À Amsterdam-Schiphol, l’un des plus grands aéroports européens, un accord vient d’être trouvé pour sécuriser le fonctionnement d’un parc de 228 000 panneaux solaires situé sous les trajectoires de deux pistes majeures. Ils seront démontés dans un premier temps…

Provoquant des reflets dangereux pour les pilotes, les installations seront intégralement démontées, traitées avec un revêtement anti-reflet puis réinstallées.Problème : situé sous les trajectoires des pistes du Polderbaan et du Zwanenburgbaan, le champ photovoltaïque renvoyait des réverbérations éblouissantes susceptibles de gêner les pilotes lors des phases critiques d’atterrissage. Après plusieurs semaines de consultations et une décision de justice contraignant déjà à un démontage partiel, les partenaires ont arrêté une solution technique.

Les quelque 228 000 panneaux solaires seront entièrement démontés. Chaque module recevra ensuite un traitement par film anti-reflet destiné à réduire les risques d’éblouissement. Ils seront progressivement réinstallés sur le site, financés conjointement par les parties impliquées.

Selon les calculs validés par le système intégré de gestion de la sécurité aérienne (ISMS), cette solution réduit suffisamment les reflets pour permettre la poursuite de l’activité du parc sans compromettre la sécurité des vols.

« La sécurité reste notre priorité absolue, dans l’aéroport comme aux alentours. Nous avons travaillé dur à ce compromis, qui garantit la sûreté du trafic aérien tout en préservant une production d’énergie durable », a déclaré Patricia Vitalis, directrice des opérations de Schiphol.

Si la mesure impose des coûts supplémentaires au producteur solaire, le DGEC voit dans l’accord un précédent positif. « L’énergie durable pose parfois des défis. Mais grâce à cette coopération, nous démontrons que la transition énergétique peut aller de pair avec la sécurité aérienne », a souligné son directeur Bert Creemers.

Même constat du côté de la municipalité de Haarlemmermeer : « Notre territoire contribue fortement à la transition énergétique. Cet accord montre que nous pouvons développer le solaire autour de l’aéroport à condition d’intégrer les impératifs de sécurité », ont rappelé les élues Charlotte van der Meij et Beryl van Straten.

Le ministre néerlandais des Infrastructures, Tieman, a pour sa part insisté sur l’urgence : « Les reflets menaçaient les opérations aéroportuaires, avec un risque de retards et d’annulations en chaîne. L’État s’est donc engagé à participer activement à la résolution du problème. »

En attendant le retrait complet des panneaux concernés, des mesures provisoires s’imposent. À partir du 28 août et jusqu’au 29 septembre 2025, la piste du Zwanenburgbaan sera régulièrement fermée à l’atterrissage lors des après-midis ensoleillés, entre 14h40 et 17h00 environ. Les appareils seront déroutés vers la piste de Schiphol-Oostbaan, une organisation susceptible d’entraîner retards et nuisances sonores accrues.

Le consortium De Groene Energie Corridor (DGEC), qui exploite le site, s’attend à un coût supplémentaire de plusieurs millions d’euros. Schiphol, la municipalité de Haarlemmermeer et l’État contribueront financièrement, dans un effort présenté comme « collectif et solidaire ». Aucun détail chiffré n’a encore été communiqué, mais les observateurs estiment que le surcoût pourrait reporter la rentabilité du parc de plusieurs années.

Ce compromis, au croisement de la sécurité aéronautique et du développement durable, pourrait servir de référence pour d’autres projets néerlandais. Avec ses 60 millions de passagers annuels et son rôle central en Europe, Schiphol illustre l’équation complexe qui attend de nombreux aéroports : sécuriser le trafic tout en intégrant des infrastructures énergétiques indispensables à la transition climatique.

Amsterdam-Schiphol démantèle temporairement un parc solaire pour éviter les risques d’éblouissement des pilotes 1 Air Journal