Bombardier a annoncé jeudi qu’une compagnie aérienne européenne non identifiée avait signé une lettre d’intention pour 31 CSeries achetés fermes plus 30 en options, la première commande de la famille de monocouloirs depuis avril 2016. Lors de la présentation de ses résultats du troisième trimestre le 2 novembre 2017, l’avionneur canadien a annoncé la signature par « un client européen » d’une lettre d'intention visant jusqu’à 61 avions de la famille CSeries, « soit une commande ferme de 31 avions assortie d’options sur 30 avions additionnels ». La lettre d’intention est conditionnelle à l’exécution d’une entente d’achat qui est prévue fin décembre, précise Bombardier ; au prix catalogue, une commande ferme serait évaluée à 2,4 milliards de dollars, un montant qui pourrait atteindre environ 4,8 milliards de dollars si les 30 options sont exercées. « Cette nouvelle importante commande confirme la croissance de la confiance qu’ont les clients dans le programme CSeries », a déclaré dans un communiqué Alain Bellemare, PDG de Bombardier Inc., sans préciser s'il s'agit d'un nouveau client ; « à l’avenir, alors qu’Airbus rejoint le programme et que les CSeries continuent de faire leurs preuves en service, nous nous attendons à ce que l'élan commercial se renforce rapidement ». L’avionneur a aussi annoncé hier que les objectifs de livraison des CSeries en 2017 seront manqués, avec entre 8 et 10 appareils de moins que les 30 prévus ; la faute aux moteurs Pratt & Whitney PW1500G, dont certains destinés initialement aux avions de série au quatrième trimestre « serviront plutôt à répondre aux besoins en moteurs de rechange des clients actuels ». A la fin septembre, 19 CSeries avaient été remis à leurs propriétaires : huit CS100 et quatre CS300 pour Swiss International Airlines, sept CS300 pour airBaltic (dont un total de 12 avions cette année). Le motoriste reconnait deux problèmes distincts de durabilité des pièces, mais se dit confiant sur le respect de l’objectif annuel de livraisons, entre 350 et 400 moteurs GTF y compris pour les Airbus A320neo. Rappelons que la dernière commande de CSeries avait été signée par Delta Air Lines (75 CS100), déclenchant les foudres de Boeing et une quasi-guerre commerciale entre les Etats-Unis et le Canada – avec pour conséquence inattendue la prise de contrôle du programme par Airbus, et un futur assemblage des CSeries en Alabama. Alain Bellemare a d’ailleurs souligné hier que ce partenariat stratégique avec Airbus « place le programme CSeries en bonne position pour un succès à long terme, et générera de la valeur nouvelle et durable pour nos clients, nos fournisseurs et nos actionnaires ». Bombardier a ajusté la prévision de revenus pour 2017 d’Avions commerciaux, qui s’établit désormais à environ 2,5 milliards $. Il a signé une lettre d’intention en vertu de laquelle Pratt & Whitney « a convenu d’aider à financer les stocks excédentaires découlant des retards de livraison des moteurs en nous consentant une avance de fournisseur à compter du quatrième trimestre. Cette avance ne sera pas comprise dans nos flux de trésorerie disponibles, mais elle permettra d’augmenter l’ensemble des liquidités et d’encaisse. La lettre d’intention est conditionnelle à l’exécution d’ententes définitives entre les parties, qui est prévue d’ici la fin de l’exercice ». Le programme CSeries « continue de gagner en popularité sur le marché grâce à ses performances exceptionnelles », souligne l’avionneur, notamment « une consommation de carburant jusqu’à 3 % inférieure à celle initialement annoncée, ce qui ouvre de nouvelles perspectives et améliore les caractéristiques économiques de l’avion », et la publication d’une deuxième déclaration environnementale de produit (pour le CS300 cette fois) « confirmant la performance environnementale inégalée » de ces appareils. Bombardier a en outre publié ses prévisions du marché sur 20 ans (2017-2036) : la taille de la flotte en service dans son segment de marché, qui compte actuellement 6900 avions, doublera d’ici 2036 pour atteindre 14.250 avions, « la demande étant stimulée par les retraits d’avions du service et la croissance du marché ».