Publié le 1 juin 2024 à 00h03
Crash en Colombie : enquête criminelle contre le contrôle aérien
Publié le 5 décembre 2016 à 07h30 par François Duclos
La Bolivie a ouvert une enquête criminelle contre une contrôleuse aérienne, qui avait laissé décoller l’avion de la compagnie charter LaMia Bolivia alors que le plan de vol ne répondait pas aux standards de la sécurité aérienne. Quelques heures plus tard, l’Avro RJ85 transportant l’équipe de football de Chaecoense s’écrasait faute d’essence non loin de Medellin, faisant 71 victimes parmi les 77 personnes à bord.
L’administration bolivienne des Aéroports et de la navigation aérienne AASANA a annoncé le 4 décembre 2016 avoir porté plainte contre une employée du contrôle aérien à l’aéroport de Santa Cruz de la Sierra, qui avait initialement refusé le plan de vol avant de laisser partir l’avion. Selon le Wall Street Journal, les conversations de Celia Castedo avec Alex Quispe, dispatcher du vol de LaMia, avait débuté par des objections sur le plan de vol d’une durée de quatre heures et demie, soit l'autonomie du RJ85. « Ce n’est pas bon. Recommencez et vérifiez. Changez votre plan de vol », aurait-elle dit selon le rapport qu’elle a écrit après le crash ; mais le dispatcher aurait répondu « laissez-le partir. Ne vous en faites pas, Melle Celia, c’est le rayon d’action qu’ils m’ont donné, nous couvrirons le trajet en moins de temps ». La contrôleuse écrit aussi que les dispatchers « trop souvent ne prennent pas au sérieux nos objections » ; mais elle a tout de même fini par donner le feu vert au vol 2933. Elle risque quatre ans de prison.
Aucune des parties en cause n’a commenté cette information la nuit dernière. Un syndicat s’est bien déclaré solidaire avec la contrôleuse aérienne, mais le président de Bolivie Evo Morales a demandé une enquête « agressive » après de premiers licenciements d’officiels dont le fils de l’un des directeurs de LaMia (apparemment en charge des opérations). Le pays risque en effet des sanctions internationales.
Ce nouveau plan de vol aurait été présenté après celui qui prévoyait une escale de ravitaillement à Cobija, ville bolivienne à la frontière avec le Brésil, et aurait été imposé par l’un des propriétaires de LaMia, Miguel Quiroga, qui est mort dans l’accident. Freddy Bonilla, secrétaire général de la sécurité aérienne en Colombie, a déjà confirmé que les autorités locales avait reçu la première version (et lui avaient donné le feu vert) ; il n’a pas précisé si la deuxième version, sans escale, avait été approuvée tout en reconnaissant que l’AASANA l’avait transmise.
La théorie la plus plausible sur ce changement est que le RJ85 a pris du retard à Sao Paulo, et LaMia aurait décidé d’aller directement à Medellin car l’aéroport de Cobija n’accueille plus d’avions après 20 heures. Rappelons que le vol 2933 avait aussi été mis en attente par l’aéroport de Medellin, un appareil de la low cost VivaColombia ayant déjà demandé un atterrissage d’urgence ; les enquêteurs n’ont pas retrouvé de traces de fuel dans l’épave ou sur le lieu du crash. La possibilité d’une fuite de carburant n’est cependant pas écartée.
Les neuf membres d’équipages étaient boliviens et les 68 passagers brésiliens ; parmi les six survivants du crash se trouvent trois joueurs de l’équipe de Chapecoense, un technicien de LaMia, une hôtesse de l’air et un journaliste.
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Aurel-96 a commenté :
5 décembre 2016 - 8 h 07 min
D’autres informations confirment que le vol de LAMIA allait dépasser le rayon d’action maximum de l’avion, l’avion etait plein et surement très chargé, même si il peut y avoir une fuite de carburant même sans celle ci l’avion ne pouvait pas arriver à destination
Les conditions météorologiques portées par des vents contraires n’ont pas aidé nn plus
An a commenté :
5 décembre 2016 - 8 h 23 min
Je comprend pas que le dispatcher n est pas été stricte il est responsable du centrage plan de vol meteo il doit s imposer au pilote de dire sa passe pas l autonomie la reponse ça passe on la deja fait!!!cette reponse ne doit pas exister beaucoup d erreur se sont produite lamia ne respecte pas la reglementation et doit fermé c est impardonnable
Lido a commenté :
5 décembre 2016 - 8 h 59 min
C’est tout de même le CDB du vol qui est entièrement responsable de l’emport carburant. Le dispatcher lui donne une information exploitable et pose un plan de vol. Le contrôleur aérien n’a pas à vérifier la cohérence du plan de vol déposé avec l’autonomie de l’avion. À chaque instant du vol, CDB doit s’assurer que le carburant restant à bord lui permet de poursuivre le vol vers avec le minimum réglementaire décrit ci-dessous (hors réserve de route qui n’est utilisée que pour le calcul d’emport carburant au sol avant la mise en route des moteurs).
