Presque dix ans après le crash du vol Air France 447 Paris-Rio qui a fait  228 victimes, les juges d’instruction du pôle accidents collectifs du tribunal de Paris ont terminé leurs investigations.

Ils ont annoncé aux parties la fin de l’enquête judiciaire, dans laquelle Air France et Airbus sont mises en examen pour “homicides involontaires“. Cette décision des juges d’instruction ouvre un délai de trois mois durant lequel les parties -les familles des victimes tout comme Air France et Airbus- peuvent faire des observations ou demander de nouveaux actes d’enquête. Il appartiendra ensuite au parquet de Paris de prendre ses réquisitions, avant que les juges d’instruction ordonnent un renvoi en correctionnelle ou un non-lieu.

Bien entendu, les familles des victimes espèrent un renvoi en correctionnelle. Elles “attendent avec impatience et détermination un procès au cours duquel Airbus et Air France s’honoreraient de s’expliquer sur leur responsabilité respective“, a réagi pour sa part dans un communiqué Entraide et solidarité AF447, principale association de proches des victimes.

Le 1er juin 2009, l’Airbus A330-200 du vol AF447 s’était abîmé dans l’océan Atlantique avec 228 personnes à bord. L’enquête technique met en cause le givrage en vol de sondes Pitot, qui a conduit à un dérèglement des mesures de vitesse de l’Airbus A330 et désorienté les pilotes jusqu’au décrochage de l’appareil.

Mais l’établissement des responsabilités dans cet enchaînement fatal fait l’objet d’une longue enquête judiciaire avec expertises et contre-expertises. En 2012, la première expertise avait pointé à la fois des défaillances de l’équipage, des problèmes techniques et un déficit d’information des pilotes en cas de givrage des sondes Pitot, malgré une recrudescence d’incidents antérieurs signalés à Airbus.

L’avionneur avait alors sollicité une contre-expertise, qui mettait surtout l’accent sur une “réaction inappropriée de l’équipage” et les manquements d’Air France. La jugeant trop favorable à Airbus, des proches des victimes et Air France avaient attaqué le rapport devant la cour d’appel de Paris, qui avait ordonné son annulation et la réouverture de l’enquête. La compagnie aérienne avait notamment contesté “deux vols d’essai (…) effectués chez Airbus avec des équipages Airbus sans qu’Air France en soit informée“. Dans la dernière contre-expertise, remise en décembre 2017, les experts ont réaffirmé de nouveau que la “cause directe” de l’accident “résulte des actions inadaptées en pilotage manuel” de l’équipage, ce qui tendrait à dédouaner Airbus.