Le groupe aérien Air France-KLM a dégagé en 2016 un résultat d’exploitation de 1,049 milliard d’euros, en hausse de 269 millions, sur un chiffre d’affaires reculant de 3,3%. Pour 2017, l’incertitude est telle qu’aucune prévision n’est annoncée. Le groupe franco-néerlandais a présenté le 16 février 2017 des résultats financiers en ligne avec les objectifs, les principaux indicateurs « montrant une amélioration ». Alors qu’il a vu son trafic augmenter de 4,0% l’année dernière à 93,4 millions de passagers, son chiffre d’affaires s’est établi à 24,8 milliards d’euros, en baisse de 3,3% par rapport à 2015. Le résultat d’exploitation s’est élevé à 1049 millions d’euros, en hausse de 269 millions d’euros, et de 558 millions d’euros hors change ; Air France-KLM souligne que ce résultat a été « impacté notamment par les grèves de pilotes en juin et de personnel navigant commercial en juillet avec un effet négatif de 130 millions d’euros ». Le résultat net part du groupe est de 792 millions d’euros, en hausse de 674 millions d’euros Ajustée de la quote-part des locations opérationnelles correspondant à des frais financiers (un tiers), la marge d’exploitation s’est établie à 5,7% contre 4,4% au 31 décembre 2015. L’EBITDA s’est élevé à 2714 millions d’euros, en hausse de 327 millions d’euros. Le cash flow libre après cessions est de 693 millions d’euros, contribuant à une poursuite de la réduction de la dette nette de 652 millions d’euros ; le ratio de dette nette ajustée/EBITDAR est de 2,9x, en amélioration de 0,5 points par rapport au 31 décembre 2015. Le PDG Jean-Marc Janaillac a déclaré : « Dans un environnement contrasté, Air France-KLM réalise sur l’exercice 2016 des résultats en amélioration, reflétant les actions et les efforts des salariés ainsi que la fidélité de nos clients. Tandis que la baisse du prix du pétrole a nettement allégé les coûts du groupe, le contexte géopolitique, la concurrence et la surcapacité de l’industrie ont entraîné nos recettes à la baisse. Avec Trust Together, notre projet stratégique, nous sommes pleinement engagés pour reprendre l’offensive, renforcer notre capacité à innover et améliorer notre compétitivité. Dans un contexte économique et géopolitique qui demeure très incertain, et face à une concurrence agressive, le statu quo n’est pas une option ». Selon le communiqué du groupe de l’alliance SkyTeam, l’augmentation du résultat d’exploitation 2016 est due « principalement à l’effet favorable du carburant ainsi qu’à la bonne performance en matière de coûts », tandis que la pression sur les recettes unitaires et le change ont eu un impact négatif. Le coût unitaire par ESKO a reculé de 1,0% à change, prix du carburant et charges liées aux retraites constants, en ligne avec l’objectif, pour la capacité mesurée en ESKO en hausse de +1,0%. Ajusté pour la grève et corrigé de l’augmentation du coût de l’intéressement, le coût unitaire par ESKO a baissé de 1,7%. Le nombre moyen d’effectifs a baissé de 1850 en ETP (équivalent temps plein), dont 1400 ETP chez Air France et 450 ETP chez KLM, ce qui a permis une augmentation de la productivité mesurée en ESKO par ETP de 2,3% à Air France et de 4,2 % à KLM. Par conséquent, les frais de personnel ont reculé de 0,5% à charges liées aux retraites et intéressement constants, grâce aux efforts de restructuration menés chez Air France et KLM, en tenant compte d’une augmentation nette de l’intéressement de 77 millions d’euros. Les charges de personnel totales incluant le personnel intérimaire sont restées inchangées (en hausse de 0,1%) à 7474 millions d’euros. La facture carburant s’est établie à 4597 millions d’euros, une baisse significative de 25,7 % par rapport à 2015. Cette diminution est due à la baisse du prix du carburant qui a eu un effet positif de 927 millions d’euros et la réduction des pertes sur les couvertures carburant, en recul de 605 millions d’euros par rapport à 2015. Sur l’année 2016, les devises ont eu un impact négatif de 97 millions d’euros sur le chiffre d’affaires, principalement dû à la faiblesse de plusieurs devises et notamment le GBP (Grande Bretagne), le BRL (Brésil) et le CNY (Chine). L’effet négatif des devises sur les coûts s’est établi à 192 millions d’euros, sous l’effet du renforcement du dollar. L’impact net des changes sur le résultat d’exploitation a été donc négatif à hauteur de 289 millions d’euros. Air France-KLM souligne que toutes les activités ont contribué à l’amélioration du résultat d’exploitation. Le résultat d’exploitation de l’activité Passage réseaux s’est élevé à 1057 millions d’euros, en hausse de 215 millions d’euros et de 456 millions d’euros hors effet change négatif : pour l’année 2016, le résultat d’exploitation d’Air France s’est élevé à 372 millions d’euros, et celui de KLM Royal Dutch Airlines à 681 millions d’euros. En dépit de l’environnement opérationnel difficile, les résultats de l’activité cargo sont restés stables sur une base publiée, tandis que les activités Maintenance et Transavia ont de nouveau enregistré une amélioration de leur résultat d’exploitation.