Voici le minimum réglementaire :
Avec terrain de dégagement = roulage + délestage vers le terrain de destination + réserve de route 5% du délestage vers le terrain de destination + délestage vers le terrain de dégagement + réserve finale de 30 minutes au dessus du terrain de dégagement
Sans terrain de dégagement = roulage + délestage vers le terrain de destination + réserve de route 5% du délestage vers le terrain de destination + réserve finale de 45 minutes au dessus du terrain de destination
Dans le cas de ce dramatique accident, je pense que la pression temporelle exercée par l’exploitation de cette journée particulière avec présence à bord d’une équipe de foot reconnue et d’un membre propriétaire de la compagnie a biaisé la vision réglementaire nécessaire à l’exécution d’un vol en toute sécurité : savoir dire “non” dans de telles conditions n’est pas forcément chose aisée.
Heureusement que chez AF, le CDB est encore maître de ses décisions et que le “non” n’est pas sanctionné…
À méditer !!!!!
A330-200 a commenté :
5 décembre 2016 - 11 h 06 min
Le CDB doit rester maitre a Bord, a la différence de personnes au sol ,ca vie est engagée en même temps que celles des Paxs ,il a donc un jugement plus raisonnable et moins soumis a la pression du chiffre.
Une info en complément de votre dernière phrase.... a commenté :
5 décembre 2016 - 13 h 59 min
Heureusement que chez AF les CDB ne sont pas ( encore ?) propriétaires de l’entreprise….
Bencello a commenté :
5 décembre 2016 - 9 h 58 min
Question de non connaisseur:
N’est-il pas possible pour le contrôleur aérien de “marquer” le vol comme “non sécurisé”? Une sorte de réserves au départ, information qui suivrait l’avion atout au long de son vol, permettant d’en informer les autres contrôleurs aériens?
Fox a commenté :
5 décembre 2016 - 11 h 41 min
A partir du moment où un avion serait marqué comme “non sécurisé” il n’aurait rien à faire en l’air. Soit on le laisse partir car il est “sécurisé” soit on ne le laisse pas partir car il existe un doute sur la sécurité du vol.
Personnellement il m’est arrivé une fois d’avoir un doute… on a fait demi-tour, on a levé le doute et on est reparti… hors de question de faire partir un avion lorsqu’il existe un doute. Malheureusement ici il existait clairement un doute aux yeux de tout le monde mais l’avion s’est retrouvé en l’air… et ce n’était pas forcément à cette contrôleuse que revenait la décision de faire partir ou non l’avion sur le plan de l’emport carburant mais bien au CDB.
Shôgun a commenté :
5 décembre 2016 - 16 h 47 min
Réponse de non-connaisseur: si un vol est identifié comme “non sécurisé”, l’avion ne doit pas être autorisé à décoller.
Lulu a commenté :
5 décembre 2016 - 11 h 43 min
Le CDB seul responsable de l’emport de fuel (et de sa gestion) !
L’ATC (contrôle aérien) n’a pas son mot à dire sauf quand le CDB affiche 7700 (code transpondeur de detresse)…
Les médias vraiment trop forts pour raconter des bobards…!
Shôgun a commenté :
5 décembre 2016 - 16 h 44 min
Je ne suis ni juriste ni spécialiste en réglementation du transport aérien, mais à quoi cela sert-il de déposer un plan de vol au contrôle aérien si celui-ci n’a pas pouvoir de s’y opposer lorsqu’il constate que la réglementation et la sécurité ne sont pas respectées ?
La responsabilité criminelle du commandant de bord (et de la compagnie dont il était copropriétaire) est ici flagrante, mais elle n’exonère nullement les autres parties prenantes qui ont permis à ce coucou de décoller au mépris des lois, de la sécurité des passagers, de l’équipage et de potentielles victimes au sol.
Justin Fair a commenté :
5 décembre 2016 - 14 h 31 min
L’AASANA, administration bolivienne aurait été mieux inspirée de vérifier les méthodes d’exploitation de la compagnie à l’issue des 4 vols effectués dans les conditions, plus que limite, similaires… ( 3 au départ de Colombie, 1 identique à celui du crash )
http://img4.hostingpics.net/pics/564375lamia.jpg
C’est facile maintenant d’incriminer la “lampiste” qui n’avait probablement pas d’autre prérogative que de signaler l’anomalie, au Dispatch de LAMIA d’abord et peut-être ensuite aux Autorités, qui n’auraient certainement pas ( pas pu?) empêché (r) le vol de partir…
Encore une gesticulation des Autorités, plus soucieuses de leur place et de leur image en raison de l’émotion compréhensible du public que de réelle sécurité aérienne … Il faut bien faire quelque chose…( Cf Ségolène Royal, avec l’approche ratée de Turkish à Nice)