La compagnie aérienne low cost Ryanair a enregistré au premier semestre une hausse de 11% de ses bénéfices, la même que celle du trafic passager. Elle annonce une augmentation du salaire de ses pilotes les plus expérimentés, qui serait alors supérieur de 20% à celui offert par ses concurrentes à Dublin ou Londres-Stansted. La spécialiste irlandaise du vol pas cher a présenté le 31 octobre 2017 des résultats financiers semestriels en hausse, avec un chiffre d’affaires à la fin septembre de 4,425 milliards d’euros (+7%) et un bénéfice après impôts de 1,293 milliard d’euros (+11%). Sa marge nette progresse d’un point à 29%.  Ryanair souligne que dans le même temps, le trafic passager a augmenté de 11% à 72,1 millions, « grâce à une bonne performance à Pâques et une réduction de 5% du prix moyen du billet d’avion, permettant aux voyageurs d’économiser 160 millions d’euros »; le coefficient d’occupation a atteint un niveau record de 97% en haute saison. Malgré cette hausse de trafic, la facture de carburant a baissé de 3%. Le coût unitaire hors carburant a reculé de 5%, le coût unitaire incluant le carburant restant stable (mais « aurait baissé de 2% sans la circulaire EU261 » qui l’a obligée à rembourser les passagers affectés par les annulations de vols massives de l’automne). Le CEO de Ryanair Michael O’Leary a déclaré dans un communiqué : « Ces solides résultats du premier semestre renforcent la robustesse du modèle de croissance paneuropéen à bas prix de Ryanair, même au cours d'une période qui a connu un échec important au début septembre ». Il rappelle qu’au premier semestre, la low cost a ouvert trois nouvelles bases et lancé 80 nouvelles routes, et pris possession de 35 nouveaux Boeing 737-800. Les revenus accessoires ont augmenté de 14%, et les dépenses des passagers « ont augmenté de 2%, car de plus en plus de clients ont choisi des services optionnels tels que les sièges réservés, l'embarquement prioritaire et la location de voiture ». La plupart des autres postes de coûts « ont été globalement stables par passager » à l'exception du poste ‘ventes, marketing et autres’ qui a bondi de 30% en raison de la provision unique de 25 millions d'euros liée à EU261, « car nous avons rapidement répondu aux besoins des clients affectés en septembre, afin de récupérer après l’échec de notre planning pilote et éliminer tout risque d'annulation supplémentaire ». Côté voyageurs, Ryanair souligne que pendant le premier semestre de l’année financière, son site internet est devenu « le plus important au monde parmi les compagnies aérienne » (94% des clients réservent directement sur le site) ; MyRyanair a dépassé le cap des 30 millions d’usagers en septembre et devrait atteindre 40 millions en mars prochain ; plus de la moitié des clients paient pour choisir leur siège, et le tarif Plus représente désormais 7% des ventes. La low cost rappelle aussi l’ouverture de vols en correspondance dans les aéroports de Rome-Fiumicino et Milan-Bergame, et l’extension des possibilités de réservation d’hôtel à 7,5 millions de chambres dans le monde. La low cost irlandaise revient aussi sur ce qu’elle appelle la consolidation européenne : disparition de Monarch Airlines en septembre (5 millions de passagers), suivie par celle d’Air Berlin le mois dernier (29 millions de passagers) et sans oublier la banqueroute en cours d’Alitalia. « Nous pensons que d’autres vont suivre », déclare Michael O’Leary sans les citer. Ryanair va continuer à se développer en Allemagne, même si « le rachat d’Air Berlin par Lufthansa lui donne un très anticoncurrentiel 95% du marché intérieur », mais aussi au Royaume Uni et en Italie où elle « devrait être la principale bénéficiaire de l’inévitable contraction du court-courrier d’Alitalia ». Le Brexit continue de causer des soucis à Ryanair, qui appelle de nouveau à la signature d’un accord aérien entre Grande Bretagne et Union européenne d’ici septembre 2018, quand elle publiera son programme de vols pour la saison estivale 2019. Pour le deuxième semestre de l’année financière en cours, Ryanair s’attend à une croissance réduite à 4%, en particulier dû au fait que 25 avions resteront cloués au sol cet hiver. Le trafic annuel prévu recule de 131 à 129 millions de passagers, le prix moyen du billet devrait reculer de 4% à 6% (un peu moins que les 5% à 7% prévus), mais les dépenses en produits auxiliaires par client devraient augmenter de 1%. Les prévisions de bénéfice annuel après impôt restent inchangées, entre 1,40 et 1,45 milliard d’euros. Appel aux pilotes Ryanair revient aussi sur « l’échec massif » de son planning pilotes en septembre, qui avait entrainé la chute de sa ponctualité à 70% - et l’annulation de 20.000 vols d’ici la fin mars 2018 affectant 700.000 passagers. Cet échec « nous a mis au défi d'aborder la compétitivité des salaires de nos pilote, ainsi que de leurs préoccupations sur les communications, la progression de carrière et les bases ». La compagnie affirme que les salaires sont déjà « légèrement supérieurs à la concurrence sur 737 », mais admet qu’elle aurait pu « réagir plus vite au resserrement du marché pour les commandants de bord » en leur offrant des augmentations salariales, « renforçant ainsi notre processus de négociation collective ERC qui dure depuis de nombreuses années, en améliorant le choix de bases et de contrats que nous leurs proposons ». Ryanair ne va donc plus se contenter d’être « compétitive » sur les salaires, mais proposer un salaire nettement supérieur (plus de 20%) avec « de meilleures perspectives de carrière, des effectifs supérieurs et une bien meilleure sécurité d'emploi que ce que Norwegian Air Shuttle entre autres peut offrir ». Si et quand ces mesures sont acceptées par toutes nos bases pilotes, elles ajouteront environ 45 millions d'euros à nos coûts d'équipage pour l'exercice fiscal 2017 (et jusqu'à 100 millions d'euros pour une année complète) « mais ne modifieront pas significativement l'avantage substantiel des coûts unitaires par rapport à toutes nos concurrentes de l'UE ». Cette offre d’augmentation est accompagnée par une critique en règle de la « campagne de désinformation » menée par « des syndicats de pilotes de la concurrence » : Ryanair explique que les pilotes de dix bases ont déjà signé un nouvel accord de cinq ans (accord changeable uniquement par une négociation), tout en prenant acte du refus de ceux basés à Londres-Stansted dont le contrat court jusqu’en 2020. « Nous continueront à essayer de comprendre leurs réservations », précise la compagnie selon qui 30 nouveaux pilotes seront engagés à Stansted en novembre avec les nouveaux contrats.  Mais elle « ne peut pas, ne veut pas et ne sera pas forcée » à rencontrer d’autres groupes externes tels que l’EERC « qui comme REPA en 2004 et RPG en 2012 ne sont que des émanations de syndicats présents chez la concurrence (BALPA, IALPA, ECA et bizarrement des syndicats américains) ». Michael O’Leary se dit désolé pour ses employés qui doivent subir ce genre de campagne, mais ajoute que ce n’est pas nouveau : « quand ces compagnies avec syndicats font faillite comme Monarch, Air Berlin ou Alitalia, leurs pilotes viennent chez Ryanair exiger des salaires de 175.000 euros avec des congés doubles, les meilleures promotions et la meilleure sécurité d’emploi en Europe »…