La compagnie aérienne low cost Ryanair se dit prête à reprendre l’ensemble d’Air Berlin, tandis que sa rivale eayJet viserait surtout les créneaux de vols à Düsseldorf. Le groupe TUI nie tout intérêt, mais cherche à protéger ses 700 emplois via la location d’avions avec équipage au transporteur allemand qui déposé son bilan le 15 aout. Changement de ton pour Ryanair : alors qu’il se plaignait jusque là du « complot » entre Air Berlin, Lufthansa et le gouvernement allemand, son CEO Michael O’Leary a déclaré le 23 aout 2017 à Reuters qu’il serait « intéressé par le lancement d'une offre » sur la deuxième compagnie allemande, avec une condition : avoir accès à davantage de données relatives aux finances. « Nous serions très heureux de soumettre une offre sur la totalité d'Air Berlin, qui est essentiellement un transporteur concentré sur le court-courrier intra-européen », a-t-il déclaré lors d'un entretien téléphonique, « mais nous ne connaissons pas l'ampleur de la restructuration qu'il faudra mettre en œuvre ni combien d'argent perd la compagnie et ni non plus pourquoi elle perd autant d'argent sur un marché où nous en gagnons ». Il s’interroge également sur « ce qui restera une fois que Lufthansa aura terminé ces discussions », le transporteur national ayant démarré des négociations trois jours après le dépôt de bilan de sa rivale – avec la bénédiction du gouvernement. Michael O’Leary a dans le même temps réaffirmé sa volonté de « jouer un rôle » dans la consolidation du transport aérien européen, où Ryanair est la première compagnie en nombre de passagers transportés. Il rappelle avoir déjà racheté Buzz à KLM en 2003, et avoir lancé une offre non-contraignante sur Alitalia, elle aussi au bord de la faillite. Cette consolidation devrait selon le CEO ne laissait que quatre ou cinq acteurs majeurs sur le continent d’ici cinq ans : Ryanair bien sûr, Air France-KLM, le groupe IAG (British Airways, Iberia, Aer lingus, Vueling), le groupe Lufthansa et « vraisemblablement easyJet ». La low cost britannique justement a également des vues sur certaines des activités d’Air Berlin : selon le quotidien Rheinische Post, easyJet serait en particulier intéressée par les créneaux de vol qu’elle possède à l’aéroport de Düsseldorf. Elle reprendrait « la moitié des 70.000 créneaux annuels de décollage et d’atterrissage », y compris vers des villes comme Zurich, Berlin, Munich, Hambourg ou Copenhague. Un analyste interrogé par le quotidien rappelle que les lois anti-cartel empêcheront de toute façon de reprendre à Air Berlin des routes où elle ne serait plus en concurrence qu’avec sa propre filiale low cost, Eurowings – déjà une des principales concurrentes d’Air Berlin. L’arrivé possible d’easyJet sur le marché intérieur allemand a été salué en particulier par les organisations de consommateurs selon RP. Le groupe TUI AG, qui compte parmi ses compagnies aériennes TUIfly Deutschland, a de son côté nié tout intérêt pour une reprise de certaines activités d’Air Berlin. En revanche, il se dit déterminé à sauvegarder quelque 700 emplois, les équipages opérant aujourd’hui des avions loués à la compagnie au bord de la faillite. Le CEO Fritz Joussen explique qu’il reste « neutre » vis-à-vis des plans de Lufthansa : « nous sommes là parce qu’il y a dix ans, nous avons vendu un catalogue de routes à Air Berlin comprenant des avions et des employés », a-t-il expliqué mardi. Il voit par ailleurs un « potentiel positif » dans le « nettoyage » du marché allemand, où les surcapacités ont entrainé une baisse générale des prix. Et il cite l’exemple d’un aller simple entre Düsseldorf et Majorque proposé par Air Berlin à 10 euros, « moins que le prix du taxi pour se rendre à l’aéroport ». Rappelons que TUIfly faisait partie d’un projet de grand groupe touristique annoncé l'année dernière par l’actionnaire d’Air Berlin Etihad Airways, avec pour vocation de "contribuer aux opérations touristiques" du groupe Air Berlin et de TUIfly. Un projet aujourd'hui abandonné.