Le Groupe ADP aurait choisi pour le futur Terminal 4 de l’aéroport de Paris-CDG une architecture qui ne plait pas à tout le monde. A Orly-Sud, la nouvelle fresque signée Ray Oranges est désormais terminée.

La construction du nouveau T4 de Roissy, dédié à la compagnie aérienne Air France et ses partenaires, doit débuter en juillet 2020 au nord des 2E et 2F pour une ouverture partielle en 2024, juste avant les Jeux Olympiques de Paris, quand il pourra accueillir entre 7 et 10 millions de passagers par an. Une fois terminé en 2037, il aura à peu près la taille d’Orly et portera la capacité de l’aéroport Charles de Gaulle à 120 millions de passagers par an – de quoi gérer la croissance du trafic aérien jusqu’à 2050 selon ADP. Mais l’architecture retenue, surnommée Space Invader avec deux culs-de-sacs de part et d’autre du bâtiment, est loin de faire l’unanimité malgré 18 mois de concertations et d’études. Dans un communiqué publié par Déplacements Pros, l’association BAR France (Board of Representative Airlines) qui regroupe les 70 compagnies aériennes présentes dans l’hexagone dénonce le choix d’ADP pour le nouveau T4, et exige une consultation « basée sur la transparence ».

Le BAR France dit s’interroger sur « les motifs d’une telle décision quand les éléments nécessaires à un consensus ne sont pas réunis », notamment ceux se rapportant au plan d’investissement en capital et la rentabilité du projet « permettant le meilleur rapport qualité-prix pour les utilisateurs ». Le transport aérien « est une des rares industries à financer la quasi-totalité des installations nécessaires à ses activités par les redevances aéronautiques acquittées par les compagnies et leurs passagers, ces derniers contributeurs par ailleurs des confortables profits tirés par ADP des commerces installés dans les aérogares », poursuit le BAR France. Il appelle donc le gestionnaire des aéroports parisiens à réévaluer les options possibles pour offrir à ses clients utilisateurs un projet « privilégiant l’efficacité opérationnelle et la ponctualité des vols dans un cadre financièrement acceptable pour les compagnies aériennes ». Ni ADP ni Air France n’ont officiellement réagi.

Paris Aéroport : T4 décrié à Roissy, fresque à Orly 1 Air Journal

Pas de problème de ce genre à l’aéroport de Paris-Orly, où l’intégralité des 3200 m² de la façade du Terminal Sud est recouverte d’une fresque monumentale de l’artiste italien Ray Oranges. Associée au message “Paris-Orly Change”, cette fresque de 17 mètres de haut et 202 mètres de large, soit l’équivalent de 16 terrains de tennis, recouvre 750 fenêtres et doit « mettre à l’honneur la transformation en cours de l’aéroport ». Cette œuvre d’art contemporaine présente dès aujourd’hui aux passagers et aux salariés « une vision projective et onirique » de ce futur Paris-Orly. D’ici le mois d’avril 2019, l’aéroport ouvrira un nouveau bâtiment qui reliera les deux terminaux historiques pour créer un terminal unique.

L’artiste Ray Oranges explique dans un communiqué du groupe : « Ma vision créative vient de l’endroit où j’ai grandi, la Calabre. Le paysage calabrais est comme une toile abstraite, où de vastes espaces vides sont inondés par la forte lumière du soleil, se traduisant par des ombres dramatiques – d’où mon amour pour la géométrie. Lorsque je me suis rendu compte de l’ampleur de l’œuvre sur laquelle j’allais travailler, j’ai ressenti un sentiment de vertige. Je crée mes œuvres numériquement, et travaille en général sur des toiles de format A4, mais cette fois-ci la toile a une largeur de 130 mètres. Parfois, le vertige peut vous pousser à surmonter tous les obstacles, à passer au niveau supérieur, et c’est précisément ce qui s’est passé ».

Depuis 2013, le Groupe ADP a initié un vaste plan de transformation du deuxième aéroport français à travers plusieurs grandes réalisations. « Ces travaux ont pour objectif d’augmenter les capacités d’accueil et la qualité de service de Paris-Orly mais également son accessibilité dans le cadre du Grand Paris. Cette fresque incarne ce ‘nouvel envol’ et manifeste notre volonté de toujours mieux accueillir nos passagers », souligne Régis Lacote, directeur de l’aéroport Paris-Orly. La façade du Terminal sud a depuis 2014 revêtu plusieurs habillages monumentaux. En 2016, l’opération « Welcome Stories » a permis de recueillir les témoignages, souvenirs et belles histoires des passagers, salariés et partenaires de l’aéroport ; l’artiste Jean-Charles de Castelbajac les a ensuite réinterprétés pour créer une fresque monumentale. En 2014, l’opération « I’m the guest » affichait une mosaïque de 7000 visages de passagers, salariés, partenaires et riverains de l’aéroport complétée d’un immense “Bienvenue”. Sa surface et sa visibilité depuis la N7 et la 106 venant de Paris en font un levier d’image unique et l’occasion de formaliser un geste d’accueil grand format à destination des voyageurs, conclut le groupe ADP.

Paris Aéroport : T4 décrié à Roissy, fresque à Orly 2 Air Journal

©Bruno Pellarin