Le groupe aérien Lufthansa n’a pu que constater que le développement d’un réseau long-courrier à l’aéroport de Berlin-Tegel n’est pas rentable. La capitale allemande n’accueillera donc aucune liaison intercontinentale.  

Interdite de vol vers Berlin jusqu’en 1990, la compagnie nationale allemande a essayé « à plusieurs reprises d’offrir des vols long-courriers » depuis l’aéroport Tegel, mais que cela n’est « actuellement pas rentable ». Y offrant des vols en provenance de Francfort et Munich, Lufthansa explique dans un communiqué que Berlin n’attire « pas assez de voyageurs d’affaires » ; ces passagers choisissent souvent des classes de réservation plus chères, ce qui les rend indispensables pour exploiter économiquement des vols long-courriers. Berlin n’accueille en outre aucun siège social des sociétés du Dax-30, et seulement quelques sociétés industrielles, ce qui en fait un marché du voyage d’affaires « trop petit ». Autre conclusion des études de marché de Lufthansa sur Berlin, Tegel ne peut jouer la « fonction de hub » de ses deux bases traditionnelles. Les vols long-courriers doivent être opérés à pleine capacité pour être rentables, et être alimentés par les compagnies aériennes ; un rôle rempli par Francfort et Munich, mais que ne peut atteindre pour l’instant Berlin. En partie pour des raisons historiques, souligne Lufthansa qui n’a pas été autorisé à voler vers la ville divisée avant que l’Allemagne ne soit réunie en 1990.

La rentabilité est essentielle, résume la compagnie de Star Alliance qui « n’exploite pas de lignes pour des raisons de prestige » mais « pour son personnel et ses actionnaires ». Berlin ne figure en outre pas parmi les quatre premières destinations en Allemagne pour les compagnies étrangères, comme le prouve l’absence des Emirates Airlines et Etihad Airways qui ont pourtant le droit de desservir quatre aéroports dans le pays. La capitale allemande ne dispose par ailleurs d’aucune liaison directe depuis des marchés importants tels que le Japon, l’Inde, l’Afrique du Sud ou le Brésil, rappelle Lufthansa (même si Qatar Airways est présente et si Scoot vient d’y atterrir en provenance de Singapour, rejoignant Air Canada Rouge ou Delta Air Lines entre autres).

Mais une autre raison de ce refus de lancer des lignes long-courrier à Berlin tient aussi à des raisons locales : comme les autres compagnies aériennes, Lufthansa se dit « confrontée à des goulets d’étranglement significatifs en matière de capacité à Tegel ». Pendant des années, le personnel des aéroports et des compagnies aériennes a fait « un travail extraordinaire » pour gérer la congestion aux guichets d’enregistrement, aux portes d’embarquement et aux systèmes de transport de bagages ; il est « maintenant essentiel d’effectuer rapidement les travaux de conversion approuvés et de terminer le nouvel aéroport Brandebourg d’ici à octobre 2020 » – soit avec onze ans de retard sur le calendrier initial.

CAPA rappelle que chaque jour, 60 avions des compagnies du groupe (Lufthansa mais aussi Brussels Airlines, Swiss, Austrian Airlines et la low cost Eurowings) quittent Berlin en direction de leurs hubs respectifs, offrant des correspondances vers 140 destinations de par le monde. En 2017, 240.000 passagers ont bénéficié de ces possibilités de vols long-courriers avec une escale, « plus que n’importe quelle autre compagnie hors d’Europe ».

Pas de long-courrier à Berlin pour Lufthansa 1 Air Journal