La compagnie aérienne Air France, particulièrement affectée par la pandémie de Covid-19, devrait annoncer ce lundi un plan de chômage partiel massif, dans les activités opérationnelles comme celles de support. Dont le coût sera pris en charge par l’Etat, qui se préparerait en outre à une augmentation de capital pour limiter la casse.

Ce 16 mars 2020 à Roissy lors d’un CSE (Comité social et économique) central extraordinaire, la compagnie nationale française devrait annoncer des mesures de chômage partiel pour 80% de ses employés selon Le Monde. Une mesure envisagée depuis quelques jours par la directrice générale Anne Rigail, qui expliquait dans un message qu’il s’agissait de faire face à la crise « d’ampleur inédite » provoquée par le coronavirus et à la « baisse violente de notre activité ». Accompagné du gel des salaires des cadres supérieurs, le chômage technique concernera « tous les personnels d’Air France, opérationnels et supports, qui subissent une baisse d’activité » ; seuls les employés effectuant des « fonctions vitales » seraient épargnés par la mesure.

Air France a prévenu qu’il « n’y aura pas de licenciements secs », et a rencontré les principaux syndicats. Des réunions « d’information et non pas de négociation », croit savoir Le Monde. Chez les pilotes, le SNPL avait déjà assuré la direction que « dans ce contexte préoccupant, tous les personnels de l’entreprise — pilotes, navigants commerciaux et personnels sol — devront se montrer soudés et solidaires. Les prochains jours, les prochaines semaines s’annoncent difficiles pour le groupe, mais nul doute que nous saurons collectivement faire face à cette épreuve et retrouver le chemin de la croissance ». Chez les hôtesses de l’air et stewards, le SNPNC-FO rappelait vendredi qu’ils subissent déjà une baisse de la rémunération liée à la diminution du nombre d’heures de vol, mais que « le salaire minimum sera garanti ». Les compagnies aériennes françaises « sont dans l’attente d’un cadrage par l’administration », ajoutait le syndicat : « en effet, les dispositions qui s’appliquent aux salariés français ne peuvent s’appliquer en l’état au Personnel Navigant, compte-tenu des spécificités liées au calcul du temps de travail (expression en heures/jours pour le navigant) ».

Rappelons que sa compagnie-sœur KLM Royal Dutch Airlines a déjà annoncé qu’elle va supprimer jusqu’à 2000 emplois, a commencer par des temps partiels ou des employés proches du départ à la retraite .

L’Etat français envisagerait selon Les Echos de monter au capital du groupe Air France-KLM afin d’en renflouer la trésorerie. Bruno Le Maire évoquait cette possibilité vendredi sur BFM-RMC, citant comme exemple Air France et Renault quand il expliquait que « nous aiderons toutes les entreprises dans lesquelles l’Etat a une participation », a déclaré le ministre de l’Economie et des Finances, citant les exemples d’Air France et de Renault. Les 14,29 % du capital du groupe franco-néerlandais valent un peu moins de 300 millions d’euros après la dégringolade des marchés la semaine dernière ; le mois dernier quand la pandémie concernait principalement la Chine, le groupe estimait déjà à entre 150 et 200 millions d’euros le coût de la crise d’ici avril. Reste à savoir si les autres actionnaires (Pays-Bas, Delta Air Lines, China Eastern) seront d’accord avec la manœuvre, avec en particulier le risque de voir resurgir les tensions franco-néerlandaises.

Rappelons que depuis l’annonce des restrictions américaines sur les passagers en provenance de l’espace Schengen (désormais étendues au Royaume Uni et à l’Irlande), Air France et sa partenaire de coentreprise Delta ont suspendu plusieurs liaisons transatlantiques. Un Boeing 777-300ER français (F-GSQK) est déjà parti en stockage à l’aéroport de Vatry ; il devrait être rejoint ce lundi par les F-GZNA et F-GZNJ.

Coronavirus : 80% des employés Air France en chômage partiel ? 1 Air Journal

©Olivier Nilsson