Publié le 1 mai 2024 à 00h03
FNAM : plus de compagnies aériennes françaises dans cinq ans ?
Publié le 30 octobre 2014 à 12h00 par François Duclos
Le président de la Fédération Nationale de l’Aviation Marchande Alain Battisti a publié une longue lettre ouverte, dans laquelle il assure que « si l’on ne fait rien, il n’y aura plus de compagnies aériennes françaises dans 5 ans », en raison des low cost « voyou » et de la concurrence subventionnée sur le long-courrier. Nous reproduisons ce courrier dans son intégralité :
Principale organisation professionnelle du secteur aérien, la FNAM représente plus de 95% du secteur du transport aérien français, soit plus de 100 000 emplois dont 72 000 emplois dans les compagnies aériennes et 30 000 dans l’assistance en escale et gestionnaire d’aéroports. Afin de comprendre la situation présente du transport aérien français, il est utile de rappeler qu’à la fin des années 90, le marché européen du transport aérien dans le sillage de la dérégulation Américaine des « années Reagan », s’est totalement ouvert à la concurrence. Cette décision politique européenne souhaitée par les Etats, dont la France, a été conduite par les autorités dans « l’intérêt supérieur du consommateur » avec pour objectifs de démocratiser le transport aérien, de réduire les prix du billet, tout en donnant des droits supplémentaires aux clients/passagers/consommateurs.
Les « low cost » ont joué sur les avantages fiscaux et un droit social avantageux
En matière de concurrence intracommunautaire, l’émergence fulgurante des compagnies à bas coûts dites « low cost » a été rendu possible grâce à l’institution de ce grand Marché Européen, mais également au développement d’Internet qui a révolutionné la distribution des billets d’avions tout en en réduisant fortement les coûts. Cependant, l’Europe et les Etats ont oublié de mettre à niveau la fiscalité, le système social, les règles du marché du travail entre les Etats. Dans ce contexte, la croissance des compagnies « low cost» s’est bâtie en jouant des avantages fiscaux et surtout d’un droit social avantageux par sa souplesse et son pragmatisme. Parmi les « low cost », certaines compagnies « voyous » bâtissent leur croissance en bafouant les règles européennes en matière de droit social, de fiscalité, de droits des consommateurs...
Ryanair et easyJet, deux exemples de compagnies voyou ?
Je citerai deux exemples : la récente condamnation de Ryanair, qui applique une surtaxe de 2% sur les paiements par carte bancaire. Cette surtaxe a été jugée illégale. Mais disons les choses franchement, constitué en business-model, le non-respect délibéré des Lois et des règlements donnent à certains des avantages concurrentiels majeurs sans qu’aucun vrai coup de sifflet ne soit donné par les autorités. Dans le cas présent, que signifie 150 000 € d’amende au regard de 2% de revenu complémentaire calculé sur plusieurs milliards d’euros de chiffre d’affaire ?
Le second exemple nous vient d’easyJet, compagnie reçue en grandes pompes au ministère des Transports en Juin dernier et qui, par ailleurs, déclarait publiquement n’opérer sur le territoire national que la moitié de ses vols avec du personnel basé, c’est-à-dire « déclarés » en France. En clair, easyJet ne paye que la moitié des cotisations sociales dues par son exploitation française! Combien d’entreprises françaises pourraient de façon pérenne ne payer que la moitié de leurs URSSAF ?
Halte à la concurrence subventionnée
En matière de concurrence extracommunautaire, nos aéroports voient débarquer de nouvelles compagnies souvent créées de toutes pièces par des Etats souverains. Peut-on accepter sans restriction la concurrence sinon subventionnée, du moins soutenue par des Etats aux ressources financières sans limite ? Est-ce là, de la saine et juste, libre-concurrence ? Pourquoi l’Europe est-elle aussi naïve par rapport aux enjeux d’une concurrence qui s’annonce aussi déséquilibrée ? L’Europe peut-elle poursuivre une politique d’ouverture sacrificielle pour ses intérêts économiques et ses emplois ?
