La tension grandissante en Ukraine autour de la présence de troupes russes à sa frontière pousse des compagnies aériennes à éviter son espace aérien, tandis que les associations de pilotes mettent en garde contre un faux sentiment de sécurité déjà vu lors du crash du vol MH17.

Ayant déjà modifié leurs horaires et remis en cause le découché de leurs équipages à l’aéroport de Kiev, les compagnies aériennes continuent de desservir l’Ukraine. Mais certaines évitent désormais son espace aérien, comme par exemple Air France dont un porte-parole a confirmé à Airlive qu’elle évite désormais de survoler le pays tout entier lors de ses vols vers l’Asie (c’était déjà le cas depuis 2014 pour l’est de l’Ukraine, où un avion de Malaysia Airlines avait été abattu par un missile). Ses deux rotations quotidiennes entre Paris-CDG et l’aéroport de la capitale sont maintenus, et opérés de jour. KLM Royal Dutch Airlines a de son côté déclaré au même site qu’elle « détermine s’il faut survoler un pays grâce à une analyse de sécurité intégrant la contribution des compagnies aériennes avec des sources gouvernementales de renseignement, de défense et de lutte contre le terrorisme ».

Si les filiales du groupe Lufthansa, SWISS et Austrian Airlines, ont modifié leurs horaires vers Kiev, d’autres comme Wizz Air ou LOT Polish Airlines maintiennent leur programme mais se disent prêts à modifier leurs plans « si nécessaire ». Ryanair a de son côté réduit le nombre de ses rotations vers l’Ukraine, sans que l’on sache si c’est dû à la baisse de la demande en général ou lié directement aux tensions militaires ; selon un porte-parole, « la sécurité de nos passagers et de nos équipages est notre priorité numéro un et nous continuerons de surveiller nos horaires et de nous ajuster en conséquence »  

Mais ces tensions inquiètent également les associations de pilotes : la Fédération internationale des associations de pilotes de ligne (IFALPA) et l’European Cockpit Association (ECA) se disent « très préoccupées par la situation de tensions accrues en Europe de l’Est. La situation semble comparable à celle de l’été 2014, qui a conduit à l’accident tragique du vol MH17 de Malaysia Airlines ». Leur communiqué commun précise : « avec le recul, nous savons qu’en 2014, les informations de source ouverte et fermée étaient loin d’être exactes. Le risque d’erreur d’identification a été sous-estimé, et pour ces raisons et d’autres, de nombreuses évaluations des risques ont donné lieu à un faux sentiment de sécurité qui a conduit à la décision de continuer à survoler la zone ».

La zone concernée actuellement est « beaucoup plus vaste » d’après IFALPA et CEA, qui appellent les États et les opérateurs à « bien réfléchir aux enseignements qui auraient dû être tirés du MH17 ». Les gouvernements ne doivent pas « hésiter à prendre les mesures appropriées, telles que la fermeture de leur propre espace aérien ou l’interdiction de survol des zones à haut risque » ; et en cas de doute, ils devraient toujours choisir « l’option la plus sûre », la sécurité des passagers et des équipages devant être d’une « importance primordiale ».

Ukraine : évitée par les compagnies aériennes, redoutée par les pilotes 1 Air Journal

Epave du Boeing 777 de Malaysia Airlines ©OVV