La décision du groupe Air France-KLM de filialiser la maintenance a déclenché la colère des syndicats de la compagnie nationale française, qui après avoir manifesté dans les aéroports de Roissy et Orly entendent bien en faire de même lors du Comité Central d’Entreprise prévu jeudi. Lors de la présentation début novembre du nouveau plan stratégique Trust Together, le groupe franco-néerlandais avait annoncé vouloir « poursuivre ses investissements » sur un marché de la maintenance en forte croissance, afin de « renforcer sa position de numéro deux mondial et améliorer la performance de son outil » : Air France-KLM veut lancer « dans cette optique une réflexion sur le modèle industriel de cette activité, en examinant la possibilité d’une filialisation », tout en précisant qu’elle en conservera « le contrôle exclusif ». Et que l'activité se poursuivra « sans dégradation des conditions sociales et d'emploi des équipes ». Mais le mot de filialisation n’a pas plu aux syndicats, la CFE-CGC évoquant par exemple un « dépeçage (…) pour des raisons bassement financières ». L’intersyndicale formée par la CFDT, la CGT, FO, SUD-Aérien et l’UNSA a rassemblé jeudi dernier des centaines d’employés d’Air France autour et dans les aéroports de Paris-CDG et surtout d’Orly Ouest, où des tracts ont été distribués aux voyageurs. « Ce serait le début du démantèlement », redoutait dans Le Parisien Joël Le Jeannic, responsable SUD, « convaincu que le groupe n'hésitera pas à externaliser l'activité et à liquider ses salariés ». « Les gens sont très remontés », ajoutait Jérôme Beaurain de SUD-Aérien, premier syndicat dans la maintenance, annonçant une nouvelle manifestation le 15 décembre lors du CCE de la compagnie, puis le lendemain devant lors du CE de la Direction générale industrielle (DGI). Il a aussi évoqué un appel à la grève pendant ces deux jours, pour l’instant pas suivi d’effets et peu repris par les autres syndicats. Une autre manifestation a eu lieu à Toulouse, SUD-Aérien et FO dénonçant une stratégie semblable à celle de Lufthansa Technik « qui licencie pour se développer dans des pays à bas coûts ». Air France, qui a rappelé l’interdiction de manifester dans les aéroports en raison de l’état d’urgence, aurait déplacé le CCE de son siège à Roissy vers le centre de Paris, sans doute pour éviter de nouveaux incidents du type « chemises arrachées » à l’automne 2015. Les syndicats ont promis de l’y rejoindre dans une manifestation « massive ». Rappelons que le nouveau directeur général d’Air France, Franck Terner, était auparavant DG adjoint Engineering & Maintenance d’Air France-KLM ; il sera remplacé par Anne Brachet, qui conserve ses fonctions de Directrice Générale Adjointe d’Air France Industries jusqu’à son propre remplacement.