La compagnie low cost Ryanair a accusé Lufthansa et le gouvernement allemand de mener un complot autour de la compagnie Air Berlin, qui vient de déposer son bilan.

Suite à la fin programmée d’Air Berlin, Lufthansa négocie aujourd’hui l'achat d'avions auprès de cette consoeur, qui volent toujours grâce à un prêt-relais du gouvernement allemand de 150 millions d’euros. Ce prêt devrait être suffisant pour permettre la poursuite des activités pendant trois mois et le maintien de l’emploi, soit quelque 8600 personnes, indique le gouvernement  – et ce à un mois et demi des prochaines élections. Dans un même temps, Brigitte Zypries, ministre allemande de l’Économie, a déclaré qu'un accord par lequel Lufthansa devrait reprendre une partie de la compagnie aérienne insolvable devrait être entériné au cours des prochains mois.

Mais Ryanair compte bien ne pas se laisser faire. Elle a ainsi déclaré qu'il y avait un « conspiration évidente » entre l'Allemagne, Lufthansa et Air Berlin pour en obtenir les avoirs. Le gouvernement allemand a quant à lui rejeté l’accusation, affirmant que son soutien à Air Berlin ne violait aucunement les règles antitrust.

Pour rappel, Air Berlin explique sa décision par l’arrêt du soutien financier de l’actionnaire Etihad Airways, qui détient 29,2% de son capital depuis 2012. La deuxième compagnie allemande n’a quasiment jamais dégagé de bénéfices pendant les huit dernières années, avec une perte record de 782 millions d’euros en 2016 ; sa dette nette se monte à 1,2 milliard d’euros. Et au cours de la dernière année, le volume passagers d'Air Berlin a connu une chute vertigineuse. Le mois dernier, Air Berlin, deuxième compagnie du pays, a ainsi perdu un quart de ses clients par rapport à juillet l'année dernière.

Pour Ryanair, « cette insolvabilité inventée est clairement mise en place pour permettre à Lufthansa de prendre en charge une Air Berlin sans dette qui enfreindra toutes les règles de concurrence allemandes et européennes connues. » « Maintenant, même le gouvernement allemand soutient ce monopole mené par Lufthansa grâce aux 150 millions d'euros d'aide de l'État afin que Lufthansa puisse acquérir Air Berlin et conduire des tarifs aériens domestiques en Allemagne encore plus élevés qu'ils ne l'étaient déjà ».

Un porte-parole de l'économie allemande a répondu: « Je rejette l’accusation formulée par Ryanair selon laquelle il s'agissait d'une demande d'insolvabilité qui a été mise en scène ». La low cost irlandaise a, rappelons-le, déposé une plainte auprès du Bundeskartellamt, l'autorité de la réglementation allemande, ainsi qu’auprès de la Commission européenne. Par le passé, Ryanair a déjà vilipendé la relation entre Air Berlin et Lufthansa, cette dernière exploitant depuis décembre l'année dernière, 38 avions monocouloir  de la première, dans le cadre d'un contrat wet lease (avec équipage). Ce qui avait fait dire en janvier, au directeur général de Ryanair, Michael O'Leary, qu'il s'agissait d'une «blague».