Aujourd’hui s’ouvre au Tribunal correctionnel de Bobigny un nouveau procès de l’affaire des “chemises arrachées“, mais, cette fois-ci, la compagnie aérienne Air France, ainsi que deux sociétés prestataires de sécurité (et 6 de leurs agents), sont au banc des accusés.

Les trois entreprises sont poursuivies par la CGT pour «immixtion dans un conflit social».  Selon Lilia Mhissen, l’avocate de la partie civile, les deux sociétés de sécurité (Lancry Protection Sécurité et International Security Network Division Protection) avaient clairement «pour mission d’empêcher le rassemblement» sur le parvis et de bloquer les accès au siège. Et ce faisant, Air France a «porté atteinte au droit de grève». «La loi est claire sur le sujet: une direction d’entreprise n’a pas le droit de faire appel à des sociétés de sécurité pour s’immiscer dans un mouvement de grève. C’est pourtant ce qui s’est passé le 5 octobre 2015», a indiqué de son côté la CGT d’Air France, pour qui cette décision a contribué à un «climat de tension».

Dans un communiqué, Air France a indiqué que les vigiles avaient pour mission d’assurer «la protection rapprochée» des dirigeants, au vu de «l’ambiance tendue» et elle estime que «ce n’est pas la société de sécurité qui s’est immiscée dans le conflit, mais la manifestation qui est entrée par effraction dans le siège d’Air France».

Pour rappel, le 5 octobre 2015, une manifestation devant le siège d’Air France à Roissy avait dégénéré quand des grévistes avaient envahi la salle où venait d’être annoncé en Comité central d’entreprise (CCE) un plan de restructuration menaçant des milliers d’emplois. Des grévistes avait pris à partie le DRH de compagnie nationale française Xavier Brosetta et le responsable du long-courrier Pierre Plissonnier, arrachant leur chemise. En novembre dernier, le Tribunal correctionnel de Bobigny avait condamné trois trois ex-salariés d’Air France, tous militants de la CGT, à 3 et 4 mois de prison avec sursis pour «violence en réunion» (ils seront jugés en appel à Paris en mars), deux autres prévenus avaient été relaxés (mais le Parquet a fait appel pour un des deux), et dix autres s’étaient vu infliger une amende de 500 euros pour dégradations.