Une perte inexorable de parts de marché pour les compagnies françaises
Les compagnies françaises vivent depuis 12 ans, une inexorable décroissance de leurs parts de marché. Face à l’évolution de la concurrence, les compagnies régulières françaises ne sont pas restées inactives. Elles ont travaillé leurs fondamentaux, et, s’appuyant sur des alliances capitalistiques et commerciales, en jouant sur tous les leviers de gestion. Elles réforment leur offre, travaillent leurs programmes et leurs tarifs, régulent les capacités, développent des hubs internationaux ou nationaux, font le plus souvent les bons choix d’investissement en modernisant leur flotte, mettent en place des alliances européennes et mondiales.
Des coûts fiscaux et sociaux incompatibles avec la guerre économique
Pour autant, ces efforts de gestion, ces décisions stratégiques sont-elles suffisantes pour survivre et se développer ? L’Etat français et les gouvernements successifs ont-ils réellement pris en compte la mesure des enjeux du ciel unique Européen et de la mondialisation ? Les entreprises françaises du Transport Aérien vivent des handicaps structurels qui les menacent de disparition pure et simple. Les coûts sociaux et fiscaux imposés par notre pays à ses entreprises sont simplement incompatibles avec la guerre économique que nous livrons et la concurrence mondiale que nous affrontons.
En 2010, la taxation (hors impôts sur les sociétés) des entreprises de l’aérien en Allemagne représentait 0,3% du chiffre d’affaires, 0,1% aux Pays-Bas, 11 fois plus en France (1,1%). Depuis 2010, la situation s’est aggravée en France alors que la taxation en Allemagne et aux Pays-Bas s’est réduite. En prenant comme base de comparaison les pays où, comme en France, la protection sociale a un vrai sens, les charges sociales calculées sur la base d’un salaire brut représentent 21% en Irlande, 25% au Royaume-Uni, 19% aux Pays-Bas, 29% en Allemagne et 47% en France soit près du double de la moyenne des quatre pays précédents (23.5 %). Si l’on se penche sur les coûts de sureté en aéroport, nous constatons que La France est le seul pays d’Europe où les coûts de sureté augmentent d’année en année. De plus ces couts de sureté sont intégralement pris en charge par le secteur, cas unique dans le monde.
Remettre à plat le système français
Nos entreprises ont elles un avenir alors qu’elles sont face à des adversaires qui « courent » plus vite ? Les écarts entre les charges et la fiscalité d’une part, et les standards européens (bas coûts ou non) d’autre part, imposent une remise à plat profonde du système français, dont la caractéristique principale est de faire porter sur un faible nombre la quasi-totalité du fardeau des taxes et prélèvements, au nom de la justice et de l’équité. Les pouvoirs publics se doivent de faire rapidement un rééquilibrage en faveur de l’emploi et de la valeur ajoutée dans le pays.
Les compagnies aériennes n’ont plus de temps devant elles. Si nous restons sur la tendance actuelle, il n’y aura plus de compagnies françaises dans moins de 5 ans.
Simplifier les procédures
Le rôle des pouvoirs publics en tant que producteur de service doit être également remis à plat. La puissance publique a le devoir de réduire ses coûts de fonctionnement (augmentation de la productivité, réduction des effectifs, concentration des administrations, introduction de la rémunération variable et au mérite, modernisation de certaines infrastructures ou systèmes). La direction générale de l’aviation civile (DGAC), dont la compétence des personnels est reconnue en France et à l’étranger, doit simplifier ses procédures internes et réduire celles qu’elle impose aux compagnies, aux aéroports, à l’ensemble des acteurs de l’industrie. Il faut mettre fin à la « surinterprétation » réglementaire systématique des textes européens, par exemple en matière de sureté, de maintenance, de temps de travail, de surveillance réglementaire….
Au Canada, une division par deux du coût du contrôle aérien
Prenons un exemple précis d’adaptation réussie de structures publiques à la contrainte budgétaire. L’exemple nous vient de l’étranger, de Transport CANADA qui a réduit par deux le coût du contrôle aérien en 10 ans. La recette a été non pas de privatiser le contrôle aérien, mais de créer un établissement public, avec une recherche permanente de productivité de ses personnels et de ses outils de production (radar, informatique, organisation).
