La compagnie aérienne low cost Ryanair aurait gagné 120 millions d’euros l’année dernière grâce à la taxe de compensation de 2 euros, instaurée sur tous les billets d’avion suite aux éruptions volcaniques de 2010 et autres cas de force majeure. Selon le quotidien Irish Times du 2 février 2013, la taxe introduite début avril 2011 par la spécialiste irlandaise du vol pas cher lui avait déjà rapporté plusieurs millions d’euros cette année là, alors que la low cost avait payé « 27 millions de compensations pour les retards créés par les nuages de cendres volcaniques venus d’Islande » (32 millions d’euros en 2010 selon Ryanair). Le journal a fait ces calculs après la décision de la Cour Européenne de Justice obligeant la low cost à rembourser intégralement une passagère bloquée neuf jours au Portugal. Ryanair a contesté ces chiffres, expliquant qu’ils ne prenaient pas en compte les autres coûts liés aux nuages de cendres et à d’autres évènements hors de son contrôle, ni le fait qu’un certain nombre de passagers ne paient pas cette surcharge (20% selon elle). Il faut rappeler qu’au moment d’instaurer la taxe de 2 euros, la low cost la justifiait par les plus de 100 millions d'euros qu'elle avait dû payer en 2010 « pour cause d'annulations, retards, compensations et autres frais légaux », au nom de la directive 261 de l’Union Européenne. Elle citait alors le nombre de 2,4 millions de passagers touchés en particulier par l'annulation de 15 000 vols, dans la majorité des cas pour des raisons indépendantes de se volonté comme l'éruption du volcan islandais au printemps, les chutes de neige de décembre, ou les 15 jours de grève des contrôleurs aériens en Espagne, France, Belgique et Allemagne. Quelque soit la réalité des « bénéfices » réalisés par Ryanair sur cette taxe, le fait qu’elle soit toujours appliquée rappelle l’étude néerlandaise publiée le mois dernier, selon laquelle les compagnies aériennes auraient empoché 1,3 milliards d’euros suite à la suspension pour un an de la « taxe carbone » sur les vols hors d’Europe. CE Delft expliquait alors que si la première année de l’ETS (système d’échange d’émissions de gaz à effets de serre) ne devait voir les transporteurs payer que sur 15% de leurs émissions en 2013, nombreux étaient ceux qui avaient décidé de faire passer le coût estimé aux passagers, en augmentant le prix du billet – et incluant parfois les 85% pourtant « gratuits » - avant « d’oublier » de retirer ce surcoût une fois annoncé la suspension de la taxe pour les vols intercontinentaux vers et depuis l’Europe. Et citait parmi les heureux bénéficiaires South African Airways ou les américaines Delta Air Lines et United Airlines, ainsi que dans une moindre mesure les européennes Air France – KLM, Lufthansa, Brussels Airlines - ou Ryanair