L’intersyndicale représentant tous les corps de métier au sein de la compagnie aérienne Air France se réunira jeudi prochain pour décider de nouvelles journées de grève début mai, le mouvement reprenant lundi et mardi pour un total de onze jours depuis février.

La signature du projet d’accord final de la direction  est ouverte jusqu’à midi ce 20 avril 2018, mais il n’a aucune chance d’être accepté : le communiqué hier de l’intersyndicale regroupant trois syndicats de pilotes (SNPL, SPAF et Alter), deux syndicats d’hôtesses de l’air et stewards (SNPNC et UNSA-PNC), et cinq de personnel au sol (CGT​, FO, SUD, CFTC et SNGAF), représentant au total 52,6% des voix du personnel, plus l’UNAC, est titré « la grève commence à faire bouger la Direction ». Elle affirme que malgré « la désinformation de la direction », l’impact des grèves de tous les salariés reste toujours aussi important. Et cite pour le 17 avril : « 55 % des 428 vols annulés ou affrétés dont 53% de vols long-courrier impactés et 57% de vols moyen-courrier impactés »; et pour le 18 février « 59 % des 433 vols annulés ou affrétés dont 45% de vols long-courrier impactés et 64 % de vols moyen-courrier impactés ».

Le projet d’accord final « n’obtiendra pas l’adhésion de 50% des syndicats », assure l’intersyndicale, dénonçant « la manœuvre qui cherche à amputer les augmentations des futures années en faisant croire à un rattrapage des 6 dernières années de blocage ». « Notre action commence à porter ses fruits, il faut persévérer. La mobilisation doit donc encore s’accentuer », conclut le texte.

La date choisie, le 26 avril, par les organisations syndicales pour annoncer « à l’ensemble des salariés d’Air France les jours de grèves prévus début mai » n’est pas innocente : la compagnie aura finalisé la veille les plannings pour le mois de mai. Le directeur général Franck Terner qualifiait dans son entretien à La Tribune d’« irresponsable » la perspective de grèves supplémentaires en mai.

Rappelons qu’Air France a proposé une augmentation supplémentaire des salaires de 1% portant ainsi l’augmentation générale à 2% au 1er avril (cette augmentation supplémentaire de 1% est assortie d’un seuil minimum de 25 euros par mois), et pour 2019, 2020 et 2021  une augmentation générale des salaires de 5% sur la période (1,65% par an), garantie dans le cadre du pacte de croissance ; cette augmentation de 1,65% par an est assortie d’un seuil minimum de 40 euros par mois. L’intersyndicale a de son côté également fait un petit pas en avant, réduisant de 6% à 5,1% en 2018 sa demande d’augmentation générale (les pilotes réclament 4,7% supplémentaires). Ces propositions et contre-propositions ne tiennent pas compte de l’avancement ni du GVT (glissement vieillesse technicité), qui selon la direction portera à plus de 12% sur 4 ans l’augmentation des revenus des salariés.

Les onze jours de grève déjà annoncés par l’intersyndicale, incluant lundi et mardi prochain, se rapprochent du « record » de septembre 2014, quand le SNPL majoritaire chez les pilotes d’Air France avait mené quatorze jours de grève, avec un impact de 425 millions d’euros sur les résultats annuels du groupe de l’alliance SkyTeam. Air France-KLM avait alors enregistré, sur un chiffre d’affaires en hausse de +0,3%, une perte nette de 198 millions d’euros, alors qu’elle était de 1,827 milliard l’année précédente.

On retiendra qu’Air France a mis en ligne sur son site une page spéciale décrivant son projet de croissance, sur lequel est basée « toute la stratégie de Trust Together », avec un investissement prévu de 1,25 milliard d’euros en 2018, et environ 1,75 milliard d’euros en 2019.

Air France : de nouvelles grèves prévues début mai 1 Air Journal