Enfin en matière d’infrastructure, l’Etat peut agir efficacement et de façon éclairé en évitant la création ou le maintien de rente de situation à l’abri de la concurrence. La « dénationalisation progressive » des aéroports français accentue chaque jour les déséquilibres au sein de la chaine de valeurs du transport aérien. Il suffit de comparer les rentabilités des sociétés ou groupes aéroportuaires avec celles des compagnies aériennes pour être frappé par le déséquilibre. Pourquoi les contrats de régulation aéroportuaires sont-ils aussi inadaptés? Nos aéroports sont les principaux points d’entrée de notre pays, la maîtrise de leurs tarifs est un facteur majeur d’attractivité. Des exemples pertinents de bonne gestion bien comprise existent au sein de l’UE, il suffit de s’en inspirer.
Le poids de la non-réforme et des corporatismes
Le pavillon français se trouve désormais à la croisée des chemins. Soit nous renonçons collectivement à exister, c’est, d’une certaine manière, le plan proposé par le syndicat majoritaire des pilotes de lignes qui en refusant le développement « low-cost » du groupe Air France, condamne la compagnie à renoncer au court et moyen-courrier, soit nous réagissons collectivement entreprises, salariés, pouvoirs publics, pour donner à nos enfants un avenir au sein d’un transport aérien tricolore au cœur d’une concurrence saine et rééquilibrée ?
Le poids de la non réforme et des corporatismes entrainent la mort lente de l’économie et la disparition anticipée des secteurs les plus exposés à la concurrence. Les pouvoirs publics ne peuvent pas rester indifférents et spectateurs de la mort du transport aérien français. L’enjeu immédiat est un choc de simplification et c’est aussi la volonté du chef de l’état. Prenant appui sur les initiatives prises courant 2013 par Gilles Savary, Président du CSAC, et, sur la volonté répétée par le Président de la République début 2014, la FNAM et l’ensemble des entreprises du secteur du transport aérien, veulent intensifier leurs contributions et multiplier les propositions en matière de simplification : c’est un enjeu majeur à court terme !
Cette démarche est reprise depuis trois mois dans le cadre de la mission confiée à Bruno Le Roux : Accélérons, car le temps des acteurs ne se mesure pas sur la même échelle.
A propos de la FNAM
La FNAM est la principale organisation professionnelle du secteur aérien. Au travers de 8 groupements professionnels, elle représente plus de 370 entreprises et fédère 9 métiers : le transport de passagers et l’aviation d’affaires, le taxi aérien, le transport par hélicoptères, le transport de fret, la maintenance aéronautique, les services aéroportuaires, le travail aérien, les écoles de formation. Ce secteur d’activité a un poids économique et social important : il est pourvoyeur de nombreux postes de main d'œuvre qualifiée et non-qualifiée (1 emploi direct crée 4 emplois indirects ou induits).
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Pbe77 a commenté :
30 octobre 2014 - 12 h 04 min
Pas besoin d’être le président de la FNAM pour constater ça …
flo a commenté :
30 octobre 2014 - 12 h 10 min
Avec tous les frustrés des recalés d’AF, c’est normal que ces compagnies voyous tels easyjet et ryanair se développent, aucun contrat francais, subventionnés à tout va, securité low cost, service inexistant.
Je parle meme pas des compagnies du golfes avec menaces du personnels, suppression du passport, localisation par GPS, pas de sécu, pas de syndicats et greves, pas d’airbus & rafales si pas de slots, bref la totale…
Tant qu’il y aura ces gros beaufs de francais pour prendre ces compagnies à la c***, le pays ne décollera pas.
Air France détient plus de 3% du PIB mais vu que les pax des compagnies lowcost ont un QI tout aussi low-csot…
Nico28 a commenté :
30 octobre 2014 - 12 h 19 min
Flo, il va falloir diversifier vos lectures et arrêter de croire mot pour mot les tracts syndicaux d’AF
Faites un peu de recherches sur internet, lisez les témoignages des gens qui travaillent chez Easyjet ou Emirates, et revenez nous voir
Vincent a commenté :
30 octobre 2014 - 12 h 47 min
Précisément, il ne se passe pas un mois sans qu’un témoignage effrayant d’un ex-employé d’une compagnie du Golfe ne nous parvienne.
Et c’est tout simplement hallucinant.
Nous ne devons pas lire la même presse.
allons a commenté :
30 octobre 2014 - 12 h 28 min
Tant d’anneries en une seule fois vous vous etes surpassé !! Bravo !!!
