Une société privée malaisienne a présenté une offre de 2,5 milliards de dollars pour racheter intégralement la holding possédant la compagnie aérienne Malaysia Airlines. L’unique actionnaire, le fonds souverain Kazanah Nasional BhD, est sceptique sur sa réalité financière, surtout en pleine pandémie de coronavirus.

Afin de reprendre intégralement la société holding Malaysia Aviation Group (MAG) propriétaire de la compagnie nationale malaisienne, Golden Skies Ventures Sdn Bhd (GSV) a affirmé le 7 avril 2020 avoir obtenu « plus de 2,5 milliards de dollars » auprès d’une banque européenne non précisée. Interrogé par Reuters, le CEO de GSV Shahril Lamin a estimé qu’il lui faudra « trois ou quatre mois » pour obtenir le financement à long terme, une « société japonaise de capital-investissement » étant prête à injecter des fonds « immédiats » dans le groupe Malaysia Airlines « par le biais d’un accord de participation ». Des pourparlers seraient également en cours avec « d’autres banques étrangères et sociétés de capital-investissement pour un financement supplémentaire ». Les montants évoqués permettraient à la compagnie aérienne de « tenir confortablement » pendant 18 mois.

L’objectif serait de poursuivre son activité LC premium tout en maximisant l’utilisation de la flotte de 81 avions ; les activités de fret, de maintenance et les filiales régionales seraient conservées. Selon le directeur général adjoint Ravindran Devagunam, « nous ne licencierons pas les 13 000 employés de première ligne » ; et quelle que soit la durée de la pandémie de Covid-19 cette année, « nous envisageons une augmentation de l’activité à partir de l’été 2021 » – avec pour but un bénéfice net d’ici trois ans.

Fondé par d’anciens responsables de Malaysia Airlines et des professionnels ayant une expérience de l’aviation, GSV aurait soumis il y a un mois sa proposition à la banque Morgan Stanley, embauchée par Kazanah pour gérer la vente de la compagnie qui ne s’est jamais remise de la perte successive de deux avions en 2014 – un disparu dans l’Océan indien (vol MH370) et l’autre abattu au-dessus de l’Ukraine (vol MH17). Ces derniers mois, les rumeurs se sont succédées sur un possible intérêt de Japan Airlines, des low cost AirAsia et Lion Air, voire d’Air France-KLM.

Khazanah Nasional Bhd n’est pas convaincu par l’offre : selon le Daily Express, le fonds souverain est sceptique sur la proposition, affirmant que Golden Skies « n’a pas été en mesure de prouver sa source de financement ». Selon son directeur général Shahril Ridza Ridzuan, il serait « prudent » de savoir si l’offre a été faite avec un soutien financier, compte tenu de la crise mondiale des compagnies aériennes et de l’aversion au risque de crédit en cette période. « De plus, leur proposition initiale repose à 100% sur le financement par emprunt de tiers. Ils n’ont pas de capitaux propres », a-t-il souligné.

Depuis la mi-mars, Malaysia Airlines a suspendu plus de 4000 vols et prévu de conserver une capacité réduite jusqu’à la fin juin, supprimant en particulier tous les vols hors Jakarta en Asie du Sud-est et la plupart de ses rotations vers Londres. Elle a aussi demandé à ses employés de prendre trois mois de congés sans solde.

Malaysia Airlines : une offre de 2,5 milliards de dollars 2 Air Journal

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