Sans surprise, la compagnie aérienne Aer Lingus a rejeté l’OPA lancée par la low cost Ryanair, la jugeant peu crédible face à l’opposition annoncée des autorités de la concurrence. Dans un communiqué du 18 juillet 2012, la compagnie nationale irlandaise rappelle que la précédente tentative de son actionnaire avait été rejetée en 2006 par la Commission Européenne pour des raisons concurrentielles. Le conseil d’administration estime que ces raisons sont « encore plus fortes » aujourd’hui, le « nombre de routes sur lesquelles Ryanair serait en position de monopole ayant fortement augmenté ». Et comme il croit savoir que l’OPA sera de nouveau rejetée par la Commission, l’OPA n’est pas « une offre crédible susceptible d’aboutir ». Are Lingus revient bien sûr sur l’enquête lancée par les Britanniques sur les 29,8% d’action déjà détenues par la low cost. Elle se présente comme une compagnie « robuste et profitable avec un modèle économique prouvé, des comptes forts et une marque reconnue internationalement », et juge l’offre de 1,30 euros par action « fondamentalement sous-évaluée ». Elle va d’ailleurs écrire à ses actionnaires sous quatorze jours pour détailler sa position, leur recommandant une fois de plus « de ne rien faire » et de ne « pas signer de document envoyé par Ryanair ou ses conseillers ». On rappellera au passage que la Commission Européenne ne devrait pas se prononcer sur l’OPA avant le début d’année prochaine au plus tôt. Et que lors de l’annonce de l’OPA en juin dernier, certains analystes y décelaient un jeu beaucoup plus compliqué : ils expliquaient alors que le troisième plus gros actionnaire d’Aer Lingus, Denis O’Brien, avait acheté des actions croyant voir dans l’OPA un « stratagème » pour déclencher des discussions entre Ryanair et Etihad Airways. Cette dernière, qui a pris 3% dans le capital d’Aer Lingus, s’était déclarée seulement intéressée par les actions détenues par le gouvernement (les règles de l’Union Européenne l’empêchent en outre de prendre le contrôle d’une compagnie du continent).