Alors que la grande majorité des vols internationaux vers la Chine continentale ont été suspendus face à l’épidémie du coronavirus 2019-nCoV, l’aéroport de Hong Kong reste curieusement épargné – comme si à l’instar du nuage de Tchernobyl qui ne devait pas franchir la frontière française, le danger de contagion s’arrêtait aux portes du territoire semi-autonome.

Une des 18 personnes contaminées à Hong Kong est morte hier, la deuxième victime du coronavirus en dehors de Chine après une aux Philippines, alors que le bilan global ce 5 février 2020 atteint désormais 490 morts et plus de 23.420 contaminés (avec selon les autorités chinoises 892 sorties de l’hôpital). Et pourtant, le trafic vers l’aéroport de Hong Kong-Chek Lap Kok échappe globalement aux mesures prises par les compagnies aériennes étrangères. Air Mauritius depuis l’île Maurice, la low cost Cebu Pacific depuis les Philippines et South African Airways au départ de Johannesburg étaient mardi les seules à avoir suspendu la desserte de la ville ; elles sont désormais rejointes par American Airlines (depuis Dallas et Los Angeles, jusqu’au 20 février pour l’instant) et United Airlines (depuis Newark et San Francisco, également jusqu’au 20), les deux américaines évoquant une baisse de la demande.

Plusieurs transporteurs ont suspendu certaines lignes vers Hong Kong, dont Air India (le 8 février après une dernière rotation depuis Delhi, mais Mumbai reste proposé), China Airlines depuis Kaohsiung, Vietnam Airlines depuis Hanoi, la low cost Jetstar Pacific depuis Hanoi et Danang, EastarJet depuis Seoul. D’autres ont diminué les fréquences, dont Emirates Airlines, Ethiopian Airlines (rotations via Bangkok suspendues), ANA (All Nippon Airways), Fiji Airways, Singapore Airlines, Philippine Airlines ou Thai Airways entre autres.

Mais dans la plupart des cas et en particulier au départ de l’Europe, les vols vers Hong Kong se poursuivent à peu près normalement : c’est le cas pour Air France-KLM, British Airways, Lufthansa, Swiss, Finnair, Turkish Airlines, Aeroflot, mais aussi Air Canada, Etihad Airways ou Qatar Airways entre autres.

La compagnie aérienne la plus affectée par l’épidémie est bien sûr Cathay Pacific, basée à Hong Kong et qui avec sa filialise régionale Cathay Dragon avait déjà annoncé une réduction de moitié de leurs vols vers la Chine continentale. Jusqu’à la fin mars, ce sont désormais 90% des capacités qui seront réduites, le CEO Augustus Tang Kin-wing précisant que l’offre globale de la compagnie était diminuée d’environ 30% « en raison de la baisse de la demande des clients dans et autour de la région, et plus largement sur les marchés vers lesquels nous volons ». Ses lignes vers Guangzhou, Xiamen ou Hangzhou sont par exemple suspendues, celle vers Shanghai passant de 13 à 2 ou 3 rotations quotidiennes selon le South China Morning Post. Rappelons que durant la crise du SARS en 2003, la compagnie aérienne avait réduit son programme de vol de 45%.

Cathay Pacific était déjà en bien mauvais état, affichant par exemple en novembre dernier une baisse de 46% du trafic entrant à Hong Kong où six mois de manifestations ont mis à mal le tourisme – et presqu’entrainé la faillite de Hong Kong Airlines, sauvée in extremis par le groupe HNA.

L’aéroport de Hong Kong a accueilli l’année dernière 71,5 millions de passagers, un trafic en baisse de 4,2%, avec des mouvements d’avions en baisse de 1,9% (le fret a reculé de 6,1%).

Aéroport de Hong Kong : le syndrome Tchernobyl ? 1 Air Journal

©Cathay Pacific