Alors qu’un règlement européen interdit la discrimination à la carte bancaire, des compagnies aériennes veulent réglementer l’usage de certaines cartes, accusent des agences de voyage.

« Celà contrevient à une réglementation européenne qui ne permet pas de discriminer selon le type de client [particulier ou agent de voyage, ndlr]. En revanche les compagnies, comme tous les commerçants peuvent accepter ou refuser telle ou telle carte. Rien ne les contraint à accepter toutes les cartes. Mais elles ne peuvent pas opérer de discrimination entre les utilisateurs pour une même carte [par exemple une Visa émise par la même banque, ndlr] »,  explique Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage (EDV, ex SNAV, le Syndicat national des agences de voyage).

Pourtant, des compagnies aériennes pratiquent une discrimination à la carte bancaire, à la fois selon l’émetteur (la banque), le type de carte et le titulaire (voyagiste ou particulier). « Pourquoi accepter une telle carte bancaire et pas une autre ? Le consommateur ne peut pas comprendre », dénonce Fabrice Dariot, patron de l’agence en ligne Bourse-des-vols.com, qui se félicite que les autorités européennes vont intervenir pour mettre fin à cette pratique. En effet, British Airways, Iberia, Lufthansa, Finnair, Thai Airways, Jet Airways, Emirates entre-autres font partie de la liste des nombreuses compagnies aériennes qui appliquent une politique de discrimination à la carte bancaire malgré le règlement européen qui l’interdit, selon l’ECTAA, l’association des voyagistes européens.

Air France refuse la vente de ses billets d’avion à des agence de voyages qui voudraient régler avec une carte bancaire (Visa, Mastercard…) dont elles sont titulaires – alors que ce règlement serait accepté si le titulaire de ladite carte était un particulier. Dans son « Code de conduite» à l’usage des voyagistes, la compagnie française rappelle qu’ «il est rappelé aux agents que, conformément à la Résolution IATA 890, il est interdit aux agents d’utiliser le Merchand of Record [MoR ou numéro d’identification du marchand pour les paiements par carte, ndlr] des transporteurs pour la commercialisation de leur offre de produits et services en ligne, sauf autorisation écrite et préalable accordée par le transporteur concerné».

« Air Europa établit la règle de politique générale de ne pas autoriser l’utilisation de cartes émises au nom d’agences ou d’un tiers agissant au nom de l’agent », indique la compagnie espagnole. Pour sa part, la compagnie américaine United Airlines exige des voyagistes d’arrêter de régler avec un type particulier de Mastercard sous peine de subir un ADM (Agency Debit Memo, une sorte d’amende) d’un montant de 3,5% de la valeur brute du billet. Par ailleurs, une agence de voyage peut demander à United Airlines l’autorisation d’utiliser une carte logée (UATP) comme moyen de paiement ; dans ce cas, « l’agence doit obtenir au préalable l’autorisation expresse de United, avant la mise en place de ce moyen de paiement ». En bref, tout n’est pas permis.

Pourquoi un tri des cartes bancaires ? « L’utilisation de telles cartes de crédit génère des coûts très élevés [commission bancaire] pour les compagnies aériennes en comparaison des cartes personnelles dont les passagers sont détenteurs », explique clairement United Airlines.