Exercice annuel  
Résultat d’exploitation par compagnie (m€) 2016 2015* Variation
Air France 372 426 -54
Marge d’exploitation (%) 2,4% 2,6% -0,2 pt
KLM 681 384 +297
Marge d’exploitation (%) 6,9% 3,9% +3,0 pt
*Servair a été reclassifié comme une activité non poursuivie. La somme des deux compagnies n’est pas égale aux chiffres consolidés à cause des écritures intra-groupes. Une solide performance de l’activité Passage réseaux, avec des recettes unitaires relativement résistantes. La gestion stricte des capacités (siège-kilomètre offert (SKO) en hausse de 0.7%) et la gestion active de la recette ont limité la pression sur la recette unitaire, particulièrement sur le trafic haute contribution dont la recette unitaire long-courrier a reculé de 1,4%. Le chiffre d’affaires des recettes annexes (options payantes) a augmenté de 12% à 515 millions d’euros, mais le chiffre d’affaires de l’activité Passage réseaux recule de 4,4%. Sur le réseau long-courrier, la capacité mesurée en SKO a été en hausse de 0.6%, alors que la recette unitaire a baissé de 4,7%, hors impact change. Outre la faiblesse des flux vers la France résultant du terrorisme, les déséquilibres entre l’offre et la demande observés sur différentes parties du réseau ont entraîné une pression supplémentaire à la baisse des recettes unitaires. Néanmoins, le résultat d’exploitation estimé de l’activité long-courrier a progressé de 250 millions d’euros à 1320 millions d’euros. Sur l’activité moyen-courrier alimentant les hubs (Paris-CDG et Amsterdam-Schiphol), la capacité a été en hausse de 2,0%, tandis que la recette unitaire a reculé de 5,4%, hors change. Le réseau moyen-courrier a été impacté particulièrement par la faiblesse vers la France, ce qui a pesé sur le résultat d’exploitation, en recul de 60 millions d’euros. Comme prévu, les capacités point-à-point ont été réduites de 3,9% supplémentaires, permettant une amélioration de la recette unitaire de 1,0%, ce qui a contribué à une amélioration du résultat d’exploitation de l’activité point-to-point de 20 millions d’euros.
Passage réseaux 2016 2015 Variation
Passagers transportés (milliers) 80 163 79 016 +1,5%
Capacité (millions de SKO) 278 807 276 897 +0,7%
Trafic (millions de PKT) 238 183 235 715 +1,0%
Coefficient d’occupation 85,4% 85,1% +0,3 pt
Chiffre d’affaires total (m€) 19 682 20 541 -4,2%
Chiffre d’affaires passager régulier (m€) 18 849 19 707 -4,4%
Recette unitaire au SKO (cts €) 6,76 7,12 -5,0%
Recette unitaire au PKT (cts €) 7,91 8,36 -5,3%
Coût unitaire au SKO (cts €) 6,38 6,81 -6,3%
Résultat d’exploitation (m€) 1 057 842 +215
Dont long-courrier (estimé) 1 320 1 070 +250
Dont alimentation moyen-courrier des hubs (estimé) -220 -160 -60
Dont point-à-point moyen-courrier (estimé) -50 -70 +20
Air France-KLM a poursuivi la restructuration de son activité cargo, permettant son redressement progressif, afin de l’adapter à la faiblesse du commerce mondial et à la situation de surcapacité structurelle du secteur, et pour maximiser sa contribution au Groupe. Sur l’année 2016, la capacité tout-cargo a été réduite de 24% avec une réduction à six du nombre totale d’avions tout-cargo, ce qui a entraîné une diminution de la capacité totale cargo de 4,6%. Grâce aux efforts de restructuration, les coûts unitaires hors carburant ont baissé de 2,6% à données comparables, en raison principalement d’une réduction des effectifs de 6,7% sur l’année, tandis que la productivité mesurée en TKO par ETP a progressé de 2,3%. Les pertes de l’activité tout cargo ont été réduites de 14 millions d’euros supplémentaires, impliquant une perte d’exploitation de 28 millions d’euros. Dans l’année 2016, le chiffre d’affaires externe et le résultat d’exploitation de la maintenance ont de nouveau progressé, soutenant la croissance de l’activité maintenance et confirmant sa position de leader du marché mondial de la maintenance aéronautique. Le chiffre d’affaires externe s’est établi à 1834 millions d’euros, en hausse de 16% grâce aux contrats gagnés ces dernières années. Sur l’exercice, le carnet de commande a enregistré une hausse de 6,0% pour atteindre un niveau record de 8,9 milliards de dollar en fin d’année, incluant plusieurs contrats de supports équipements sur les nouveaux Airbus A350 et Boeing 787, assurant ainsi la croissance future et son ambition de création de valeur. La marge d’exploitation a progressé de 0,3 points à 5,7 % (résultat d’exploitation/chiffre d’affaires total), propulsée par la croissance des activités Moteurs et Equipements, et l’augmentation de la marge contributive de l’activité. Le développement accéléré de Transavia est en ligne avec son plan de marche, et a conduit à un résultat d’exploitation à l’équilibre pour l’année 2016, avec des vols sur plus de 100 destinations et 13,3 millions de passagers transportés. La capacité en France a progressé de 23%, tandis que la capacité aux Pays Bas a été en hausse de 11%. Désormais, Transavia est maintenant le premier opérateur low-cost aux Pays Bas et à Paris Orly, et est bien positionnée pour capter sa part de la croissance du marché loisir européen.
