Anticipant une réduction de l'activité de Qatar Airways en raison du blocus des pays voisins, la low cost saoudienne flynas invite des pilotes et d'autres employés de la compagnie qatarie à la rejoindre. Comme on dit, le malheur des uns fait le bonheur des autres. flynas, compagnie à bas coût en plein développement, a déclaré vouloir accueillir non seulement des pilotes de Qatar Airways, mais aussi des commerciaux, des agents de sécurité et de maintenance. Elle cherche en particulier "les employés saoudiens travaillant sur des Airbus A320 de Qatar Airways".  Longs détours au-dessus de l'Iran Si la crise diplomatique se prolonge dans le Golfe, les analystes de Frost and Sullivan estiment que Qatar Airways pourrait à terme perdre environ 250 millions de dollars sur l’année, via l’annulation des vols directs (10% des vols annulés) mais aussi le re-routage de ses vols traversant les espaces aériens désormais interdits dans la région -en particulier l’Arabie Saoudite voisine et les Emirats arabes unis-, ce qui oblige désormais ses avions à faire des longs détours au-dessus de l’Iran. Le Qatar est encerclé par l'espace aérien de l'archipel de Bahreïn qui couvre une grande partie des eaux du Golfe et les avions de Qatar Airways traversaient d'habitude le vaste espace aérien saoudien pour se rendre au Moyen-Orient, en Afrique et en Amérique du Sud. Augmentation de la durée des vols Aujourd'hui, avec les interdictions de survol en vigueur, le temps de vol pour Sao Paulo au Brésil a augmenté d'environ deux heures, selon des sites de détection aérien. Les vols de Qatar Airways vers l'Afrique du Nord traversent désormais par l'Iran et la Turquie pour atteindre la Méditerranée, au lieu de survoler directement l'Arabie saoudite et l'Egypte. Les vols vers l'Europe sont les moins affectés puisqu'ils continuent de passer au-dessus de l'Iran, avec un petit détour pour éviter l'espace aérien de Bahreïn. Selon des responsables iraniens, une centaine d'avions supplémentaires traversent chaque jour le ciel de leur pays depuis le début de la crise, soit une augmentation de 17% des vols internationaux. Baisse du trafic passager "L'impact est déjà mauvais, car il a augmenté les temps de vol et causé un surcoût. En termes opérationnels, c'est une contrainte pour la compagnie aérienne qui verra ses bénéfices diminuer grandement", estime Addison Schonland du cabinet de consultants AirInsight, basé aux Etats-Unis. Concrètement donc, la durée des vols et la consommation de carburant augmentent. Or des itinéraires plus longs réduisent le nombre de passagers : "Les futures réservations pour un long-courrier vont baisser car même avec un bon service et d'excellents moyens, qui veut s'asseoir plus longtemps dans un avion?", se demande le consultant Kyle Bailey. L'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis représentent aussi les deux plus grands marchés pour Qatar Airways, leur perte sera "dévastatrice pour le bilan financier de la compagnie, qui perdra environ 30% de son chiffre d'affaires", prédit Kyle Bailey. Mais Qatar Airways ne sera pas la seule entreprise impactée par le blocus, ses partenaires pourraient en souffrir aussi. Si la compagnie qatarie n’a transporté que 26 millions de passagers l’année dernière, elle possède aussi 20% du capital du groupe IAG (British Airways, Iberia, Aer Lingus, Vueling, LEVEL), et attend la livraison de près de 220 Airbus et Boeing, y compris 67 A350XWB et 80 777X.