C’est une succession de distractions qui a conduit en octobre dernier l’équipage d’un Airbus A380 de la compagnie aérienne Qantas Airways à décoller sans avoir compléter leur check-list, le vol se terminant sans encombre. Dans son rapport final sur l’incident survenu peu après minuit le 8 octobre 2011, l’Australian Transport Safety Bureau (ATSB, équivalent australien de notre BEA), explique comment une série d’incidents ont fait oublier au pilote et au copilote d’entrer la vitesse de décollage requise dans l’ordinateur de bord du superjumbo, alors qu’il se préparait à quitter l’aéroport de Los Angeles en direction de Melbourne. Ils ne se sont aperçu du problème alors que l’appareil avait atteint 165 km/h, mais ont vérifié les données sur leurs notes et pu décoller sans problème. La chronologie donnée par l’ATSB est la suivante : après le départ de l’A380 de la porte d’embarquement, un vent instable conduit l’aéroport et l’équipage à modifier la piste de décollage. Alors que le commandant de bord se prépare à entrer les nouvelles données dans l’ordinateur, il est appelé par le personnel de cabine pour un problème de fermeture de porte – et ne termine pas l’entrée des données. Le copilote ignore alors à deux reprises une alerte de l’ordinateur sur le manque de données de décollage, pensant la première fois qu’elles seraient vérifiées et la seconde qu’elles l’avaient été (et croyant à une erreur d’indication de poussée déjà rencontrée). Selon l’ATSB, il n’y avait pas d’autre alerte en place pour indiquer que la vitesse de décollage requise manquait à l’appel. S’apercevant de l’affichage manquant de la vitesse requise pour décoller alors que l’A380 avait atteint la vitesse de 165 km/h, l’équipage a trouvé l’information sur des notes manuscrites, décollé (à 295 km/h) et terminé le vol sans autre problème. L’incident, « une erreur de processus sans gravité opérationnelle » selon Qantas Airways, l’a conduite à modifier sa check-list en cas de changement de piste, et Airbus à mettre à jour l’alarme pour défaut de vitesse requise afin d’éviter toute confusion. Un incident mineur qui rappelle toutefois que la relation homme – machine n’est jamais simple ou évidente, et que l’un comme l’autre peuvent faillir. Le commandant de bord avait 21 218 heures de vol à son actif, dont 486 sur A380, et le copilote 10 030 heures dont 1238 sur A380.