Le nouveau directeur général intérimaire de la compagnie aérienne Air France Benjamin Smith rencontrera l’intersyndicale ce lundi. Il dispose de trois mois pour essayer de mettre fin au conflit sur les salaires, qui a entrainé quinze jours de grève depuis le début de l’année.

Le CEO canadien du groupe Air France-KLM, également CEO de la compagnie nationale française pour une période de transition jusqu’au 31 décembre au plus tard, débute ce 1er octobre 2018 une de ses missions les plus compliquées : trouver une solution aux revendications salariales de syndicats représentant tous les corps de métiers d’Air France. Un conflit qui a entrainé une perte de 335 millions d’euros et le départ du PDG Jean-Marc Janaillac en mai, plus désormais celui du DG Franck Terner que Ben Smith remplace temporairement (et probablement celui du DRH Gilles Gateau). Le nouveau dirigeant  a déjà eu des entretiens avec certains syndicats depuis l’annonce de sa nomination à la tête du groupe, mais peu de choses ont filtré ; les négociations reprennent ce lundi après avoir été suspendues pendant l’été. Avec en filigrane le calendrier des prochaines élections syndicales, que l’annonce (ou pas) d’un accord influencera forcément.

Benjamin Smith a déjà déclaré dans un communiqué : « je mesure les attentes en interne, y compris les enjeux salariaux. Je souhaite y répondre avec une nouvelle approche. Mes premières rencontres de travail avec les équipes d’Air France et les représentants des organisations syndicales me rendent confiants dans notre capacité à construire ensemble l’avenir et le succès d’Air France ». Mais il a aussi expliqué dans la presse la semaine dernière que « nous découvrirons ensemble le chemin pour parvenir à un accord, même si cela doit prendre un an », tout en rappelant que « ce n’est pas comme si cette compagnie aérienne était attaquée de manière disproportionnée ou injuste, elle a juste un modèle concurrentiel qui ne fonctionne pas ». Air France ne peut selon lui pas se « permettre d’être arrogant et supposer que nous avons plus de droits sur nos clients que nos concurrents ».

Rappelons que onze syndicats de pilotes, hôtesses de l’air et stewards et du personnel au sol réclament officiellement une augmentation générale des salaires de 5,1%  (plus 4,7% supplémentaires pour les pilotes), avec +3,8% au 1er avril (rattrapage d’inflation 2012-2017) et +1,3% en octobre (inflation prévisionnelle de 2018). Ces revendications auraient été abaissées durant les négociations avant le CCE du 14 juin dernier, à une hausse des grilles de salaires de 4% en 2018 et du montant du niveau de l’inflation en 2019 (hors avancement automatique).

En face, Air France avait officiellement revu à la hausse l’augmentation de 1% qui n’avait été signée que par deux syndicats (CFDT et CFE-CGT représentant 31,3% des voix du personnel) : sa proposition d’accord portait sur une augmentation générale de 2% en 2018, assortie d’un seuil minimum de 25 euros par mois, puis une autre augmentation générale de 5% pour 2019, 2020 et 2021 (1,65% par an), assortie d’un seuil minimum de 40 euros par mois. Les salaires seraient selon la direction ainsi augmentés de 12,5% en moyenne sur la période (comprenant une augmentation générale de 7% pour toutes les catégories de personnel et les augmentations individuelles/GVT) ; mais ce « pacte de croissance » prévoyait d’adapter l’augmentation dans le cas où le résultat d’exploitation d’Air France serait inférieur à 200 millions d’euros, et d’appliquer une clause de revoyure en cas d’inflation plus élevée ou de résultat négatif. Le rejet par 55% de l’ensemble du personnel de ces propositions avait entrainé en mai la démission du PDG d’Air France-KLM Jean-Marc Janaillac.

Air France : les 100 jours de Ben Smith commencent aujourd’hui 1 Air Journal