La note descriptive du BEA sur les circonstances du crash de l’AF447 a été avancée d’un mois sur la date prévue afin de mettre fin aux fuites dans la presse et aux versions contradictoires et partielles. Une autre raison était de redonner un climat de sérénité à l’enquête. Est-ce réussi, peut-on se demander aujourd’hui. Car chacun y va de son scénario pour attribuer les responsabilités de ce drame. C’est à partir de la défaillance des sondes Pitot, « l’événement initial », indiquant des vitesses incohérentes que l’on peut expliquer le décrochage de l’A330-200, pointe Air France. D’autres explications, plus embarrassantes pour Air France, étayées par des experts aéronautiques, avancent une mauvaise procédure des pilotes en cas du décrochage. Ils ont « cabré », soit redressé l’avion, alors qu’il aurait peut-être été préférable de « piquer » pour que les ailes de l’avion reprennent appui sur l’air. Un point sur lequel le BEA ne s’est pas prononcé. Pas bien difficile d’imaginer comment les deux mis en examen pour homicides involontaires, Air France et Airbus, pourraient se défendre si tout restait inchangé. Le premier en désignant les sondes Pitot coupables, va tenter de se décharger sur Airbus. Le deuxième sans doute en mettant en avant une procédure inadaptée des pilotes lors du décrochage, mettra la pression sur la compagnie aérienne française, en disant que finalement, le dysfonctionnement « établi » des sondes Pitot a certes pu contribuer à l’accident, mais qu’il ne peut tout expliquer à elles seules. Et en filigrane de cette bataille autour des sondes Pitot annoncée, il faudra aussi démêler et apaiser les tensions entre Airbus et la compagnie française, cette dernière devant bientôt passer une commande record de 100 biréacteurs Airbus A350 ou Boeing787 Dreamliner. Le vol Rio-Paris est-il susceptible de faire pencher la balance ?