L’IATA a revu à la hausse ses prévisions de pertes en 2020 pour le transport aérien en Europe comme en Afrique, en raison de la pandémie de Covid-19. En France, la crise entrainerait la perte de 80 millions de passagers, de 14,3 milliards de dollars pour l’économie, et menacerait 392.500 emplois.

Ayant déjà anticipé une perte globale de 314 milliards de dollars pour le transport aérien global en 2020, l’Association du transport aérien international (IATA), qui représente quelque 290 compagnies aériennes assurant 82% du trafic aérien mondial, a publié le 23 avril 2019 de « nouvelles preuves du risque pour les emplois de la crise financière croissante qui menace les compagnies aériennes européennes ». Son analyse montre que la perte de revenus potentielle des transporteurs en Europe en 2020 est passée à 89 milliards de dollars, et que la demande de passagers (mesurée en passagers-kilomètres payants) devrait être de 55% inférieure aux niveaux de 2019. Il s’agit d’une augmentation par rapport aux estimations du 24 mars (76 milliards de dollars et 46% respectivement), précise l’IATA dans un communiqué. « Dans l’ensemble, nous estimons que l’effondrement actuel de 90% du trafic aérien met en danger environ 6,7 millions d’emplois et pourrait entraîner un impact négatif sur le PIB de 452 milliards de dollars en Europe. Cela équivaut à 1,1 million d’emplois supplémentaires et à 74 milliards de dollars de PIB par rapport aux estimations de 5,6 millions d’emplois et de 378 milliards de dollars en mars ».

Le risque croissant pour les emplois et le PIB est dû à un impact « plus important que prévu des restrictions sur le transport aérien » introduites à la suite de la pandémie de coronavirus. La nouvelle analyse de l’IATA se fonde sur « un scénario de restrictions sévères aux voyages d’une durée de trois mois, avec une levée progressive des restrictions sur les marchés intérieurs, suivie de voyages régionaux et intercontinentaux ». Certains des impacts au niveau national sont listés ci-dessous (la Belgique ne figure pas dans la liste) :

France : 80 millions de passagers en moins, ce qui entraîne une perte de revenus de 14,3 milliards de dollars, représentant un risque pour 392 500 emplois et une contribution de 35,2 milliards de dollars à l’économie française.

Suisse : 28 millions de passagers en moins, ce qui entraîne une perte de revenus de 5,2 milliards de dollars, ce qui représente un risque pour 110 000 emplois et une contribution de 14,72 milliards de dollars à l’économie suisse.

Royaume-Uni: 140 millions de passagers en moins, entraînant une perte de revenus de 26,1 milliards de dollars, représentant un risque pour près de 661 200 emplois et une contribution d’environ 50,3 milliards de dollars à l’économie britannique.

Espagne: 114 millions de passagers en moins, ce qui entraîne une perte de revenus de 15,5 milliards de dollars, mettant en péril 901 300 emplois et 59,4 milliards de dollars de contribution à l’économie espagnole.

Allemagne: 103 millions de passagers en moins, ce qui entraîne une perte de revenus de 17,9 milliards de dollars, entraînant la perte de 483 600 emplois et de 34 milliards de dollars de contribution à l’économie allemande.

Italie: 83 millions de passagers en moins, ce qui entraîne une perte de revenus de 11,5 milliards de dollars, entraînant la perte de 310 400 emplois et une contribution de 21,1 milliards de dollars à l’économie italienne.

Le ton de l’IATA n’est pas plus optimiste pour l’Afrique, où les compagnies aériennes de la région pourraient perdre 6 milliards de dollars de revenus passagers par rapport à 2019, soit 2 milliards de plus que prévu au début du mois. Les pertes d’emplois dans l’aviation et les industries connexes pourraient atteindre 3,1 millions de salariés : cela représente la moitié des 6,2 millions d’emplois liés à l’aviation dans la région (l’estimation précédente était de 2 millions d’emplois menacés). Le trafic sur l’année 2020 devrait chuter de 51% par rapport à 2019 ; et le PIB soutenu par l’aviation dans la région pourrait désormais chuter de 28 milliards de dollars, contre 56 milliards de dollars. Ces estimations sont également basées sur « un scénario de restrictions sévères aux voyages d’une durée de trois mois, avec une levée progressive des restrictions sur les marchés intérieurs, suivies des restrictions régionales et intercontinentales ». Parmi les pays les plus touchés figurent :

Ile Maurice : 3,5 millions de passagers en moins, ce qui entraîne une perte de revenus de 0,54 milliard de dollars américains, ce qui représente un risque de 73 700 emplois et une contribution de 2 milliards de dollars américains à l’économie mauricienne (prévisions faites avant le redressement judiciaire d’Air Mauritius)

Sénégal : 2,6 millions de passagers en moins, ce qui entraîne une perte de revenus de 0,33 milliard de dollars, entraînant une perte de 156 200 emplois et une contribution de 0,64 milliard de dollars à l’économie du Sénégal

Afrique du Sud : 14,5 millions de passagers en moins, ce qui entraîne une perte de revenus de 3,02 milliards de dollars, ce qui représente un risque pour 252 100 emplois et une contribution de 5,1 milliards de dollars à l’économie sud-africaine

Nigeria : 4,7 millions de passagers en moins, ce qui entraîne une perte de revenus de 0,99 milliard de dollars américains, représentant une perte de 125 400 emplois et une contribution de 0,89 milliard de dollars américains à l’économie du Nigeria

Ethiopie : 2,5 millions de passagers en moins, ce qui a entraîné une perte de revenus de 0,43 milliard de dollars américains, représentant une perte de 500 500 emplois et une contribution de 1,9 milliard de dollars américains à l’économie éthiopienne

Kenya : 3,5 millions de passagers en moins, ce qui a entraîné une perte de revenus de 0,73 milliard de dollars américains, représentant une baisse de 193 300 emplois et une contribution de 1,6 milliard de dollars américains à l’économie du Kenya

Ghana : 2,8 millions de passagers en moins, ce qui entraîne une perte de revenus de 0,38 milliard de dollars américains, représentant un risque pour 284 300 emplois et une contribution de 1,6 milliard de dollars américains à l’économie du Ghana

Cap-Vert : 2,2 millions de passagers en moins, ce qui entraîne une perte de revenus de 0,2 milliard de dollars américains, ce qui entraînerait une perte de 46 700 emplois et une contribution de 0,48 milliard de dollars américains à l’économie du Cap-Vert

Pour l’IATA, il est « essentiel que les gouvernements agissent rapidement pour minimiser ces dommages économiques. Parmi les premières priorités, citons le soutien financier direct, les prêts et les allégements fiscaux aux compagnies aériennes. L’allégement réglementaire est également crucial, en particulier une modification temporaire de l’UE261 pour donner une plus grande flexibilité sur les modalités de remboursement des vols annulés ». Rafael Schvartzman, vice-président régional de l’IATA pour l’Europe, a souligné : « chaque emploi créé dans l’industrie aéronautique soutient 24 autres emplois dans l’ensemble de l’économie. Malheureusement, cela signifie que lorsque les emplois dans l’aviation disparaissent, l’impact est amplifié dans l’ensemble de l’économie. Notre dernière analyse d’impact montre que le nombre d’emplois à risque est passé à 6,7 millions en Europe. Alors que les compagnies aériennes font face à une crise de liquidité sans précédent, nous avons désespérément besoin du soutien financier et réglementaire du gouvernement européen ».

IATA : le coût de Covid-19 augmente en Europe et Afrique 1 Air Journal

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