Au dixième jour de grève des pilotes, un record en France depuis 1998, la direction d'Air France a confirmé la reprise des négociations avec les syndicats "dans un souci d'arriver à une résolution rapide du conflit", en réponse au Premier ministre Manuel Valls qui a demandé aux parties concernées de "trouver une solution dans les heures qui viennent". Si le SNPL, principal syndicat des pilotes, a demandé une réunion de négociation "dès aujourd'hui" mercredi 24 septembre, plutôt que "demain et après-demain", la direction d'Air France a avancé des dates de réunions jeudi 25 et vendredi 26. Pour rappel, les pilotes grévistes s'opposent au projet de Transavia Europe, estimant que le développement de cette filiale low cost européenne avec l'emploi de personnel local entraînera une délocalisation de leur métier. Une grande confusion a régné tout au long de la journée, après que le secrétaire d'Etat aux Transports, Alain Vidalies, avait annoncé tôt ce matin que «le projet de Transavia Europe est abandonné par la direction» d’Air France, ajoutant que «le projet n’est pas suspendu pour trois mois, il est retiré».  Mais l'annonce a été immédiatement démentie par un porte-parole d'Air France qui a rappelé qu' "aucun changement dans les négociations ne permet d'affirmer que ce projet est retiré. La proposition reste de suspendre ce projet [Transavia Europe] et d'ouvrir une large concertation, un large dialogue avec les partenaires sociaux d'ici à la fin de l'année, comme avancé par la direction lundi. (…) Si ce dialogue ne devait pas aboutir, le projet serait alors retiré. Mais il est prématuré d'annoncer aujourd'hui que ce projet est d'ores et déjà retiré." Alors, retrait ou suspension ? Ce midi, quelque 500 employés d'Air France, des personnels au sol et d'escale, agents de maintenance, techniciens, et aussi quelques pilotes solidaires de la direction, se sont rassemblés devant le siège de la compagnie à Roissy aux cris de "Les pilotes au boulot ! Non à la grève." Ils ont voulu afficher en public leur opposition à la grève des pilotes en cours depuis le 15 septembre qui fait perdre à leur compagnie aérienne entre 15 et 20 millions d'euros par jour. "On a su relever l'entreprise en se serrant la ceinture pendant des années, et une minorité de nantis met tout en danger. Les pilotes parlent de dumping social, mais ce n'est que pour eux, c'est un mouvement ultra-corporatiste", a expliqué à l'AFP Jean-Pierre Bernasse, agent au sol "en colère" qui travaille depuis 36 ans chez Air France. En attendant un accord avec la direction, le SNPL a poussé son préavis de grève reconductible jusqu'au 30 septembre. La grève continue donc à clouer au sol la moitié de la flotte d'Air France. Aujourd'hui mercredi 24 septembre, la compagnie nationale a assuré 47% de son programme de vols. Idem pour demain jeudi 25 septembre 2014, elle prévoit d’assurer également 47% de son programme de vols compte tenu d’un taux de pilotes grévistes estimé à 62% pour cette journée. La longue grève des pilotes d'Air France profite aux autres compagnies qui récupèrent jour après jour des passagers. Cette grève est un "magnifique bonus" pour les compagnies low cost, s'est réjoui Michael O’Leary, le patron de Ryanair. Et d'ajouter avec son humour habituel : "Avec des concurrents comme ça, ce n'est pas difficile de comprendre pourquoi Ryanair est la compagnie qui progresse le plus vite en Europe".