Vincent a commenté :
30 octobre 2014 - 12 h 48 min
Argumentez, si vous le pouvez, plutôt qu’insulter !
Filoustyle a commenté :
30 octobre 2014 - 12 h 36 min
Air France a était sauvé de la faillite deux fois dans les années 80/90 à coup de milliards de francs je me rappelle c’est pas de la subvention ça !! et que je sache les lowcoast n’existait pas ni celle du Golf il y avait bien un modèle français Aeris ex air toulouse,Air liberté,TAT que l’état subventionneur d’airfrance a tout fait pour faire disparaître et qui ont disparus par la faute d’airfrance qui cela dis n’a pas su ou pas voulu s’adapter au marché et aux français et maintenant elle joue la pleureuse ne faite pas autrui ce que l’on veut pas que l’on vous fasse voilà pour le dicton l’état n’est plus là pour la sauver comme il l’a fait dans le passé.
Air France et sont personnel n’ont pas su s’adapter ils en paye le prix !
Vincent a commenté :
30 octobre 2014 - 12 h 45 min
Tout à fait d’accord sur le constat, sauf que la cause est ailleurs.
Le lobby des constructeurs d’avions est parvenu à la déréglementation à outrance, entraînant une concurrence sauvage : ainsi se sont créées spécialement des compagnies à bas coût (bas coût social et fiscal) et des compagnies étatiques du Golfe archisubventionnées, toutes profitant des créneaux qu’on leur donnent avec une facilité déconcertante, en échange … d’achats d’avions.
Il faut savoir ce que l’on veut : vendre des avions, où privilégier une concurrence saine basée sur des règles simples ?
Si demain l’on revenait à des règles de la concurrence, ces compagnies disparaitraient aussitôt, mais au dépends immédiats des constructeurs.
Or, dans ce monde de l’argent facile, l’on ne réfléchit pas aux moyen et long termes, seul importe le court terme, faire du cash tout de suite, et après moi le déluge. Il évident qu’il arrivera un jour où les constructeurs le paieront très cher, mais alors, il sera trop tard.
De surcroit, que fera-t’on des flottes pléthoriques des low-coast et du Golfe lorsque ces compagnies voudront les remplacer ? Là aussi, personne ne s’est posé la question !
C2T a commenté :
30 octobre 2014 - 13 h 15 min
Oui effectivement il reste des beaufs de francais qui prennent …. Air France, c’est qu’ils aiment bien surpayer un billet pour moins de services ( enfin si il y a en un ) et fournir un salaire dementiel à des pilotes pour quelques heures de travail .
Avec des raisonnements de votre type on en vient vraiment à souhaiter la disparition d’AIR France ( triste mais réel ).
Nico28 a commenté :
30 octobre 2014 - 12 h 22 min
Biensur je ne parle même pas de votre haine du client qui prend pas AF ( enfin, si ça se trouve, ces meme clients peuvent voyager tantôt sur AF, tantôt sur d’autres compagnies, et auraient donc un QI variable dans le temps … )
Mais vu la teneur de ces propos je préfère ne pas avoir de QI à vos yeux
clama92 a commenté :
30 octobre 2014 - 12 h 24 min
Enfin un pied dans la fourmillère… Mais on savait déjà tout cela. Reste aux politiques à se bouger.
L’Europe et Bruxelles est complice de tout cela comme elle ferme les yeux sur les subventions allouées aux low cost.
allons a commenté :
30 octobre 2014 - 12 h 29 min
“Aneries” plutôt. Sorry
czl a commenté :
30 octobre 2014 - 12 h 29 min
plus de compagnies françaises dans 5 ans sauf si des low costs françaises arrivent à voir le jour et si on baisse le cout des vols long courriers
Un peu d’effort de la part des uns et des autres et tout devra rentrer dans l’ordre
FCB a commenté :
30 octobre 2014 - 12 h 29 min
Certains personnels d’AF (suivez mon regard!!)n’ont rien compris aux vrais enjeux à long terme!
Nos politiques français n’ont rien compris non plus…
Quant aux politiques à BRU, ils sont déconnectés de la réalité…
Quand on se réveillera, il sera trop tard, comme toujours!
Vincent a commenté :
30 octobre 2014 - 12 h 49 min
C’est vrai aussi.