L’Association du transport aérien international (IATA) prévoit que l’industrie mondiale du transport aérien va générer des bénéfices nets de 29,3 milliards de dollars en 2020, en hausse par rapport aux bénéfices nets de 25,9 milliards prévus pour 2019 (prévision révisée à la baisse par rapport aux 28 milliards annoncés initialement en juin dernier).
Résultats en 2019
La performance économique en 2019 a été plus faible que ce qui était prévu au moment d’établir la prévision de juin. Cela correspond à la croissance plus faible du PIB mondial, soit 2,5 % (contre les 2,7 % prévus en juin) et à la croissance du commerce mondial de seulement 0,9 % (en baisse par rapport au chiffre de 2,5 % prévu en juin). Ces développements négatifs ont contribué à atténuer la demande dans les secteurs passagers et fret, d’où une croissance plus faible des recettes, les rendements ayant chuté de 3,0 % dans le secteur passagers et de 5,0 % dans le secteur du fret comparativement à 2018.
Les dépenses d’exploitation n’ont pas augmenté autant qu’on le prévoyait (3,8 % contre 7,4 % prévu en juin), ce qu’on attribue largement aux coûts du carburant qui ont été plus bas que prévu ; mais cela n’a pas suffi à compenser la baisse des recettes.
« Le ralentissement de la croissance économique, les guerres commerciales, les tensions géopolitiques et l’agitation sociale, ainsi que l’incertitude persistante concernant le Brexit, se sont conjugués pour créer un environnement d’affaires plus difficile que prévu par les compagnies aériennes. Pourtant, l’industrie a réussi à compléter une décennie rentable, alors que les restructurations et les réductions de coûts ont continué à porter leurs fruits. Il semble que 2019 verra le creux du cycle économique et la prévision pour 2020 est quelque peu meilleure. La grande question pour 2020 est de savoir comment la capacité va évoluer, en particulier dans le contexte où l’on prévoit que les 727 MAX cloués au sol vont reprendre du service et que les livraisons retardées vont être effectuées », explique Alexandre de Juniac, directeur général et chef de la direction de l’IATA.
Perspectives en 2020
Croissance économique : le PIB mondial devrait augmenter de 2,7 % en 2020 (légèrement plus que les 2,5 % de 2019). La croissance du commerce mondial devrait rebondir et atteindre 3,3 %, contre 0,9 % en 2019, alors que les pressions associées à l’année électorale aux États-Unis vont contribuer à réduire les tensions commerciales. La croissance est soutenue par les interventions des banques centrales ainsi que par l’assouplissement des politiques fiscales.
Coûts du carburant : la croissance économique mondiale plus lente que prévu en 2019 a contribué à réduire la demande en énergie, et le prix moyen du pétrole brut était d’environ 65 dollars par baril (Brent), contre 71,60 dollars en 2018. Les réserves de pétrole sont aussi abondantes, ce qui fait augmenter les stocks. Par conséquent, les prix du pétrole devraient diminuer encore en 2020, pour s’établir à 63 $ (Brent). Les prix du carburéacteur devraient aussi diminuer, pour s’établir en moyenne à 75,60 dollars par baril, contre 77 dollars en 2019. On prévoit que la facture de carburant de l’ensemble de l’industrie s’élèvera à 182 milliards dollars, ce qui représentera 22,1 % des dépenses, en baisse par rapport aux 188 milliards de dollars (23,7 %) de 2019
Main-d’œuvre : le nombre total d’employés des compagnies aériennes devrait atteindre 2,95 millions en 2020, en hausse de 1,6 % par rapport à 2019. La productivité (ATK par employé) devrait s’élever de 2,9 % par rapport à 2019, compte tenu du rétablissement de la capacité. Le coût unitaire de main-d’œuvre ($/ATK) devrait demeurer inchangé à 0,12 $, parce que l’amélioration de la productivité compense la hausse des salaires.
Passagers : la demande dans le secteur passagers (RPK) devrait augmenter de 4,1 % en 2020, ce qui se compare au taux de croissance de 4,2 % de 2019. En fait, cela masque la reprise alimentée par la croissance du PIB puisque le taux de croissance sous-jacent est tombé à moins de 4,0 % en 2019. Toutefois, alors que la capacité du secteur passagers (ASK) a augmenté de 3,5 % en 2019, on prévoit que cette croissance sera de 4,7 % en 2020, alors que les livraisons d’aéronefs augmenteront de façon substantielle. Cela fera en sorte que le coefficient d’occupation des sièges baissera à 82 %, contre 82,4 % en 2019. Cela maintiendra la pression sur les rendements, qui devraient diminuer de 1,5 %, après une baisse de 3,0 % en 2019. Les recettes du secteur passagers, excluant les frais facultatifs, devraient atteindre 581 milliards de dollars (en hausse de 2,5 % par rapport aux 567 milliards de 2019).
Fret aérien : le trafic de fret a diminué l’an dernier, pour la première fois depuis 2012. Le déclin annuel de 3,3 % constituait la baisse la plus abrupte depuis 2009, au moment de la crise financière mondiale. Le transport de fret, entre temps, a diminué à 61,2 millions de tonnes, contre 63,3 millions de tonnes en 2018. Le trafic de fret devrait connaître une reprise modérée et augmenter de 2,0 % en 2020, alors qu’on prévoit atteindre 62,4 millions de tonnes, ce qui demeure inférieur à la performance de 2018. Les rendements continuent de diminuer, et on prévoit un déclin de 3,0 % en 2020, ce qui représente une amélioration par rapport au déclin de 5,0 % en 2019. Les revenus du fret aérien vont diminuer pour une troisième année en 2020, avec un total prévu de 101,2 milliards $, en baisse de 1,1 % par rapport à 2019.
En tenant compte de tous ces facteurs de performance, l’IATA, qui regroupe 290 compagnies aériennes membres (82 % du trafic aérien mondial), projette des bénéfices nets de 29,3 milliards de dollars pour l’industrie mondiale du transport aérien en 2020.
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