La compagnie aérienne Air France annonce avoir signé avec cinq syndicats représentatifs un accord permettant la mise en place des Comités Sociaux et Economiques d’Etablissement (CSE), issus des ordonnances Travail de 2017. La direction va par ailleurs recevoir les syndicats au sujet des conditions de travail des hôtesses de l’air et stewards de Joon,

L’accord annoncé le 12 novembre 2018 a été signé par la CFDT, la CFE-CGC-UNAC, FO-SNPNC, le SNPL et l’UNSA, représentent 80,94 % des voix exprimées en faveur des organisations syndicales représentatives aux dernières élections professionnelles. Air France précise que par ailleurs, un protocole d’accord préélectoral a également été signé avec ALTER, la CAT, la CFDT, la CFTC, la CFE-CGC, FO-SNPNC, le SNPL et l’UNSA : les élections professionnelles se tiendront donc du 18 février et 11 mars 2019, par voie électronique (pour le premier tour de scrutin).

Le CSE rassemblera les comités d’entreprise (CE), les délégués du personnel (DP) et les comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). Air France serait allée plus loin que les minima exigés par la loi d’après Le Figaro, pour le CSEC (CSE central, chapeautant sept CSE d’établissements) et le CSE destiné aux pilotes, hôtesses de l’air et stewards, où le nombre d’élus est supérieur au minimum requis. Fin octobre, le SNPL en particulier exigeait selon La Tribune la création d’un CSE pilotes sous peine de grève, un représentant expliquant que sans cela « nous n’aurons plus que 18 représentants (9 titulaires et 9 suppléants) contre 69 jusqu’ici entre les délégués du personnel et les membres du CHSCT. Ce sera impossible de concilier notre métier de pilotes et celui de représentant du personnel ». L’option prévue par la loi de représentants de proximité est également intégrée dans l’accord Air France, qui « fait la part belle aux commissions santé, sécurité et conditions de travail (CSSCT), présentes en plus grand nombre que ne l’impose le droit », ajoute le quotidien.

« Ces accords constituent une nouvelle étape majeure, franchie avec une grande qualité d’échanges avec les partenaires sociaux. Je tiens à les remercier pour leur responsabilité et la rapidité avec laquelle nous sommes ensemble parvenus à ces accords importants pour l’avenir de notre compagnie », s’est félicité Benjamin Smith, Directeur général d’Air France, dans un communiqué.

La direction a par ailleurs accepté de recevoir dans les prochains jours une intersyndicale représentant les PNC de Joon, filiale à coûts réduits de la compagnie de l’alliance SkyTeam. L’intersyndicale composée du SNPNC et de l’UNSA avait publié la semaine dernière une lettre ouverte évoquant « la situation sociale actuelle ainsi que son avenir dans le Groupe », qui constituent une préoccupation majeure parmi les PNC et « engendre des maux aux répercussions importantes sur l’activité ». Elle mentionne « les nombreux arrêts maladie, les désertions de poste parfois ou encore les clauses fatigue évoquées en nombre pour une si jeune compagnie », qui devraient mener à une réflexion sérieuse sur les règles d’utilisation du PNC Joon. Selon les deux syndicats, les récents départs de PNC vers d’autres compagnies aériennes « telles que les concurrentes easyJet et Aigle Azur, ou vers Transavia qui proposent également un CDI, traduisent bien une insatisfaction des PNC Joon, sur les plans financier, stabilité planning et reconnaissance professionnelle de l’employeur ». Et ils dénoncent la « campagne de convocations » des navigants par le management de Joon, « pour tenter de juguler cette hémorragie de force de travail », une pratique qui selon les syndicats « ne peut qu’inciter les salariés à venir travailler alors qu’ils ne sont pas physiquement aptes, pourrait être lourde de conséquences sur la sécurité des vols ».

Les PNC sont « déjà épuisés à peine un an après le lancement des opérations », tandis que les hôtesses de l’air et stewards expérimentés « sont plus nombreux à cesser leur collaboration » avec Joon, affirment encore les deux syndicats, selon qui les recrutements actuels « démontrent le peu d’engouement pour cette classe de PNC, qui pourtant est nécessaire au maintien de la transmission de l’expérience et de la conscience du risque ». La rémunération est un facteur déterminant dans leur choix et la perspective d’évolution « n’est plus un argument eu égard au coût de la vie à la base et en escale » pour les PNC de Joon, qui « s’attristent d’être laissés pour compte et peu écoutés quand il s’agit de traiter de leurs conditions de travail et de la reconnaissance à leur juste valeur de leurs efforts quotidiens », concluent le SNPNC et l’UNSA.

Air France : CSE paraphé, PNC de Joon entendus 1 Air Journal