Le Groupe Dubreuil et TUI France ont mis fin aux discussions sur le projet de rachat de la compagnie aérienne Corsair International, sans expliquer cette rupture surprise. Les syndicats ont du coup annulé le préavis de grève pour ce weekend. Le communiqué diffusé le 5 mars 2015 par la compagnie française est on ne peut plus laconique : « malgré les efforts de ces dernières semaines, les parties ont conclu qu'elles ne seront pas en mesure de mener à son terme le projet de cession de la compagnie Corsair. En conséquence, le Groupe Dubreuil et le Groupe TUI ont mis fin à leurs discussions relatives au projet de transaction ». Le groupe Dubreuil, propriétaire d’Air Caraïbes, a confirmé la nouvelle sans plus de précision. Mais il est difficile de ne pas penser au problème social : le personnel de Corsair International a déjà mené le weekend dernier une grève de trois jours, massivement suivie, pour exiger des garanties sur la pérennité de l’emploi – même si le Groupe Dubreuil assurait qu’il n’y aurait pas de plan social. Les syndicats de Corsair International CFE-CGC, CFDT, CGT, SUD-Aérien et UNAC « très satisfaits » ont immédiatement suspendu leur préavis de grève, qui aurait dû débuter ce matin et durer jusqu’à dimanche. Le précédent mouvement aurait couté près de 4 millions d’euros à la compagnie, et selon certaines sources ce serait elle qui aurait décidé d’arrêter les frais. Déjà en début de semaine, la direction de TUI France parlait de « communication inappropriée du groupe Dubreuil » pour expliquer la grogne. Rappelons que les syndicats craignaient aussi que le projet du Groupe Dubreuil de créer une nouvelle entité (chargée d’exploiter les Airbus A350-900 attendus à partir de l’année prochaine) contraindra les employés à démissionner avant de postuler de nouveau ; avec à la clé des exigences en termes de productivité, et la perte de l’ancienneté. Ils exigeaient donc de TUI France l’organisation d’un plan de départs volontaires avant la finalisation de la vente de Corsair International. La compagnie a creusé ses pertes l’année dernière à 8,9 millions d’euros, Dubreuil visant un retour à la profitabilité dès la première année pleine d’exploitation. L’abandon du projet de vente place bien sûr Corsair International et ses 1158 salariés dont 122 pilotes dans une situation inconfortable, vu les pertes de 8,9 millions d’euros enregistrées au 30 septembre 2014 (TUI espère toujours la vendre). Quant à Air Caraïbes, plus petite mais en très bonne santé financière, son projet d’opérer onze A350 d’ici 2024 devra probablement être revu à la baisse puisque le nouveau groupe qui devait représenter entre autres plus de la moitié du trafic Métropole – Antilles ne verra pas le jour.