Réunis à Ouagadougou, les ministres africains responsables du Transport ont critiqué samedi la liste noire européenne des compagnies aériennes interdites dans son ciel et ont demandé à l’Union Européenne (UE) plus de transparence dans ses choix. Sur les 269 compagnies aériennes inscrites sur la dernière liste noire européenne (établie le 19 avril 2011) plus de 130 sont africaines, et sur les 21 pays qui ont vu l’ensemble de leurs transporteurs aériens interdits en Europe 15 sont africains : Angola, Bénin, République du Congo, République Démocratique du Congo, Djibouti, Guinée Equatoriale, Gabon (à l’exception de trois compagnies soumises à des conditions et des restrictions d’exploitation), Liberia, Mauritanie, Mozambique, Sierra Leone, Sao Tomé-et-Principe, Soudan, Swaziland et Zambie. Une situation qui inquiète les ministres des Transports africains. Lors de l'ouverture d'une réunion des 17 pays de l'Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna), le ministre burkinabé s’est inquiété des conséquences. Selon lui, cette liste noire, "basée sur des critères très restrictifs et qui se révèlent fortement discriminatoires, conduira inéluctablement (…) à l'exclusion de la totalité de la communauté aéronautique africaine du transport aérien international". L’inscription en avril dernier des deux Boeing 767 d’Air Madagascar sur l’annexe B de liste européenne aurait pu par exemple obliger la compagnie malgache à supprimer ses deux destinations françaises. Depuis, elle loue des avions à d’autres compagnies pour desservir Paris et Marseille. Les ministres africains demandent donc que l’UE mette en place un audit "réalisé de manière contradictoire et accepté par les Etats" avant d’inscrire une compagnie sur sa liste. Mais quoiqu’il arrive, les pays africains ont encore beaucoup à faire en matière de sécurité aérienne, l’Afrique enregistrant un taux d'accidents douze fois supérieur à la moyenne mondiale, selon des données 2010 de l'Association internationale du trafic aérien (IATA).