Pour la première fois depuis plus de 35 ans, un avion de ligne européen a atterri à l’aéroport international de Bagdad : Aegean Airlines a inauguré une liaison directe au départ d’Athènes, marquant le retour d’un transporteur de l’Union européenne dans le ciel de la capitale irakienne.
Le 16 décembre 2025, un Airbus A320 d’Aegean Airlines, opérant le vol AEE964, a quitté l’aéroport d’Athènes vers 8 h 30 pour se poser à Bagdad après un peu plus de trois heures de vol, où il a été accueilli par un salut canon d’eau et des représentants des autorités irakiennes. Le ministère irakien des Transports a salué une étape « cruciale » marquant le retour de la capitale « sur la carte aérienne européenne » et le début d’une « nouvelle phase de reprise » pour la connectivité du pays.
La liaison Athènes–Bagdad est programmée deux fois par semaine, avec une possible montée en puissance en fonction de la demande. Aegean Airlines rejoint ainsi, en tant que premier transporteur européen, un faisceau de compagnies aériennes du Moyen‑Orient déjà présentes à Bagdad, comme Turkish Airlines, Qatar Airways, flydubai ou Royal Jordanian.
Aegean n’en est pas à sa première desserte en Irak : la compagnie grecque a déjà lancé des vols vers Erbil, capitale du Kurdistan irakien, considérée ces dernières années comme plus stable que la capitale irakienne Bagdad. L’ouverture de la ligne Athènes-Bagdad s’inscrit dans la continuité de cette stratégie, avec l’idée de capter un trafic mêlant voyages d’affaires, déplacements de la diaspora, missions internationales et, à terme, un certain tourisme.
Trente‑cinq ans de coupure avec les compagnies européennes
Les compagnies européennes avaient progressivement cessé de desservir Bagdad à la fin des années 1980, sur fond de guerre Iran–Irak et de dégradation rapide du contexte sécuritaire. Après l’invasion du Koweït par l’Irak en 1990, les sanctions de l’ONU, les zones d’exclusion aérienne et la guerre du Golfe de 1991 ont pratiquement mis fin au trafic international régulier, à l’exception de quelques vols régionaux ou humanitaires opérés notamment depuis Amman.
Les années 2000 ont été marquées par la chute du régime de Saddam Hussein, une forte instabilité interne, la montée d’insurrections armées et la menace d’attentats visant des infrastructures sensibles, ce qui a continué de dissuader les grands transporteurs européens de revenir. Plus récemment, l’Union européenne a inscrit la compagnie nationale Iraqi Airways sur sa liste noire, limitant la connectivité directe et pesant sur l’image globale de l’aviation civile irakienne.
Des progrès de sécurité mis en avant par Bagdad
L’arrivée de la compagnie aérienne grecque Aegean Airlines est présentée comme un signal de normalisation progressive et de réouverture du pays vers le marché européen, après des décennies de conflits, de sanctions et de restrictions de sécurité. Les autorités irakiennes expliquent le retour d’un transporteur européen par plusieurs années de travaux pour mettre l’aéroport de Bagdad en conformité avec les standards opérationnels et de sûreté exigés par l’Europe.
Le ministère des Transports irakien affirme avoir résolu « plus de 80% » des manquements relevés dans les audits internationaux, notamment en matière de procédures de sécurité, de contrôle des accès et de surveillance des opérations. « L’atterrissage d’un appareil européen à Bagdad après 35 ans symbolise la confiance retrouvée dans la sécurité de nos infrastructures », a indiqué le ministère, en espérant que d’autres compagnies aériennes européennes et internationales suivront l’exemple d’Aegean. Pour la Grèce, la desserte de Bagdad est également présentée par le ministre des Affaires étrangères comme un moyen de « renforcer les liens humains, économiques et culturels » entre Athènes et Bagdad.

@IINA Agency
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