Un quotidien italien croit savoir que la compagnie aérienne low cost easyJet, officiellement intéressée par la reprise d’une partie des actifs d’Alitalia, aurait décidé de s’allier au groupe Air France-KLM.

Alors que l’annonce de la meilleure offre de reprise pour la compagnie nationale italienne est attendue ces jours-ci, avec Lufthansa comme favorite, le quotidien économique Il Sole 24 Ore a jeté un pavé dans la mare des rumeurs le 11 janvier 2018 : censée faire partie des trois derniers candidats en lice avec le fonds américain Cerberus, easyJet aurait décidé de s’allier avec le groupe franco-néerlandais et sa partenaire de coentreprise transatlantique, tous membres de l’alliance SkyTeam comme Alitalia. L’argument en faveur d’Air France-KLM, selon le quotidien qui cite trois sources proches du dossier, est « la carte internationale représentée par Delta Air Lines (…) avec qui Alitalia est en train de négocier davantage de vols vers les Etats-Unis » ; « on comprendra bientôt » si ce « changement de cheval » de la low cost britannique, qui faisait l’objet de rumeurs sur une alliance avec Cerberus, ne constitue qu’une « manœuvre pour faire pression sur Lufthansa ».

Aucune des compagnies concernées n’a commenté cette nouvelle. On rappellera que bien avant sa mise sous administration extraordinaire en mai dernier, Alitalia avait affiché son intention de quitter sa coentreprise avec Air France-KLM, jugée trop encombrante alors qu’elle disposait du soutien du nouvel actionnaire Etihad Airways – arrivé après le refus en 2013 du groupe franco-néerlandais de participer à une augmentation de capital du transporteur italien au bord de la faillite. En juillet 2017, Air France-KLM avait d’autre part annoncé la création d’une coentreprise globale avec Delta Air Lines et Virgin Atlantic, promettant un siège d’associé à Alitalia si elle survit.

L’information d’Il Sole 24 Ore est tombée quelques heures avant celle de Reuters, citant une lettre du président du directoire de Lufthansa Carsten Spohr au ministre italien de l’industrie : le dirigeant estime qu’Alitalia devra procéder à une restructuration « importante » avant d’être rachetée. « Nous sommes convaincus qu‘il reste encore beaucoup de travail à accomplir avant que Lufthansa soit en mesure d‘entrer dans la prochaine phase de la procédure », écrit le dirigeant, évoquant une diminution des effectifs et de la flotte avant de « recommander fortement et inciter » les administrateurs à « commencer à mettre en œuvre d‘importantes mesures de restructuration qui seraient communes et bénéfiques à tous les repreneurs potentiels ». De quoi doucher un peu plus les espoirs des administrateurs, qui espéraient que le groupe allemand – présenté jusque là comme favori dans le processus de reprise – maintiendrait plus de 6000 emplois (sur les 8000 des activités aériennes), mais aussi du gouvernement qui souhaitait une clarification du dossier avant les élections législatives de mars.

La date butoir du processus de reprise d’Alitalia est pour l’instant fixée au 30 avril prochain, mais elle avait déjà fait l’objet d’un report de six mois en octobre dernier ; fin décembre, la compagnie faisait l’objet de sept offres officiellement déposées. La compagnie italienne avait été mise sous « administration extraordinaire » début mai 2017 par le gouvernement en raison de sa situation financière, les actionnaires dont Etihad Airways ayant refusé de remettre la main à la poche pour la refinancer après le refus des salariés d’accepter un nouveau plan d’austérité.