La publication du rapport d'enquête sur l'attentat contre le vol 182 d'Air India, qui avait couté la vie à 329 personnes en juin 1985, n'est pas tendre avec les autorités canadiennes, les accusant d'incompétence mais aussi de mépris envers les familles des victimes. La Commission d'Enquête sur l'attentat par des extrémistes sikhs contre le vol 182 d'Air India a fourni son rapport, une longue litanie d'erreurs de jugement et d'approximations avant l'attentat, et de décisions contestables après. L'avion avait explosé en plein vol après son décollage depuis Toronto le 23 juin 1985, un attentat revendiqué par des extrémistes sikhs. Le rapport accuse d'abord les agences gouvernementales d'avoir ignoré ou sous-évalué toutes les informations qu'elles avaient reçues et qui auraient dû empêcher l'attentat – allant des menaces proférées par des extrémistes sikhs aux alertes officielles venues d'Inde, en passant par le test d'une bombe dans un bois de Colombie Britannique par ces mêmes extrémistes. Il attaque l'absence de sérieux de la sécurité dans les aéroports, et ajoute que les communications entre agences de sécurité canadiennes (CSIS, RCMP) de l'époque étaient "déficientes", une remarque que l'on entendra encore après les attentats du 11 septembre… Mais ce rapport souligne aussi comment le gouvernement de l'époque avait traité les familles des victimes comme des "adversaires", plus préoccupé par sa propre réputation que par ses obligations envers les victimes. Les autorités avaient en effet pendant longtemps nié qu'une bombe était à l'origine de la catastrophe et refusé une aide financière quelconque aux familles. Et les moyens donnés à l'enquête policière étaient on ne peut plus minces, avec apparemment pour seul but de dédouaner le gouvernement canadien de toute responsabilité. Le rapport finit avec deux recommandations: la nomination d'un "tsar" unique de l'antiterrorisme, et le paiement de dommages aux familles des victimes. Vingt-cinq ans après les faits…