En Asie, la compagnie hongkongaise Cathay Pacific collabore avec Airbus pour introduire des vols long-courriers à “équipage réduit” avec un seul pilote dans le cockpit pendant la majeure partie du vol.

Ce programme d’Airbus, baptisé “Project Connect”, vise à certifier un Airbus A350 sur des vols longue distance à haute altitude avec un seul pilote, dans la perspective d’une exploitation commerciale par Cathay Pacific dès 2025, rapporte l’agence Reuters. Deux pilotes pourraient se relayer à bord alors que trois ou quatre sont nécessaires actuellement afin d’assurer la présence simultanée d’au moins deux pilotes dans le cockpit. En cas de problème, le pilote au repos pourrait venir en aide à son collègue dans le cockpit. Les deux pilotes seraient en revanche tous deux présents dans le cockpit au décollage et à l’atterrissage.

L’objectif de “Project Connect” est, bien entendu, de permettre aux compagnies aériennes, lourdement frappées par la crise sanitaire de Covid-19, de réaliser des économies au niveau des coûts d’exploitation, en réduisant le nombre d’équipage.

En France, Marc Rochet, le directeur général d’Air Caraïbes et président de French Bee, a confirmé qu’il étudiait également le passage à un seul pilote dans le cockpit pour ses compagnies : « En court ou moyen-courrier, la décision est déjà prise. On sait bien les coûts qui sont derrière tout cela, les progrès du monde digital, on sait bien qu’on n’arrête pas ce genre d’évolution », a déclaré le dirigeant à La Tribune lors du Paris Air Forum en juin. « Il y a quelqu’un qui le fera dans le monde et il faudra bien suivre, donc autant être devant ».

Une déclaration qui a amené le Syndicat national des pilotes (SNPL) à mettre en garde sur les risques du mono-pilotage sur long-courrier :

« Si à certains moments et sur certaines lignes, le vol se déroule sans difficulté imprévue, la charge de travail peut effectivement être temporairement réduite, il n’en demeure pas moins que l’idée récurrente consistant à vouloir réduire les coûts en réduisant le nombre de pilotes n’est pas réaliste et est surtout dangereuse (…) Les technologies ont certes fait d’énormes progrès et c’est en partie grâce à ces derniers que la sécurité des vols s’améliore d’année en année, mais le haut niveau de sécurité atteint par l’industrie du transport aérien repose avant tout sur un pilier fondamental : la synergie et la surveillance mutuelle entre deux membres d’équipage. Ce haut niveau de sécurité est en effet indissociable de la présence en permanence au cockpit de deux pilotes entraînés et reposés, en état de vigilance et en capacité de reprendre les commandes à tout moment ».

Selon le SNPL, «l’ambition des projets des constructeurs en matière d’opération avec un seul pilote n’est en aucun cas portée par le souci de la sécurité mais plutôt pour vendre des avions plus chers du fait de leur “sophistication”. Ces projets présentent une sous-estimation des risques, dont certains sont non traités, ou d’autres sont minorés voire occultés, ce qui constitue au final un grave danger. La sécurité du transport aérien n’est pas qu’une question de statistiques. Il faut également prendre en compte les scénarios imprévus où les deux pilotes doivent travailler de concert pour résoudre un problème qui n’aura pas été prévu par les ingénieurs. Et les cas sont nombreux. Sans compter les catastrophes aériennes malheureusement survenues en croisière ».

Projet de vols long-courriers à un seul pilote : le SNPL cite les risques 1 Air Journal

@Cathay Pacific