L’intersyndicale représentant tous les corps de métiers de la compagnie aérienne Air France a évoqué des discussions franches et directes mais « pas terminées », après sa rencontre avec le nouveau DG Benjamin Smith. Un autre ancien d’Air Canada, Oltion Carkaxhija, a été nommé DRH et conduira les négociations salariales.

Air France a officialisé le 1er octobre 2018 dans un document interne la démission prochaine du DRH Gilles Gateau, et son remplacement par l’ancien responsable de la stratégie et du réseau de la compagnie nationale canadienne ; le directeur des relations sociales Patrice Tizon deviendra directeur général adjoint-ressources humaines par intérim. Oltion Carkaxhija aura donc la responsabilité de piloter les négociations avec les syndicats qui ont rencontré le CEO par intérim hier, la courte réunion aux Invalides étant ponctuée par la lecture d’une aussi brève déclaration lue par Françoise Redolfi, représentante de l’Unsa-PNC : « l’intersyndicale lui a réaffirmé sa revendication salariale d’un rattrapage de 5,1% pour l’ensemble des salariés d’Air France, et la nécessité de solder le conflit en cours très rapidement », lors de discussions « franches et directes » mais « pas terminées ». Ben Smith avait déjà rencontré séparément le SNPL, la CFDT et la CFE-CGT, mais les salaires n’ont été évoqués directement

Les syndicats de pilotes (SNPL, Alter), d’hôtesses de l’air et stewards (SNPNC, UNSA, CFTC, SNGAF) et du personnel au sol (CGT, FO, Sud) réclament une augmentation générale des salaires de 5,1%  (plus 4,7% supplémentaires pour les pilotes), avec +3,8% au 1er avril (rattrapage d’inflation 2012-2017) et +1,3% en octobre (inflation prévisionnelle de 2018). Ces revendications auraient été abaissées durant les négociations avant le CCE du 14 juin dernier, à une hausse des grilles de salaires de 4% en 2018 et du montant du niveau de l’inflation en 2019 (hors avancement automatique), mais l’intersyndicale a choisi de débuter les nouvelles négociations.sur la base haute.

En face, la direction d’Air France avait officiellement revu à la hausse l’augmentation de 1% qui n’avait été signée que par deux syndicats (CFDT et CFE-CGT représentant 31,3% des voix du personnel) : sa proposition d’accord portait sur une augmentation générale de 2% en 2018, assortie d’un seuil minimum de 25 euros par mois, puis une autre augmentation générale de 5% pour 2019, 2020 et 2021 (1,65% par an), assortie d’un seuil minimum de 40 euros par mois. Les salaires seraient selon la direction ainsi augmentés de 12,5% en moyenne sur la période (comprenant une augmentation générale de 7% pour toutes les catégories de personnel et les augmentations individuelles/GVT) ; mais ce « pacte de croissance » prévoyait d’adapter l’augmentation dans le cas où le résultat d’exploitation d’Air France serait inférieur à 200 millions d’euros, et d’appliquer une clause de revoyure en cas d’inflation plus élevée ou de résultat négatif. Le rejet par 55% de l’ensemble du personnel de ces propositions avait entrainé en mai la démission du PDG d’Air France-KLM Jean-Marc Janaillac.

Les quinze jours de grève menés depuis le début de l’année par l’intersyndicale ont déjà coûté 335  millions d’euros à Air France. Chez la compagnie-sœur KLM Royal Dutch Airlines en revanche, la direction et cinq syndicats de personnel au sol sont arrivés la semaine dernière à un accord sur une nouvelle convention collective. Pas de détails en attendant la présentation du texte par les syndicats à leurs membres, mais l’accord inclut des hausses de salaires, une « réduction de la pression du travail », les possibilités de formation et de « développement », ainsi que des « thèmes-clés » selon le communiqué de KLM sur la « mobilité durable » et sur les plannings…

Air France : un dialogue franc et direct 1 Air Journal