La compagnie aérienne Air France lancera au printemps une nouvelle liaison entre Paris et Belgrade, en plus de celle proposée en partage de codes par Air Serbia. La gouvernance pose toujours un problème au groupe Air France-KLM, particulièrement sur le rôle du patron néerlandais Pieter Elbers, mais cela n’empêche pas la coentreprise avec China Eastern Airlines de se développer.

Du 31 mars au 26 octobre 2019, la compagnie nationale française proposera un vol quotidien entre sa base à Paris-CDG et l’aéroport de Belgrade-Nikola Tesla, opéré en Airbus A320 pouvant accueillir 14 passagers en classe Affaires et 144 en Economie ou en A319 (143 sièges) ; Les départs sont programmés à 12h20 pour arriver à 14h35, les vols retour quittant la Serbie à 15h25 pour se poser à 17h55.

Air France partage ses codes avec Air Serbia sur cette route (deux départs quotidiens de CDG à 10h05 et 20h30), face à la future concurrence d’ASL Airlines France (qui proposera cet axe du 24 juin au 5 septembre le lundi et le jeudi) et indirectement de Wizz Air (vers Beauvais). Belgrade est également reliée à Bâle-Mulhouse par easyJet et Wizz Air.

Air France : Belgrade, gouvernance et China Eastern 1 Air JournalLe groupe Air France-KLM n’a toujours pas réglé son problème de gouvernance, malgré l’arrivée du Canadien Benjamin Smith comme CEO du groupe en aout dernier. Selon des « sources concordantes » citées par La Tribune, c’est la future fonction du PDG de KLM Royal Dutch Airlines, Pieter Elbers, qui coince : le mois dernier déjà, le groupe expliquait que « les réflexions menées par Benjamin Smith afin de renforcer la coopération entre les compétences et les talents d’Air France et de KLM n’ont donné lieu, à ce jour, à aucune nomination effective au sein de la gouvernance exécutive du groupe », après des rumeurs sur la nomination de M. Elbers comme CEO adjoint du groupe, prenant en charge les alliances et la maintenance, en échange de son accord pour laisser Ben Smith entrer au Conseil de surveillance. Le site économique évoque désormais de « grosses tensions » entre les deux dirigeants, Ben Smith voulant selon une source « diriger le groupe. Il n’est pas d’accord sur le partage prévu avec Pieter Elbers et sur la place à accorder à ce dernier au sein du groupe. Il ne veut pas être dessaisi des alliances, de l’informatique et de la maintenance du groupe ».

Et la partie néerlandaise, qui veut plus de pouvoir au sein du groupe puisque KLM est beaucoup plus rentable qu’Air France, s’opposerait à l’arrivée de Ben Smith au Conseil de surveillance ; ce dernier aurait en outre été choqué par la sortie publique du président du CE de KLM Jan Willem Van Dijk, qui clamait le mois dernier « l’opposition d’une partie des salariés » à cette entrée du Canadien (M. Van Dijk s’était déjà illustré un an plus tôt en critiquant ouvertement le lancement de Joon et l’accord salarial trouvé avec les pilotes d’Air France pour la nouvelle filiale à coûts réduits). « Nous avons l’impression que Ben Smith se méfie de Pieter Elbers », estime une autre source dans La Tribune, le dirigeant néerlandais étant déjà considéré en France comme un tenant de l’autonomie de KLM et « refusant les décisions stratégiques quand celles-ci pouvaient remettre en cause son influence au sein du groupe ». Alors même que le nouveau CEO veut une intégration plus poussée entre les deux compagnies aériennes et leurs filiales low cost Transavia.

Air France : Belgrade, gouvernance et China Eastern 2 Air JournalCette guéguerre de chef n’empêche toutefois par le groupe de l’alliance SkyTeam de travailler, notamment sur la Chine : un accord a été signé lundi entre Air France-KLM et China Eastern Airlines élargissant leur coentreprise. Dès le 1er janvier 2019, leur partenariat de joint venture sera étendu à deux routes supplémentaires, reliant Paris-CDG aux aéroports de Wuhan-Tianhe et de Kunming-Changshui. Air France, KLM et China Eastern Airlines « offriront notamment à leurs clients respectifs des nouvelles routes en partage de codes, et développeront les possibilités de correspondance », poursuivant ainsi le développement de leur partenariat commercial stratégique « visant à proposer une offre toujours plus large aux clients voyageant entre l’Europe et la Chine ».

Pour Benjamin Smith, qui est aussi Directeur général d’Air France par intérim, « cet accord majeur concrétise les objectifs que nous avions exprimés en juillet dernier. Notre partenariat stratégique fort et de long terme avec China Eastern Airlines permet à nos clients de bénéficier d’une offre encore plus riche et harmonisée entre toutes les compagnies. La Chine est un marché essentiel pour le groupe Air France-KLM, la croissance y est forte, et nous nous devons d’offrir à nos clients la meilleure expérience de voyage ». Liu Shaoyong, Président du Conseil d’administration de China Eastern Airlines, a ajouté : « le document que nous avons signé aujourd’hui n’est pas seulement une extension de notre accord de joint-venture, c’est aussi un signe de notre engagement commun continu pour offrir le meilleur service à nos clients, avec des correspondances optimisées et un plus grand choix de vols. A travers cette seconde étape de joint venture, China Eastern Airlines renforce sa coopération avec Air France et KLM pour mettre au service des voyageurs le meilleur de leurs offres ».

Air France et China Eastern Airlines ont débuté leur collaboration en 2000 sous la forme d’un partage de codes sur la route Paris-Shanghai. Le partenariat a été consolidé en 2012 grâce à un accord de joint venture. KLM a rejoint cette joint venture en 2016, étendant ainsi l’accord à la route Amsterdam-Shanghai. Depuis octobre 2017, China Eastern Airlines détient 8,8% du capital d’Air France-KLM et dispose d’un administrateur au Conseil d’administration d’Air France-KLM. Le nom d’un autre partenaire de coentreprise du groupe franco-néerlandais, China Southern Airlines, n’est pas prononcé ; rappelons qu’elle a annoncé son départ de l’alliance SkyTeam à la fin de l’année.

Enfin et pour le plaisir des yeux, on retiendra aussi une vidéo en 8K d’un Boeing 787-9 Dreamliner d’Air France en plein vol.