Un jour de deuil national a accueilli hier aux Pays-Bas les quarante premiers corps des victimes du crash de la compagnie aérienne Malaysia Airlines au-dessus de l’Ukraine, apparemment abattu par un missile sol-air, tandis qu’un séparatiste pro-russe avouait posséder des systèmes antiaériens Buk et que Kiev annonçait la perte de deux avions de combats. Drapeaux en berne, minute de silence et hommages ont salué le 23 juillet 2014 l’arrivée aux Pays-Bas de quarante cercueils contenant les dépouilles de victimes du vol MH17, dont l’accident jeudi dernier a coûté la vie aux 298 personnes à bord – dont 193 Néerlandais. Le processus d’identification va commencer dans la base militaire d’Hilversum près d’Amsterdam. L’aéroport Schiphol a interrompu tout trafic pendant la minute de silence, les transports en commun marquant également une pause pour marquer ce premier deuil national depuis 1962 et la mort de la reine Wilhelmina. En Ukraine, le commandant du bataillon Vostok, qui dispute le leadership des séparatistes à la république autoproclamée de Donetsk, a déclaré dans une interview à Reuters que ses troupes avaient pris aux forces gouvernementales quatre systèmes de missiles antiaériens Buk, ajoutant qu’ils « ne sont pas opérationnels ». Alexandre Khodakovski « n’exclut pas » que le missile qui aurait atteint le Boeing 777-200ER de Malaysia Airlines soit venu de Russie et que la batterie Buk qui aurait permis de le tirer ait été renvoyée en Russie après le drame « pour escamoter les preuves ». Et pour compliquer encore le message, il « ne dit pas que la Russie a donné [aux rebelles] un tel missile mais si on m'en avait proposé un, j'aurais accepté. Mais je ne l'aurais pas utilisé contre une cible inoffensive, je l'aurais tiré uniquement pour protéger des vies en cas d'attaque aérienne. » Il accuse de nouveau Kiev d’être responsable du drame, en raison des attaques aériennes menées jeudi dernier sur les positions séparatistes dans l’est de l’Ukraine : « juste au moment du tir, au moment où l'avion civil passait au-dessus, ils ont lancé des attaques aériennes. S'il y avait bien un Buk, et si ce Buk a été utilisé, l'Ukraine a tout fait pour qu'un appareil civil soit descendu. » Kiev a de son côté annoncé hier que deux avions de chasse ont été abattus 45 kilomètres au sud-ouest de la zone du crash du vol MH17. D’après des informations préliminaires, les Sukhoi-25 volaient à 5200 mètres d’altitude quand ils ont été pris pour cibles « par des missiles tirés depuis le territoire russe », et le sort des pilotes qui se seraient éjectés reste inconnu, selon un communiqué du le Conseil de sécurité nationale et de défense ukrainien. L’OACI a confirmé hier que les l’enregistreur de conversations du cockpit du 777 de Malaysia Airlines est en bon état, l’examen de celui des données de vol étant toujours en cours. L’IATA a de nouveau réitéré sa demande d’une enquête au plus vite, soulignant que le cas du vol MH17 « est une attaque en complète violation des lois internationales » alors que le transport aérien « est un instrument de paix ». Et le CICR (Comité international de la Croix-Rouge) a officiellement qualifié de guerre civile le conflit en Ukraine, permettant du coup le lancement de poursuite judiciaires par les tribunaux internationaux, notamment pour crime de guerre. Quant au journaliste de SkyNews filmé en train de fouiller des effets personnels après avoir dénoncé l’absence de sécurisation du site du crash, il a finalement présenté des excuses publiques.