En un peu plus de six mois, la Russie a déjà connu deux fois plus d’accidents d’avions que pendant toute l’année dernière, d’après un rapport du ministère des Transports russe. Impliquant la plupart du temps des appareils obsolètes appartenant à des compagnies dont la flotte est inférieure à dix appareils, ils ont poussé les autorités russes à interdire les vols long-courriers aux petits transporteurs. De janvier à mi août 2011, 13 crashs d’avions ont tué 81 personnes en Russie, le plus terrible étant celui du 20 juin dernier lorsqu’un Tupolev TU-134 s’est écrasé en Carélie (nord-ouest de la Russie) faisant 47 morts. Et il faut y ajouter 26 accidents sans décès. Ces accidents impliquaient majoritairement des avions obsolètes appartenant à des compagnies qui opèrent au mieux cinq ou six appareils. Estimant les petits transporteurs incapables de rajeunir leur flotte, le gouvernement russe a donc décidé de restreindre leur droit d’exploitation. Ainsi, à compter du 1er janvier 2012, ceux opérant moins de dix appareils n’auront plus le droit d’effectuer des vols long-courriers. Et à partir de 2013, ceux possédant moins de 20 avions pourront eux aussi être concernés. Cette mesure devrait toucher 57% des 139 compagnies aériennes que compte la Russie. Mais elle ne devrait pas trop perturber le trafic aérien russe, le marché étant détenu à 90% par les 15 plus grands transporteurs, Aeroflot, Transaero et S7 en tête. Cette nouvelle interdiction vient s’ajouter à la suspension de vol, à partir de 2012, de tous les Antonov AN-24 et An-134, décidée début août. Mais selon des experts, ces deux dispositions seront difficiles à appliquer, car elle risquerait d'isoler les régions reculées. En effet, les petites compagnies desservent souvent des régions éloignées dont les aéroports ne peuvent pas accueillir des appareils plus modernes et manquent de moyens pour moderniser les pistes d'atterrissage.