Transavia 2016 2015 Variation
Nombre de passagers (milliers) 13 279 10 820 +22,7%
Capacité (millions de SKO) 25 762 22 432 +14,8%
Trafic (millions de PKT) 22 983 20 169 +14,0%
Coefficient d’occupation 89,2% 89,9% -0,7 pt
Chiffre d’affaires total passage (m€) 1 218 1 099 +10,8%
Chiffre d’affaires passage régulier (m€) 1 206 1 086 +11,0%
Recette unitaire au SKO (cts d’€) 4,68 4,84 -3,3%
Recette unitaire au PKT (cts d’€) 5,24 5,38 -2,5%
Coût unitaire au SKO (cts d’€) 4,68 5,00 -6,3%
Résultat d’exploitation (m€) 0 -35 +35
Situation financière : grâce à la croissance disciplinée des investissements, le cash flow libre positif avant cessions a été positif à 347 millions d’euros. L’investissement dans la flotte a continué à améliorer sa compétitivité, avec une meilleure efficacité énergétique, de moindres coûts de maintenance et une montée en gamme sur les produits et services. La génération de cash flow libre a permis de poursuivre la réduction de la dette nette, qui s’est établie à 3655 millions d’euros au 31 décembre 2016 par rapport à 4307 millions d’euros au 31 décembre 2015, soit une réduction de 652 millions d’euros en dépit d’un effet de change négatif important de 73 millions d’euros. Air France-KLM a vendu 4,95 millions de titres Amadeus représentant 1,13% de son capital social, et a finalisé l’opération de cession à Gategroup de 49,99% du capital social de Servair et de transfert de son contrôle opérationnel. 2016 est la cinquième année consécutive de l’amélioration du ratio dette nette ajustée/EBITDAR, qui a baissé à 2,9x au 31 décembre 2016 contre 3,4x au 31 décembre 2015. Sur l’exercice, la liquidité a été à nouveau renforcée et les coûts financiers encore réduits. Le Groupe continue de bénéficier d’un bon niveau de liquidité, avec une trésorerie nette de 4,3 milliards d’euros au 30 décembre 2016, et des lignes de crédit non tirées de 1,8 milliards d’euros. En 2016, le Groupe a placé avec succès une émission obligataire à six ans d’un montant de 400 millions d’euros et 145 millions de dollars US d’obligations à 10 ans. Perspectives Le contexte mondial reste fortement incertain au regard de l’environnement géopolitique et économique dans lequel nous opérons, du prix du carburant et de la poursuite de la situation de surcapacité sur différents marchés, entraînant une pression sur les recettes unitaires. Les données de trafic de janvier et nos engagements de réservations montrent cependant un début d’année résilient. En janvier 2017, la recette unitaire de l’activité passage réseaux n’a baissé que de 0,7%, et la recette unitaire de Transavia n’a reculé que de 0,6% hors change. Air France-KLM a un objectif de croissance de toutes ses activités passage de 3,0% à 3,5%, mesurée en SKO pour 2017, afin de reprendre l’offensive sur le long-courrier et d’améliorer la performance sur le moyen-courrier. Pour renforcer sa compétitivité, le Groupe agit sur tous les leviers, en continuant et en amplifiant les initiatives déjà engagées en matière de réduction des coûts unitaires. L’objectif de réduction des coûts unitaires pour 2017 est supérieur à 1,5%, à change, carburant et charges de retraites constants. Basé sur la courbe à terme au 27 janvier 2017, la facture carburant pour l’année 2017 devrait progresser de 100 millions de dollars par rapport à 2016, pour s’établir à 4,9 milliards d’euros en 2017 (prix moyen du Brent à 56 USD le baril et du carburant à 535 USD par tonne, hypothèse d’EUR/USD à 1,07), et à 5,0 milliards d’euros en 2018. Concernant son bilan, Air France-KLM maintient une stricte discipline d’investissement, avec un objectif de cash flow libre avant cessions positif. Le plan d’investissement 2017 s’établit dans une fourchette de 1,7 milliards d’euros à 2,2 milliards d’euros. Le Groupe poursuit la réduction de son endettement net, avec un objectif de ratio dette nette ajustée / EBITDAR inférieur à 2,5 en milieu du cycle à fin 2020. Une présentation détaillée du projet Trust Together est prévue lors d’une prochaine Journée Investisseurs planifiée le 12 mai 2017. Nous détaillerons dans un article séparé les réactions ayant suivi la présentation des résultats du groupe.