Alors que la compagnie Hop!  exploite actuellement la ligne Lannion-Paris, liaison aérienne sous DSP (délégation de service public - ligne subventionnée), sa pérennité semble menacée. Explication. L'échéance de la DSP est fixée au 22 septembre prochain. De facto, il y a quelques mois de cela, le syndicat gestionnaire de l'aéroport de Lannion a lancé un appel d'offres, après qu'Hop! (autrefois Airlinair), a décidé l'an dernier de dénoncer la convention de service public qui était en vigueur depuis 2009. En octobre, elle avait réussi à obtenir une « rallonge » de 700.000 € des collectivités adhérentes du syndicat, Conseil Général des Côtes d'Armor en tête, afin de couvrir le déficit d'exploitation de la ligne attendu à 2,4 M€ pour dix mois. Malgré la situation financière de la ligne, trois compagnies aériennes ont toutefois porté de l'intérêt sur son exploitation (qui a tout de même permis de transporter l'an passé quelque 35.000 voyageurs). Chalair Aviation s'était portée candidate mais s'est finalement retirée : « Nous n'avons pas déposé d'offre. Imposer un tel cahier des charges, avec deux rotations par jour et huit heures d'amplitude à Paris, ce n'est pas possible. On aurait un niveau de déficit identique à celui d'aujourd'hui et on devrait demander une rallonge dans un an », commente Jérôme Latrasse, directeur commercial de Chalair. Sans surprise, Hop !, actuel exploitant, a confirmé être candidat à la poursuite de l'activité, sans autre commentaire. Il y a quelques mois, Lionel Guérin, alors P.D.G d'Airlinair et aujourd'hui P.D.G de Hop !, déclarait : « On postulera à l'appel d'offres et on se battra pour l'avoir. On ne laisse pas tomber Lannion -Paris». Hop! aura finalement un seul challenger, Twinjet qui profite de l'abaissement à 19 places du seuil de capacité des avions, prévu dans la nouvelle obligation de service public, afin de limiter les coûts. Seulement, coup de théâtre. Lundi 24 juin dernier, Dominique Lecomte, président de la chambre de commerce et d'industrie des Côtes-d'Armor annonce qu'à Guingamp, la CCI a voté la réduction de sa participation financière au budget de la ligne. Un événement qui impacte directement l'avenir de l'infrastructure : une baisse de 345.000 € à 250.000 € (sur un total de 2,8 M€ de participations). « La solidarité a ses limites. Je n'ai pris personne en traître », rajoute Dominique Lecomte qui, s'il estime la ligne « vitale » pour l'économie de la région, aimerait tout de même que cette légitimité soit confirmée par une augmentation du nombre de passagers. Or, après le trou d'air des années 2000 (de 60.000 passagers, la ligne Paris-Orly est descendue sous le seuil des 30.000 en 2008), l'aéroport peine à redécoller (35.000 passagers en 2012). Et ce n'est pas l'arrivée du TGV à Lannion à l'horizon 2020, qui promet de faire moins de concurrence... Un conseiller du Ministre des Transports a assuré que l'Etat allait perdurer son engagement financier, mais pour quel montant ? "Un arbitrage sera fait sur une enveloppe que se partage une quarantaine d'aéroports en France. La répartition sera tranchée la semaine prochaine", a indiqué René Perroquin, représentant de la CFDT sur ce dossier. Cette question sur l'avenir du Lannion-Paris en engendre de nouvelles sur la viabilité de l'équipement aéroportuaire de Lannion - Côte de Granit. Si la ligne Lannion-Paris disparaît, outre les difficultés pour les entreprises du bassin économique, ce sont 45 emplois directs qui sont remis en cause. En France, de nombreux autres aéroports sont dépendants de l'argent du contribuable, du fait de l'absence de lignes régulières ou d'activités permettant leur auto-financement : Saint Brieuc, Angers, Caen, Le Havre, Rouen, Angoulême, Avignon...quel est l'avenir pour ces structures aéroportuaires ? L'aéroport de Lannion pourrait-il en faire partie ? Réponse dans les prochaines semaines.