La compagnie aérienne Air France prévoit d’assurer près de 85% de son programme de vols ce jeudi, 12eme jour de grève organisé par l’intersyndicale représentant tous les corps de métiers. Avec une baisse nette de la mobilisation, alors que la consultation de l’ensemble des employés organisée par la direction se termine demain – nouveau jour d’une grève qui aurait déjà coûté 300 millions d’euros.

La compagnie nationale française compte ce 3 mai 2018 assurer 78% des vols long-courriers, plus de 80% de ses vols moyen-courriers au départ et vers l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle et près de 90% de ses vols court-courriers à Paris-Orly et en province. Rappelons que la grève ne touche que les vols opérés par des avions d’Air France ou de Joon, pas ceux de la filiale régionale HOP! ni ceux assurés en partage de codes par des partenaires telles que KLM, Delta Air Lines etc. Des perturbations et des retards ne sont pas à exclure. La direction avance un taux de grévistes « sur les salariés engagés et soumis à la loi Diard » estimé à 18,8% des pilotes ; 18% des personnels navigants commerciaux ; et 10% des personnels au sol, alors que ces taux étaient respectivement de 27,2%, 19,9% et 15,6% lors de la dernière grève le 24 avril.

Air France « regrette la poursuite de ces grèves » alors même que la direction de la compagnie a fait plusieurs propositions pour sortir du conflit et a lancé une consultation auprès de l’ensemble des salariés sur l’accord proposé le 16 avril. Air France regrette cette situation et met tout en œuvre pour limiter les désagréments que cette grève pourrait occasionner à ses clients ; près de 200.000 messages ont été envoyés depuis le 30 avril 2018 pour informer individuellement et en temps réel les clients devant voyager aujourd’hui. 

La proposition d’accord porte sur une augmentation générale de 2% en 2018, assortie d’un seuil minimum de 25 euros par mois, et une autre de 5% pour 2019, 2020 et 2021 (1,65% par an), assortie d’un seuil minimum de 40 euros par mois. Les salaires seraient selon la direction augmentés de 12,5% en moyenne sur la période, (comprenant une augmentation générale de 7% pour toutes les catégories de personnel et les augmentations individuelles/GVT) ; mais ce « pacte de croissance » prévoit d’adapter l’augmentation dans le cas où le résultat d’exploitation d’Air France serait inférieur à 200 millions d’euros, et d’appliquer une clause de revoyure en cas d’inflation plus élevée ou de résultat négatif. En face, l’intersyndicale, qui regroupe les trois syndicats de pilotes (SNPL, SPAF, Alter), deux syndicats d’hôtesses de l’air et stewards (SNPNC et UNSA-PNC) et cinq de personnel au sol (CGT​, FO, SUD, CFTC et SNGAF), représentant au total 52,6% des voix du personnel, plus l’UNAC, réclame une augmentation générale de 5,1%, avec +3,8% au 1er avril (rattrapage d’inflation 2012-2017) et +1,3% en octobre (inflation prévisionnelle de 2018) ; les représentants des pilotes y ajoutent une augmentation spécifique de 4,7%.

La consultation pendant neuf jours des plus de 44.000 employés de la compagnie de l’alliance SkyTeam, qui prendra fin demain 4 mai à 18h00, pose la question suivante : « pour permettre une issue positive au conflit en cours, êtes-vous favorable à l’accord salarial proposé le 16 avril 2018 ? ». Ces neuf jours doivent permettre à chaque salarié d’exprimer sa voix sur l’accord salarial proposé par la direction « au terme de la négociation et pour mettre fin au conflit », pour donc des augmentations générales de salaire de 7% sur 4 ans s’ajoutant aux augmentations individuelles. Elle s’adresse à l’ensemble des salariés sous contrat Air France (uniquement les contrats de droit français) ; « anonyme, sans implication juridique », se déroule selon le principe d’un salarié pour une voix. Mais l’issue du référendum ne règlera probablement rien, si ce n’est amener certains syndicats à signer la nouvelle proposition d’accord salarial en cas de oui massif ; rappelons que l’accord 2018 déjà appliqué, +0,6% en avril et +0,4% en octobre, plus une enveloppe de 1,4% permettant pour les employés au sol une série de primes et promotions, a déjà été paraphé par la CFE-CGC et la CFDT représentant 31,3% des voix du personnel. Le coût de l’augmentation proposée plus celui de la grève risquent d’empêcher Air France de poursuivre la croissance envisagée, alors que la hausse des cours du pétrole menace déjà sa santé retrouvée l’année dernière, et de lancer les restructurations prévues du moyen-courrier (chez HOP! en particulier).

Les onze grèves déjà menées depuis février, qui ont poussé le président d’Air France Jean-Marc Janaillac (également PDG d’Air France-KLM) à mettre sa démission dans la balance, auraient déjà coûté 300 millions d’euros à la compagnie. Rappelons que les grèves programmées les 3 et 4 mai, puis les 7 et 8 mai, battront le « record » de septembre 2014, quand le SNPL avait mené quatorze jours de grève, avec un impact de 425 millions d’euros sur les résultats annuels du groupe franco-néerlandais. Air France-KLM avait alors enregistré une perte nette de 198 millions d’euros alors qu’elle était de 1,827 milliard l’année précédente.

Grève Air France : seulement 15% de vols annulés jeudi 1 Air Journal