Déjà annoncée par différents ministres, la recherche d’un soutien financier auprès des états français et néerlandais pour faire face à la pandémie de Covid-19 a été confirmée par le groupe aérien Air France-KLM, faute de quoi un besoin de liquidités se ferait ressentir au troisième trimestre. Air France poursuit ses opérations de rapatriement, et KLM a ressorti de la retraite deux Boeing 747 pour opérer un pont aérien de fret vers la Chine.

Si le montant de 6 milliards d’euros évoqué par le secrétaire d’état aux Transports français n’est pas mentionné, le communiqué du groupe franco-néerlandais publié le 9 avril 2020 lève tous les doutes : Air France-KLM et les compagnies aériennes Air France et KLM Royal Dutch Airlines « ont des entretiens approfondis avec leurs gouvernements et institutions financières respectifs », afin d’accéder à « des ressources qui leur permettront de sécuriser et de maintenir par tous les moyens des niveaux de liquidité adéquats », notamment dans le cadre des décisions de la Commission européenne sur les aides d’état du mois dernier. Le groupe souligne qu’alors que la crise liée au coronavirus se poursuit, « les conditions d’une reprise restent incertaines, en termes d’opérations aériennes et plus généralement en termes de calendrier pour la reprise de l’économie et de la demande. Nos meilleures estimations actuelles (…) montrent qu’en l’absence de financement supplémentaire, une exigence de liquidité est attendue au troisième trimestre ».

« A ce stade, compte tenu des différentes options actuellement envisagées et de la qualité des discussions avec les deux Etats et les institutions financières », Air France-KLM se dit « confiant qu’il sera en mesure d’obtenir des financements supplémentaires, pour faire face à toutes ses futures obligations financières et lui permettre d’assurer la reprise de son activité au-delà de la crise actuelle ». Le gouvernement français a déjà promis un « soutien massif » à Air France, la possibilité d’une nationalisation temporaire n’étant pas exclue.

Le groupe de l’alliance SkyTeam rappelle que depuis le début de la crise sanitaire, il a mis en place des « mesures adéquates pour protéger ses passagers et son personnel, ainsi que pour préserver sa viabilité financière ». Compte tenu des mesures de plus en plus strictes prises par de nombreux pays, notamment des restrictions voyages ou fermetures de frontières, Air France-KLM a fortement réduit son activité aérienne, « qui devrait au cours des prochains mois être inférieure à 10% du niveau de l’année dernière ». Et il a pris des « mesures fortes » qui incluent, entre autres:

– Négociation avec les gouvernements sur le report de paiement des taxes (aviation civile, solidarité…), contribution sociale et charges diverses;

– Négociation sur des reports de paiement avec les bailleurs et les aéroports;

– Mesures de réduction des coûts, estimées à ce stade à 500 millions d’euros en 2020, une augmentation de 300 millions d’euros par rapport aux annonces précédentes;

– Possibilité d’une retraite anticipée de certaines sous-flottes d’avions;

– Mise en œuvre par Air France de mesures d’activité partielle, et application par KLM de la « mesure temporaire de transition d’urgence pour l’emploi durable » aux Pays-Bas (« NOW »), avec un impact estimé à ce stade à environ 1,1 milliard d’euros pour 2020;

– Révision du plan d’investissement pour le réduire de 700 millions d’euros en 2020, une augmentation de 350 millions d’euros par rapport aux annonces précédentes, auxquelles s’ajoutera l’impact de la baisse de l’activité propre et des tiers sur le montant des investissements de maintenance.

« En solidarité avec l’ensemble des salariés », les membres du conseil d’administration d’Air France-KLM, la présidente Anne-Marie Couderc et le CEO Benjamin Smith participeront également à l’effort « conformément aux mesures applicables aux salariés du Groupe », avec une réduction de leur rémunération « similaire ».

« Nous sommes confrontés à une crise sans précédent affectant sans exception l’industrie du transport aérien, qui crée une grande incertitude quant aux perspectives du transport aérien », a déclaré Benjamin Smith. « Depuis le début de cette crise, le groupe France-KLM a tout mis en œuvre pour assurer la sécurité sanitaire de ses salariés et clients et, sur le plan financier, de préserver sa liquidité à court terme et de se préparer à l’avenir. Des mesures d’urgence ont été rapidement mises en œuvre pour réduire nos coûts et investissements. Je salue l’engagement exceptionnel de nos collaborateurs qui se surpassent dans ces moments difficiles, en particulier les équipes opérationnelles qui permettent les vols de rapatriement de nos concitoyens, ainsi que le transport de matériel médical vers la France et les Pays-Bas. Il est maintenant plus clair que jamais que le soutien des gouvernements néerlandais et français est nécessaire pour répondre à nos besoins de trésorerie et nous permettre de poursuivre nos opérations une fois la crise terminée. Les discussions avec eux et les partenaires financiers se poursuivent, et je suis confiant dans leur volonté de soutenir l’avenir d’Air France-KLM, acteur incontournable de l’emploi et des économies de nos deux nations dont nos compagnies aériennes font voler le drapeau dans le monde entier ».

Sur le terrain, les vols de rapatriement et de fret se poursuivent : Air France a opéré mercredi trois vols depuis Alger, Casablanca et Buenos Aires. Rappelons que depuis mercredi, toutes les personnes souhaitant entrer sur le territoire français doivent disposer d’une attestation, disponible sur le site du ministère de l’intérieur. Et elle gère les 180 avions immobilisés (sur 224) sur trois sites, dans les aéroports de Roissy, Orly et Toulouse. Des équipes de maintenance « prennent soin au quotidien des avions pour veiller à un retour dans les airs le plus vite possible ».

KLM a de son côté sorti de leur retraite anticipée deux Boeing 747-400 Combi, suite à la mise en place par le gouvernement néerlandais d’un « pont aérien » entre Amsterdam et la Chine pour le transport de matériel médical. Il s’agit de compenser la perte de 90% du trafic entre l’Europe et l’Asie, expliquait-elle hier ; les vols débuteront lundi prochain et dureront « six à huit semaines », avec deux rotations hebdomadaires vers Pékin et trois vers Shanghai. De quoi transporter 250 tonnes de marchandise chaque semaine. KLM et Martinair continuent d’opérer des vols tout-cargo vers les Etats-Unis, l’Amérique latine et l’Afrique.

« Je pense qu’il est extrêmement important que KLM puisse être au service de la société néerlandaise au sens large en cette période de crise, grâce à notre flexibilité, notre créativité et notre coopération avec nos partenaires. Cela est parfaitement illustré par l’initiative de Philips de s’associer à KLM pour rechercher une solution pour libérer de la capacité de fret entre l’Europe et la Chine pour les fournitures médicales essentielles. Je suis très fier que le personnel professionnel et dévoué des deux sociétés ait réussi à réaliser cette initiative dans un délai aussi court », a déclaré son PDG Pieter Elbers.

Air France-KLM : la recherche d’aides d’Etat confirmée 1 Air Journal

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