L’annonce fait désordre et cristallise la difficulté qu’a Air France à réussir la restructuration qui doit l’amener à retrouver des bénéfices. A peine trois mois après avoir été reconduit à l’unanimité (moins une abstention) lors d’un précédent conseil, à la tête d’Air France-KLM, voilà Pierre-Henri Gourgeon remercié lundi 17 octobre dernier. C’est Jean-Cyril Spinetta, son ancien mentor et patron emblématique d’Air France, qui reprend les manettes du groupe, tandis que Alexandre de Juniac, un proche de Nicolas Sarkozy, mais aussi de P.-H. Gourgeon, est catapulté patron d’Air France. Dernier mouvement de ce conseil d’administration extraordinaire, Leo M. van Wijk devient vice-président du conseil d’administration d’Air France. Que penser de tout ce remue-ménage ? Avant tout, c’est bien sûr un double échec pour P.-H Gourgeon qui ne finira pas le travail commencé autour des gains de productivité de la compagnie et dont le bilan retiendra qu’Air France a été reléguée derrière Lufthansa en termes de chiffres d’affaires et derrière Ryanair en termes de passagers transportés. L’homme fort redevient donc Jean-Cyril Spinetta. Pour rappel, ses faits d’arme pendant ses douze ans passés à la tête d’Air France (avec P.-H. Gourgeon comme bras droit), sont non seulement d’avoir opéré le rapprochement avec KLM, aboutissant à la privatisation de la compagnie, ce qui n’était pas une mince affaire à l’époque, mais aussi et surtout d’avoir su gérer au cordeau les risques de conflit social qui pouvaient en résulter. Aujourd’hui, le cours d’Air France a perdu 60 % de sa valeur depuis le début de l’année. Les actionnaires ainsi que les partenaires néerlandais avouent leur agacement de voir Air France se traîner en longueur à mener à bien ses projets de restructuration avec notamment  les fameuses bases de province. L’un des enjeux primordiaux de ce jeu de chaises musicales reste donc de savoir si Jean-Cyril Spinetta saura faire mieux et plus vite que P.-H. Gourgeon, et aussi de savoir si le nouveau venu Alexandre de Juniac, parfait inconnu au sein de la compagnie aérienne française et donc de ses syndicats, saura mener lui aussi la difficile mission de gagner encore en productivité sans pour autant compromettre ce sacro-saint pacte social au sein de la compagnie.