L’Union des aéroports français (UAF) alerte sur une perte de 1,3 million de passagers dans les aéroports métropolitains et ultra-marins en 2025-2026, conséquence directe selon elle du triplement de la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA) décidé dans le budget 2025.

Les aéroports dénoncent un « décrochage » de la France par rapport à ses voisins européens, avec des milliers de vols supprimés, une offre en sièges qui progresse beaucoup moins vite qu’ailleurs en Europe et un réseau régional fragilisé.​ Depuis le 1er mars 2025, la TSBA a été multipliée par trois, faisant passer la surtaxe à environ 4,77 euros par billet sur les vols intérieurs ou européens en classe Economique au départ de la France, et jusqu’à 120 euros sur certains billets long-courriers en classe Affaires. Cette hausse s’ajoute à d’autres prélèvements (taxes d’aéroport, sûreté, sécurité) et doit rapporter près d’un milliard d’euros supplémentaires par an à l’État, selon les documents budgétaires.​

L’UAF estime que cette surtaxation renchérit le « coût de touchée » en France, au point d’inciter les compagnies aériennes – notamment low cost – à redéployer leurs capacités vers d’autres pays européens moins taxés. « L’offre de sièges au départ de la France, depuis le deuxième trimestre 2025, n’augmente que de 1,5% contre 4,5% dans le reste de l’Europe », déplore le président de l’UAF, Thomas Juin, qui y voit « la conséquence directe de choix politiques et fiscaux qui ont fragilisé notre compétitivité ».​ Et de rappeler : « En 2024, le trafic passagers en France n’a toujours pas retrouvé son niveau d’avant-crise, accusant une diminution de 4% par rapport à 2019 »

1,3 million de passagers en moins
L’UAF décompte « 630 000 passagers en moins » pendant la saison d’hiver 2025-2026 chez ses adhérents, une « tendance alarmante » qui « se confirme et s’aggrave pour la saison printemps-été » prochaine, avec 750 000 passagers qui « manqueront à l’appel » en l’état actuel des programmes de vols des compagnies aériennes, soit au total quelque 1,3 millions de passagers. Ces chiffres sont issus des notifications transmises par les compagnies aériennes aux aéroports membres de l’UAF, en excluant toutefois Paris‑Charles‑de‑Gaulle et Orly qui concentrent à eux seuls la moitié du trafic aérien français.​

Des milliers de vols supprimés
Les pertes de passagers se concentrent notamment sur les lignes domestiques et intra‑européennes opérées en low cost, où quelques euros de surcoût peuvent suffire à faire basculer la demande vers des aéroports étrangers voisins. Les aéroports lient très directement la hausse de la fiscalité aux décisions récentes de low cost comme Ryanair ou easyJet de fermer des lignes ou de réduire drastiquement les fréquences vers la France. Selon l’UAF, « des milliers de vols sont d’ores et déjà supprimés » des programmes d’hiver et d’été, avec une concentration des coupes sur les liaisons point-à-point régionales, jugées plus fragiles économiquement.​

Les grands hubs parisiens et quelques plateformes régionales majeures (Nice, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux…) devraient absorber plus facilement ces ajustements, mais les petits et moyens aéroports voient leur équilibre financier menacé. La Cour des comptes a rappelé qu’il est difficile pour un aéroport d’être rentable sous le seuil de 700 000 passagers annuels, un niveau que seule une minorité de plateformes françaises dépasse aujourd’hui.​

Appel à une « pause fiscale »
Face à ces signaux, le nouveau directeur général de l’Aviation civile, Chemseddine Chkioua, a reconnu des « signes inquiétants » et admis que « la France figure parmi les pays européens taxant le plus le transport aérien ». Il a rappelé que le ministre des Transports s’est déclaré favorable à une « pause fiscale » dans le cadre du projet de loi de finances 2026, « espérant que la sagesse du Parlement permettra de la mettre en œuvre ».​

L’UAF et la Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (FNAM) plaident pour une évaluation globale de l’impact des hausses de taxes, mettant en garde contre un « décrochage durable » de la France face à l’Espagne, l’Italie ou le Portugal qui ont, eux, choisi de ne pas surtaxer leur transport aérien. « Nous voulons aussi parler de la réalité », insiste Thomas Juin, pour qui « une taxation excessive de la filière française du transport aérien » risque de détourner durablement compagnies aériennes et passagers du ciel français.

Augmentation de la TSBA : les aéroports français déplorent la perte de 1,3 million de passagers 1 Air Journal

@Aéroport de Tours/Edeis