel navigant de Lufthansa, seraient impliqués dans un vaste trafic de fausses pièces de monnaie dont les ramifications vont jusqu'en Chine. Le préjudice s'élève à 6 millions d'euros selon les enquêteurs. C'est en août dernier à l'aéroport international de Francfort que les douaniers ont eu la puce à l'oreille. Dans les bagages d'une hôtesse de l'air dont le poids leur semblait excessif, ils ont découvert plusieurs milliers de pièces abîmées de un et deux euros. L'enquête aboutira au démantèlement d'un réseau de faux monnayeurs dont les ramifications allaient jusqu'en Chine, selon le Bild-Zeitung du 7 avril. Les faux-monnayeurs ont exploité de 2007 à 2010 deux singularités de la Bundesbank allemande, qui autorise toute personne d'une part, à venir échanger de vieilles pièces de monnaie en euros contre une somme équivalente, et d'autre part, à pouvoir acheter ces vieilles pièces retravaillées en ferraille par la Bundesbank (une tonne de cupronickel est vendue entre 5 000 et 10 000 euros). Les faux-monnayeurs récupéraient donc cette ferraille que la Bundesbank mettait au rebus et l'envoyait en Chine pour être reconstituée en vieilles pièces de un et deux euros, et volontairement abimées, pour faire « plus vrai ». En résumé, les pièces usagées étaient transformées en ferraille par la Bundesbank pour être retransformée de nouveau en pièces usagées par les Chinois faux-monnayeurs. Simple et efficace. Mais il fallait aussi aux faux-monnayeurs faire revenir la précieuse mais encombrante cargaison , constituée de pièces sonnantes et trébuchantes en Allemagne. Et c'est là qu'intervient le personnel navigant de Lufthansa. Leurs bagages n'étant pas limités en poids, à l'inverse des passagers, quatre salariés, personnel navigant de Lufthansa, étaient chargés de faire la mule entre les deux pays. Entre 2007 et novembre 2010, 29 tonnes de ces pièces auraient transité par les bagages du personnel de Lufthansa pour une valeur estimée à 6 millions d'euros selon les enquêteurs.