Le Comité central d’entreprise de la compagnie aérienne Air France de jeudi prochain ne semble pas devoir déboucher sur une nomination à sa tête, le futur CEO du groupe Air France-KLM Benjamin Smith poursuivant ses rencontres avec les différents acteurs.

Aucune nouvelle  rumeur sur le futur Directeur général de la compagnie nationale française ne circule, et la réunion du CCE le 30 aout 2018 ne devrait rien y changer. Le ministère des transports a bien annoncé hier qu’une rencontre avait eu lieu entre Elizabeth Borne et Ben Smith, mais selon un porte-parole « il s’agissait d’un premier tour d’horizon des sujets du groupe suite à l’annonce de sa nomination ». Si le numéro 2 d’Air Canada a été nommé la semaine dernière au poste de CEO d’Air France-KLM (il doit prendre ses fonctions officiellement d’ici la fin septembre), le reste de la gouvernance du groupe est toujours dans la balance. Pas de président non-exécutif du groupe franco-néerlandais, même si Anne-Marie Couderc – qui avait pris la tête du groupe par intérim après la démission du PDG Jean-Marc Janaillac – est une possibilité, et toujours pas de directeur général pour les deux plus grosses filiales : Air France donc, où Franck Terner serait sur le départ, et KLM Royal Dutch Airlines où l’actuel PDG Pieter Elbers devrait être reconduit, probablement avec des pouvoirs étendus dans le groupe. La low cost Transavia ne semble pas concernée par ces problèmes de gouvernance.

Côté syndicats, le caractère « légèrement » xénophobe du tract concernant Ben Smith n’a pas plu à tout le monde. Grégoire Aplincourt, président du Syndicat des pilotes d’Air France (SPAF), deuxième dans la compagnie de l’alliance SkyTeam derrière le SNPL majoritaire, a déclaré dans Challenges : « Je ne vois pas pourquoi on ne veut pas d’un PDG canadien, on ne veut pas d’un énarque. On attend de le rencontrer, je ne le connais pas ». Et l’augmentation de salaire de Ben Smith par rapport à celui de Jean-Marc Janaillac ne déclenche pas l’ire de tout le monde : « Sorti du contexte social et économique, qu’un dirigeant d’un groupe comme Air France-KLM ait un salaire comme nos principaux concurrents ne me choque pas », explique dans le même article une source dont l’organisation fait partie de l’intersyndicale.

La nomination de Ben Smith semble avoir été bien mieux accueillie chez les tour-opérateurs, dont Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du Monde : interrogé par Tour Hebdo, il explique que « ne pas être français sera un atout pour lui, il ne subira pas les mauvaises influences de l’Etat actionnaire » en matière de stratégie notamment.

Rappelons que l’intersyndicale se réunira lundi prochain pour décider de la suite à donner sur le conflit salarial chez Air France, après avoir mené quinze jours de grève au premier semestre. Faute d’interlocuteur, et malgré les menaces proférées avant même la nomination de Ben Smith, elle pourrait reporter à plus tard toute décision sur une nouvelle grève. Ou pas, vu les échéances électorales qui approchent chez ces mêmes syndicats…

Air France toujours sans tête 1 Air Journal