La compagnie aérienne Hong Kong Airlines serait sous pression pour annuler sa commande de dix Airbus A380, la Chine étant opposée à ce que les compagnies du pays paient la "taxe carbone" instaurée depuis janvier par l'Union Européenne. Selon le quotidien South China Morning Post du 1er mars 2012, la compagnie basée à Hong Kong menacerait d'annuler sa commande, passée l'année dernière pour une valeur estimée à 2,8 milliards d'euros, la première livraison étant prévue pour 2015. Le président d'Hong Kong Airlines Yang Jianhong a déclaré au journal qu'il "ne pouvait pas faire quelque chose allant à l'encontre des intérêts du pays". Un autre dirigeant refusait tout commentaire ce matin. Le mois dernier, la Chine avait interdit aux compagnies locales de participer au système d'échange d'émissions (ETS) instauré par l'Union Européenne depuis le 1er janvier 2012, précisant qu'elles n'avaient pas non plus le droit de répercuter sur le prix des billets toute augmentation de leurs coûts liée au système. Sont concernées Air China, China Eastern Airlines, China Southern Airlines et Hainan Airlines (actionnaire de Hong Kong Airlines), qui proposent des vols vers l'Europe. Rappelons que toutes les compagnies aériennes décollant ou atterrissant sur le vieux continent doivent désormais "acheter" 15 % de leurs émissions de CO2, une part qui ira en augmentant parallèlement avec la croissance du trafic aérien – les premiers paiements étant dus début 2013. Un système dénoncé partout en dehors de l'Europe et en particulier aux Etats-Unis, en Inde, en Russie et donc en Chine, qui parlent de dispositif "extraterritorial illégal". Si elle est confirmée, l'annulation de commande de Hong Kong Airlines serait la première mesure de rétorsion industrielle à la taxe carbone, la Russie ayant déjà envisagé de restreindre l'accès à l'espace aérien sibérien aux compagnies européennes (et donc rendre moins rentables leurs routes vers l'Asie). On se souvient qu'il y a deux semaines, le patron d'Airbus Tom Enders avouait craindre ce genre d'annonce, expliquant que "ce qui devait être une solution environnementale est devenu une source potentielle de conflit commercial et cela devrait être une inquiétude pour chacun d'entre nous".