A peine trois semaines après la nomination d’un nouveau PDG à la tête d’Air Algérie, le personnel navigant commercial se met en grève le 11 juillet, paralysant presque le trafic de la compagnie algérienne pendant quatre jours et semant la pagaille dans plusieurs aéroports, dont Orly. Bien que Mohamed Salah Boultif, qui a remplacé Wahid Bouabadallah à la tête d’Air Algérie le 19 juin 2011, ait consacré sa première conférence de presse à l’apaisement social au sein de l’entreprise, 900 personnels navigants commerciaux (PNC) se mettent en grève le 11 juillet. Ils réclament des augmentations de salaires (de l’ordre de 106%) et une revalorisation de leur statut alors qu’ils sont toujours considérés comme personnel au sol. La direction refusant d’augmenter les salaires et répondant aux grévistes par 46 licenciements, il faut attendre quatre jours et l’intervention du Premier ministre algérien pour que les deux parties se mettent autour de la table et que les avions reprennent leur vol. Ce mouvement d’une grande ampleur, en plein départs en vacances, paralyse le trafic de la compagnie en Algérie et en Europe : 20 800 des 34 000 passagers prévus ne peuvent pas prendre l’avion. A Orly, près 1600 passagers se retrouvent bloqués à l’aéroport – sans aide, eau ou nourriture – et les forces de l’ordre interviennent au deuxième jour de grève pour venir en aide à un dirigeant d’Air Algérie pris à parti par les voyageurs excédés. Pour désengorger la situation, Air France et Aigle Azur affrètent des avions supplémentaires au départ de Roissy, Orly et Lyon Saint-Exupéry. A Marseille, beaucoup de passagers bloqués préfèrent partir en ferry gratuitement pour l’Algérie, leur billet d’avion faisant office de billet de transport par voie de mer. Un mois après la grève, Mohamed Salah Boultif annonce un plan d’indemnisation des voyageurs, en bons de réduction de 24 à 48 euros. Une proposition qui suscite à nouveau la colère des usagers de la compagnie. En France, ils créent une association et proposent de porter plainte devant la Cour européenne de justice pour pousser Air Algérie à se plier aux règlements internationaux qui prévoient des remboursements en cas d’annulation de vol (250 euros pour un vol inférieur à 1500 km, soit approximativement la distance pour un Paris – Alger). En quelques semaines, elle recueille près 1000 dossiers de plainte complets auprès de voyageurs bloqués en Europe, ce qui pousse Air Algérie à négocier avec l’association. Les négociations salariales vont elles aussi être difficiles. Fin septembre, elles achoppent toujours sur les augmentations de salaires, mais aucune grève ne vient perturber les 72 vols du Hadj 2011 opérés par Air Algérie à partir du 7 octobre.