Les Etats-Unis se rapprochent un peu plus d’une interdiction en cabine des appareils électroniques plus gros qu’un smartphone sur les vols directs au départ de l’Europe, comme c’est déjà le cas au départ de dix aéroports de pays majoritairement musulmans. Ce qui n’était qu’une étude il y a quinze jours est devenu beaucoup plus plausible le 11 mai 2017 : des représentants des compagnies aériennes américaines ont été reçus hier par le DHS (Département de la sécurité intérieure), afin de discuter de l’extension à des routes directes au départ d’aéroports européens l’interdiction en cabine des ordinateurs portables, liseuses et autres consoles de jeux. Le porte-parole du DHS David Lapan a expliqué que l’évaluation des « menaces actuelles » se poursuit, l’administration devant faire « des changements quand cela sera nécessaire afin d’assurer la sécurité des voyageurs » ; mais « aucune décision finale » n’a été prise. Mais pour un officiel de compagnie aérienne interrogé par le Financial Times, la conclusion de cette étude est quasiment certaine : l’interdiction de l’électronique en cabine sera bel et bien étendue aux vols transatlantiques, l’axe aérien le plus chargé au monde. La Commission européenne a envoyé à un courrier à l’administration Trump pour demander des explications et une « clarification » des mesures envisagées ; elle demande à être intégrée dans le processus de réflexion, afin de pouvoir « étudier de possibles mesures prises en commun ». Les commissaires ont assisté hier avec des représentants des Etats de l’UE à une réunion sur la sécurité aérienne, suite à laquelle ils ont annoncé leur volonté de rechercher une coopération avec les Etats-Unis, demandant des rencontres urgentes « à la fois au niveau technique et au niveau politique ». Les principales compagnies européennes concernées, Air France-KLM, British Airways et le groupe Lufthansa, auraient déjà mis en place des scénarios pour répondre instantanément à la mise en place d’une telle interdiction, qui pour la première fois affecterait aussi les passagers d’American Airlines, Delta Air Lines et United Airlines. Plusieurs compagnies aériennes ont tenté de contourner la mesure en prêtant des ordinateurs portables aux passagers de Première ou de classe Affaires, comme par exemple Qatar Airways, Turkish Airlines ou Emirates Airlines, mais cette dernière a fini par réduire la voilure en direction des Etats-Unis. La mesure confirmée le 21 mars dernier par Washington, et qui est censée durer jusqu’à octobre, concerne à ce jour neuf compagnies aériennes : Egyptair, Emirates Airlines, Etihad Airways, Kuwait Airways, Qatar Airways, Royal Air Maroc, Royal Jordanian Airlines, Saudia et Turkish Airlines, et tous les vols directs en provenance de dix aéroports : Abou Dhabi, Amman, Le Caire, Casablanca, Djeddah, Doha, Dubaï, Istanbul, le Koweït et Ryad. Le gouvernement britannique avait adopté dans la foulée une mesure similaire visant six pays (la Turquie, l’Egypte, la Jordanie et l’Arabie Saoudite comme aux USA, mais aussi la Tunisie et le Liban) et affectant les opérations de quatorze compagnies  aériennes : British Airways, easyJet, Jet2.com, Monarch Airlines, Thomas Cook Airlines, Thomson Airways et depuis l’étranger Turkish Airlines, Pegasus Airlines, AtlasGlobal Airlines, Middle East Airlines, Egyptair, Royal Jordanian Airlines, Tunisair et Saudia. Rappelons que ni les Etats-Unis ni la Grande Bretagne n’ont expliqué pourquoi le transport en soute d’appareils équipés de batterie au lithium-ion était plus sûr qu’en cabine, et l’Agence européenne de la sécurité aérienne a émis des réserves. Selon The Daily Beast qui cite un rapport interne de la FAA, au moins 33 incidents liés à des appareils électroniques transportés en cabine se sont produits en 2016 sur le seul territoire américain (dont trois dans des laptops et deux dans des tablettes), le plus grave provoquant un dégagement de fumée tel que les passagers ont ouvert les portes de secours et sont sortis sur les ailes à l’arrivée à Atlanta le 15 janvier (sur un vol Delta). Des tests menés en 2015 par la FAA avaient démontré que le système anti-incendie en soute était insuffisant pour éteindre un incendie déclenché par des batteries au lithium – d’où l’interdiction de ces appareils électronique en soute. [embed]https://www.youtube.com/watch?v=kd0EzQaEiZQ[/embed]