Alors que les gouvernements européens sont sur le point d’accorder des aides publiques ou des prêts garantis à des compagnies aériennes en difficulté, les écologistes demandent que cet argent soit conditionné à des objectifs climatiques.

Pour exemple, l’aide de l’Etat autrichien à la compagnie Austrian Airlines, que le gouvernement de Vienne négocie actuellement avec la maison-mère Lufthansa, doit être conditionnée à des objectifs liés à la lutte contre le changement climatique.

Si nous parlons de plusieurs centaines de millions d’euros de l’argent du contribuable, alors il est évident que (cette aide) doit être liée à des conditions“, a déclaré jeudi la ministre autrichienne de l’Environnement, Leonore Gewessler, au cours d’une conférence de presse. “Quand il s’agit d’un secteur qui doit particulièrement contribuer à la préservation du climat, alors cela fait complètement sens (…) d’utiliser cette situation pour soutenir cette transformation“, a-t-elle ajouté, sans toutefois détailler les conditions écologiques du gouvernement de Vienne.

Le groupe aérien allemand Lufthansa affirme perdre 24 millions d’euros chaque jour pendant la crise du coronavirus. Annonçant des programmes de restructuration, une réduction des personnels et des appareils, il négocie avec différents gouvernements pour obtenir leurs soutiens financiers afin de tenir pendant l’arrêt de ses activités. Comme toutes les filiales du groupe allemand, Austrian Airlines a reconduit une fois de plus la suspension de ses vols réguliers pour deux semaines supplémentaires, à savoir jusqu’au 17 mai au moins. 

Air France

En France, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a assuré que les 20 milliards d’euros prévus pour recapitaliser des grandes entreprises en difficulté -dont le groupe Air France-KLM qui perd 25 millions d’euros par jour, selon son directeur général Ben Smith- ne seraient “pas un chèque en blanc” notamment en matière environnementale, alors que les critiques des écologistes se multiplient. “Il faut que ces grandes entreprises industrielles s’engagent totalement pour une économie décarbonée“, a affirmé le ministre français.

L’Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne (ATTAC), appelle le gouvernement français à ne pas renflouer le secteur aérien sans condition. Pour Maxime Combes, porte-parole d’ATTAC, “il est totalement inacceptable que le gouvernement sauve Air France de la banqueroute sans imposer des conditions strictes et drastiques pour faire décroître rapidement et considérablement l’impact climatique et écologique de l’aviation“.

Le gouvernement doit exiger de la compagnie aérienne “la signature d’un contrat de transition écologique qui détaillera comment Air France va faire évoluer son modèle économique pour le rendre compatible avec les engagements du Green Deal européen, de l’Accord de Paris, de la neutralité carbone“, a déclaré au Journal du Dimanche Pascal Canfin, député européen (LREM) et président de la commission Environnement du Parlement européen.

Compagnies aériennes : les aides d'Etat conditionnées à des objectifs climatiques ? 1 Air Journal

Lyon St-Exupéry ©Vinci Airports